Dieu est amour.
Il l'est dès avant la naissance du monde, bien avant. Mais, au-delà des mots, comment en acquérir la certitude ? En ceci : il a donné son Fils, son unique. Dieu est venu lui-même sur la terre comme un pauvre, comme un humble. Il est venu à travers le Christ, Jésus. Il s'est manifesté en plénitude dans le Christ pour dévoiler son amour et opérer le salut universel , ce qui veut dire : guérir l'humanité de la mort par la victoire du Ressuscité. Quand le Fils incarné nous a été repris, Dieu a envoyé le Saint-Esprit, le Consolateur, qui nous rappelle, inlassablement, l'amour du Père manifesté dans le Fils, et nous donne de l'accueillir dans l'émerveillement et la confiance de la foi. Le Père et le Fils viennent à nous à travers l'Esprit saint qui habite en nos coeurs.
Donc, la foi chrétienne, c'est la foi au Dieu - Trinité. Elle nous fait pénétrer dans le mystère de la vie de Dieu qui n'est pas solitude. Par l'existence des trois personnes de la Trinité, Dieu nous devient plus accessible et plus proche. Il se manifeste comme Dieu vivant dans la vie duquel nous sommes accueillis par la foi et la prière. Il se manifeste aussi comme un Dieu d'amour en qui des personnes distinctes et égales s'aiment dans la perfection de l'amour. La foi et la prière donnent aux humains, les enfants bien-aimés du Père, de participer, déjà au dialogue, à l'échange, à la vie des trois personnes divines dans l'amour et l'unité parfaites.
La Trinité, en d'autres termes la communauté divine, la Famille divine, maladroitement exprimée par des mots, a été dessinée et peinte vers 1425 par un moine de Russie, André Roublev. Je parle de l'icône de la Sainte Trinité que vous aez devant vous, en représentation, et que certains auditeurs connaissent probablement. Mieux que les mots l'image, l'icône, qui représente les trois personnes de la Trinité par les trois personnages venus jadis auprès d'Abraham et de Sara, nous fait entrer dans le Mystère de la foi. Elle nous représente la Trinité, elle nous la rend présente, dans une atmosphère de paix, d'amour, de communion à laquelle notre être profond ne peut demeurer insensible. La Famille divine réunie autour de la table, la table de l'Eucharistie, à laquelle, déjà, nous sommes conviés.
Conviés en tant qu'hôtes, mais aussi en tant que porteurs et bâtisseurs d'amour dans nos familles au sens restreint du terme et au sens universel de toute la famille humaine. Si Dieu nous a prouvé et nous donne son amour sans limites, ce n'est pas seulement pour notre joie présente et à venir, mais c'est aussi pour que nous vivions dans son amour et dans l'amour les uns des autres. Si Dieu nous accueille dans sa propre famille, la Famille divine, c'est aussi pour que nous en répercutions l'image dans nos familles humaines et dans la famille universelle. Dieu nous façonne à son image pour que l'Eglise et les chrétiens d'abord en soient le reflet.
"Voyez comme ils s'aiment". Et c'est également pour que la terre entière, au lieu d'être inégalité entre riches et pauvres, champ de bataille, terre de réfugiés et de miséreux, en devienne elle aussi, peu à peu, le reflet. Dieu nous accueille à sa table de famille pour que nous soyons poussés à nous rassembler autour de nos tables familiales, dan l'amour, la joie et la paix. Mais tout autant pour que nous soyons poussés à partager équitablement les fruits de la terre et du travail entre tous les humains; à supprimer les famines, à faire vivre à travers la terre toute la famille humaine qui s'accroit dans des proportions jamais connues.
Dieu nous façonne à son image pour faire de nous des bâtisseurs d'amour, de justice et de paix.
"A cause du Christ et de l'Evangile, qui cherchera à réduire la souffrance là où il y a la maladie, la faim, une demeure de misère ? Qui garderait les yeux fermés face à eux qui subissent l'oppression, la purification ethnique, la ségrégation sociale ou raciale, les mauvais traitements ?
Qui sera attentif à l'angoisse des innocents : enfants marqués par des brisures familiales, personnes âgées dans un insupportable isolement ? Quand les enfants voient leurs proches se heurter ou se séparer, leur coeur connaît un déchirement qui demeure toute la vie. En eux se creuse un vide qu'ils ne peuvent combler. Et c'est comme s'ils voulaient courir et encore courir pour retrouver une chance de vie, une mère, un père. Alors, qui leur rappellera que, pour Dieu, "chaque être humain est sacré, oui consacré, par l'innocence blessée de son enfance" ?
De telles solidarités humaines, pour exister et durer, ont besoin de s'alimenter à la source de la foi et de l'amour de Dieu, Père, Fiuls et Saint-Esprit.
Certes, ils sont nombreux ceux qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour être levain de confiance entre les personnes, entre les peuples.
Ils sont nombreux ceux qui par leur vie, sans même le savoir, ont rayonné l'amour du Christ.
Lesquels et combien d'entre nous iront jusqu'à un tel don de soi-même ?
Lesquels entendront la parole que Jésus, le Christ, adresse à chacun : "Toi, suis-moi !"
Amen.
