Nous allons au père

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D'abord un salut cordial à vous tous rassemblés devant moi dans cette salle; un autre salut tout aussi cordial à tous ceux qui nous écoutent aujourd'hui via la radio. L'Ascension, c'est une occasion extraordinaire; elle montre Jésus ayant achevé son ministère terrestre et s'en allant vers le Père. Cette fête c'est un des événements marquants que l'Eglise a voulu souligner dans la succession des cérémonies religieuses, mais plus encore, pour le chrétien, Jésus vivant auprès du Père: ce point culminant sur lequel sa foi est fondée.

Il y a eu la crucifixion.
Elle nous rappelle les dernières heures de Jésus avec ses disciples: le dernier repas, la prière d'agonie dans le jardin, l'arrestation, le jugement inique et la mort ignominieuse sur la croix.

Il y eut la Résurrection
On y associe la tombe vide, les apparitions aux disciples, la rencontre sur la route d'Emmaüs, Jésus confirmant son appel aux disciples, l'exhortation à Thomas.

Puis c'est l'Ascension
Jésus retourne au Père, mais pas sans avoir promis et attesté aux disciples la venue du Saint-Esprit. Ils doivent l'attendre. Ainsi seront-ils capables d'être témoins tout autour du monde.

Enfin vient la Pentecôte

Le Saint-Esprit est répandu. L'Eglise est née. Elle va vivre, elle va grandir, elle va se répandre elle aussi. Jean l'évangéliste pour sa part commence à rédiger cette suite d'évènements en disant :"quelques jours avant la Pâque, Jésus sachant que l'heure était venue pour lui de quitter ce monde pour aller auprès du Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin". Jean 13, 1.

Dans tout le ministère de Jésus, il y a comme un fil conducteur. Jésus vise un objectif, il sait quelle est sa destinée et toutes ses actions vont dans ce sens. Cela apparaît dans son enfance déjà. Dans l'épisode où ses parents le recherchent et le retrouvent dans le temple, au père et à la mère angoissés il répond : "Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? Luc 2, 49

Sans aucun doute, Jésus sait qu'il vient de son Père céleste et qu'un jour il retournera auprès de lui. A 12 ans, il est conscient d'une destinée unique: accomplir sa mission et retourner au Père. A partir d'autres évènements qui nous sont relatés dans l'Evangile nous voyons qu'il ne perd jamais de vue ce pourquoi il est venu: un but suprême, tout va dans ce sens; glorifier Celui qui l'envoie et vers qui il va retourner. Rien ne le détourne de ce chemin. Souvenez-vous des deux hommes vêtus de blanc et de ce qu'ils disent :"Ce même Jésus..." Voilà notre entretien pour ce matin. Je voudrais vous parler de "Ce même Jésus" et, par quatre exemples, dans quatre aspects, que nous regardions ensemble à sa vie.

Premièrement, Jésus, l'image parfaite de la compassion.
Jésus parcourt le chemin des hommes; nos émotions, nos souffrances, nos peurs, rien ne lui est épargné. Il est entièrement solidaire de notre condition humaine. Comme quelques-uns ici j'ai eu le privilège de visiter Israël. Tout ce que j'y ai vu m'a marqué et là où les choses ne sont plus visibles, je l'ai imaginé. La vie en Israël ? Pour beaucoup, elle est dure! J'ai compris que la vie au temps de Jésus l'était bien davantage et sans toutes les ressources modernes dont nous disposons aujourd'hui. Jésus a eu faim sur ces routes, il a connu la fatigue. Marc nous dit qu'il parcourait les champs de blé avec ses disciples affamés; ceux-ci prirent des épis de blé et en mangèrent les grains. Marc 12,1. Je n'en doute pas un instant, Jésus a connu la faim, solidaire de toute cette foule qui l'écoutait depuis trois jours au bord du lac . Matthieu 15, 32. "Ils sont là depuis trois jours et ils n'ont rien mangé entretemps", dit-il aux disciples. Jésus a connu la fatigue d'une longue marche et sous le soleil brûlant de cette région. Puiser de l'eau pour lui, nécessitait le moindre équipement, dont l'aide d'un passant bénévole qui puiserait pour lui. La bible le raconte:"Là était le puits de Jacob; Jésus, fatigué par le long déplacement, s'assit au bord du puits. C'était la sixième heure (midi). Jean 4, 6.

Nous connaissons la souffrance physique ? Jésus l'a aussi connue; les exigences de la survie, Jésus a connu cette lutte lui aussi. Mais bien au-delà de ce que nous expérimentons en guise de douleur physique, Jésus a enduré le jugement, les mauvais traitements et la croix, nous rappelle l'Ecriture. Les marques d'une souffrance humaine impossible à décrire. Sa solitude, la douleur qui déchire son corps, la barbarie de la crucifixion, tout cela décrit dans quelle mesure disproportionnée; il va connaître la souffrance humaine, et tout cela, dans un seul but: l'amour qu'il nous porte. Il refuse la tentation de se nourrir lui-même, au désert; par contre il accueillera tous les affamés qui viennent à lui. Marc nous rappelle ses paroles "j'ai compassion de cette foule". Nous le voyons de même recevoir et guérir les malades qui l'abordent lors de nombreuses occasions. Le cri des aveugles, nul ne l'entend mieux que lui; sensible à leur infirmité, il va vers eux, touche leurs yeux. Et les lépreux, les prostituées, les pécheurs, tous ces intouchables, ces exclus de la société, il leur ouvre les bras, les aime, les guérit, pardonne, restaure, exorte de changer de vie. "Ce même Jésus" qui sait si bien quelle est sa destinée: accomplir les oeuvres que le Père lui a données à faire, puis, quand tout est fini, retourner vers son Père.

Deuxièmement, Jésus, l'image parfaite de la justice.

C'est certainement une déclaration inouïe que de lire que Jésus ayant vécu ici-bas "sans péché", Il fut pourtant tenté de tous côtés. Dans ce domaine, le monde n'a pas changé; il n'est pas difficile d'imaginer quels pouvoirs hostiles l'ont entouré. L'ennemi va l'assaillir dans chaque aspect de sa nature humaine: physique, émotionnelle et psychique, tant qu'au niveau spirituel, essayant chaque fois de la faire plier devant le monde des ténèbres. Jésus n'était pas immunisé contre le mal; il n'a pas pris la fuite devant cette réalité. Ce mal l'encerclait, le pressait comme cela nous arrive à nous-mêmes. Le mal l'attaquait dans ses émotions, dans sa sensibilité.

La compagnie des pécheurs ne le gênait pas, dit l'Evangile. Les normes morales de l'époque n'étaient certainement pas beaucoup supérieures à celles de notre époque. En dépit de cela et malgré cela, sa vie n'en fut jamais infectée.

Dans les premiers versets du texte de Marc, nous lisons "qu'il fut quarante jours au désert, et tenté par Satan, Marc 1, 13 et Paul dans la lettre aux Hébreux dit de Jésus : "Lui-même a été tenté et il a souffert". Hébreux, 2, 18.

Malgré cela il vit une vie parfaite et sans péché qui le situe définitivement comme "Fils de Dieu". Il ne se soumet ni au monde, ni à la chair, ni au diable" Paul ajoute, toujours dans Hébreux qu'il a été tenté en maints domaines, tout comme nous, mais il n'a pas commis de péché (4,15).

Troisièmement, Jésus l'image parfaite du pardon

Ce Jésus sans péché connaît pourtant la puissance du mal dans la vie des humains et connaissait le plus grand besoin: être pardonné. Le pardon est l'essentiel du message de Jésus. Plus de 50 fois le mot apparaît dans les Evangiles. Sans ce mot merveilleux, l'Evangile resterait vide; on n'imagine pas un Evangile sans pardon. N'est-ce pas inévitable lorsque cette prophétie concernant Jésus annonce que : "Il fera savoir à ce peuple qu'Il le sauvera en pardonnant ses péchés". Luc 1,77.

Au paralytique, à la femme qui pleure à ses pieds, à l'aveugle, au malade, au pécheur, son message reste identique:"Tes péchés sont pardonnés".

A quoi il ajoute que le pardon accordé à l'autre est une des conditions pour être pardonné soi-même: "Ne juge pas afin que tu ne sois pas jugé, ne condamne pas et tu ne seras pas condamné. Pardonne et tu seras pardonné". Luc 6,37. Jésus va plus loin; la prière, dit-il, reste inefficace sans le pardon qu'on donne! "Quand vous êtes debout pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui afin que votre Père céleste qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos péchés. Marc 11,25. Au crucifié qui se repent et demande pardon, Jésus promet: "Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis".

Finalement, parlons de la toute-puissance de Jésus

Le doux Galiléen était rempli de puissance divine. La bible le dit qu'après avoir été au désert "Jésus vint en Galilée rempli de la puissance de l'Esprit et que la nouvelle s'en répandait dans toute la région" Luc 4,14. Cela devint évident: il n'était pas un être ordinaire; l'Esprit de Dieu était en lui. Ceux qui se pressaient contre lui étaient guéris. A leur stupéfaction, les mauvais esprits étaient chassés. Luc le rapporte ainsi :"Tous étaient étonnés et se disaient les uns aux autres: Quel est cet enseignement ? Par quelle autorité et par quelle puissance les démons lui sont-ils soumis ? Luc 4, 36. Il n'est pas surprenant que "Tous essayaient de le toucher à cause de la puissance qui émanait de lui et qui les guérissait" Luc 6, 19. Ramener à la vie la fille de Jaïrus a démontré son pouvoir sur la mort; transformer le douanier Zachée avide d'argent et avare en homme désintéressé et généreux voilà qui dénote la puissance de Jésus sur les instincts destructeurs des hommes. Mais la démonstration la plus flagrante de sa puissance, c'est dans son humilité qu'on la constate. Rappelez-vous la leçon qu'il donne aux disciples pendant le dernier souper: "Sachant qu'il était lui-même venu de Dieu et qu'il retournait à Dieu, et que Dieu avait tout mis en son pouvoir, Jésus se leva de table, prit un linge dont il s'entoura la taille, versa de l'eau dans une cuvette et se mit à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait autour de sa taille". Jean 13, 4-5.

Rien de tel que ce geste pour bien montrer que Jésus était totalement maître des événements. C'est avec ces lettres de noblesse et de perfection que Jésus retourne au Père. et nous ? Nous allons suivre et l'accompagner dans ce pèlerinage. Je le crois personnellement : aucun homme n'est plus digne qu'on Le suive; aucun autre chemin n'est plus beau que le chemin que Jésus a parcouru. En ce qui concerne notre pèlerinage, rien n'est plus nécessaire pour nous que ces mêmes caractéristiques que je viens d'énumérer concernant Jésus. Permettez-moi de les reprendre pour notre instruction :

D'abord nous devons être pleins de sa compassion

Sa préoccupation pour les pauvres, les malades, les faibles devient notre préoccupation. Nous ne vivons pas en vase clos, nous partageons leur condition. Le monde est rempli de blessés hommes et femmes qui souffrent, qui pleurent. Le danger c'est que la somme des souffrances montrées sur nos télévisions nous endort nos émotions. Si vite nous oublions la faim de nourriture et la faim de justice qui torture tant d'être humains. Le disciple de Jésus porte sa part des fardeaux des autres! Notre temps, notre argent, nos mains tendues, offrons-les et mettons notre vie au service de tous les paralysés de cette terre.

A son 80e anniversaire, William Booth, pratiquement aveugle et usé par une vie de dévouement et de compassion, appelait tous les salutistes à se consacrer aux autres. Sur l'estrade de l'Albert Hall de Londres, c'est comme s'il mettait sa vie à nouveau dans la balance quand il disait: Tant que des enfants auront faim, je me battrai! Tant qu'il y aura une pauvre fille sur le trottoir, je me battrai. Tant que des hommes iront en prison, en sortiront pour y retourner, je me battrai! Quel bonheur de voir des jeunes aujourd'hui, innombrables, qui donnent leur vie pour soulager les souffrances et rétablir la justice, Oui, il y a des champs de bataille qui nous attendent les uns et les autres.

Ensuite, comme Christ, nous devons être des hommes et des femmes remplis de sa justice

Tandis que nous aussi nous allons au père, nous ne pouvons pas échapper à l'exigence de la sainteté. Il y a en chacun le désir de vivre une vie juste, mais nous faisons face à des tentations réelles et concrètes. Nous sommes attaqués aux défauts de notre cuirasse et souvent accablés face à une force quasi irrésistible. C'est là que la vie pure et sainte de Jésus devient notre modèle et notre but.

Impossible de laisser gouverner les passions comme la jalousie, la haine, la malhonnêteté, l'orgueil et toute autre espèce de mal, impossible dis-je de laisser tout cela régner en nous. La justice et la pureté de Jésus qui éclatent dans tout le Nouveau Testament sont notre partage; cela nous est donné et ces qualités doivent se voir en nous journellement. C'est cela que Jésus nous a enseigné. En 1909, William Booth préparait un grand congrès à Londres dans une salle édifiée temporairement pour l'occasion. Il avait aussi rendez-vous à Buckingham Palace pour une audience royale. En se rendant au Palais il s'arrêta pour voir les travaux engagés pour le congrès, puis, pour poursuivre et aller rencontrer le roi, il demanda un seau avec de l'eau et un linge pour se laver les mains. Un ouvrier le lui apporta. William Booth lui dit qu'il allait voir le roi... comment, demanda l'ouvrier étonné... vous allez voir le roi ? Oui, répondit William Botth, mais ce qui est plus encore c'est que vous aussi, un jour, vous verrez le roi, le Roi des rois... et ce jour-là, vous aussi vous devrez avoir les mains propres et un coeur pur, sinon vous ne pourrez tenir en sa présence!

Des mains propres, un coeur pur, oui, ce sont les conditions pour rencontrer le Roi des rois. Nos vies doivent être transparentes, libres de toute souillure de péché et d'irrégularités. La tentation ne peut avoir de prise sur nous; nous ne permettrons jamais au monde de déteindre sur nous, de nous former dans son moule. Ressembler au Maître, nous n'y arriverons pas toujours; mais ceci reste notre objectif, notre suprême intention, notre désir intense, ce désir constant d'être comme Lui, cela nous amènera à cette vie réelle dans la victoire, victoire sur le péché qui nous enveloppe si facilement, comme dit Paul.

Troisièmement, nous devons être des hommes et des femmes de pardon

Nous qui portons le pardon de Dieu au monde, acceptons-nous ce même pardon dans notre vie ? Saisissons-nous la grâce et l'amour de Dieu qui viennent au secours de nos faiblesses ? Ce pardon sans mesure peut et doit pénétrer dans notre vie, nous devons nous les approprier. Puis il faut les communiquer au monde. Prenons garde, car souvent un coeur qui ne pardonne pas devient un mur de séparation qui éloigne ceux de notre famille et de nos amis. Ce mur s'élève si haut que plus rien ni personne ne se rencontre. Ce coeur dur et inflexible devient une prison. Notre vie devient un petit ghetto avec un horizon limité...

Personne d'entre nous n'oubliera jamais comment le mur de Berlin qui a renfermé une partie de cette ville pendant 40 ans s'est soudain écroulé. En ce moment, nous pouvons voir les communautés d'Irlande, séparées pendant 25 ans se retrouver, malgré des murs de trois mètres de haut, élevés au milieu des rues, séparant même des familles. Ces murs tombent, ces rues sont à nouveau ouvertes et quantité de chrétiens qui ont prié pendant 25 ans voient leurs prières commencer à porter des fruits.

De même, laissons ce pardon qui guérit sonder les retranchements de nos vies et provoquer les retrouvailles, réparer les relations, faire tomber les murailles... entre mari et femme, pères et enfants, frères et soeurs. Alors, l'oeuvre de Christ, pardon, guérison, rédemption transformera et enrichira nos vies, atteignant aussi les vies des autres autour de nous.

Finalement, nous devons être des hommes et des femmes de puissance

Je vous rappelle que notre vie chrétienne ne sera pas crédible si nous ne pouvons démontrer la puissance du Saint-Esprit dans notre vie personnelle. Le croyant qui n'a pas de puissance ne témoigne de rien d'autre que de l'absence de toute vie spirituelle et renie, en fait, le pouvoir de Jésus dans sa vie. Plus encore, nous devenons une occasion de chute pour d'autres; notre séparation d'avec Dieu devient visible. Les derniers mots de Jésus à ses disciples étaient plein de confiance pour l'avenir: Jésus leur annonce le baptême du Saint-Esprit:"Jean vous baptisait dans l'eau, dit Jésus, moi, c'est dans l'Esprit-Saint que je vais vous baptiser". Une promesse merveilleuse que les disciples ne pouvaient comprendre immédiatement;

Très vite pourtant, les disciples furent pleinement conscients des implications de ce baptême. Il s'agissait ni plus ni moins de la puissance qui donnerait naissance aux "Actes des Apôtres". Quelle histoire ils allaient écrire! Quelle force allait bouleverser le monde par le moyen de ces quelques hommes tout simples! D'abord dans Jérusalem; puis dans le monde entier comme les autorités de la ville de Philippe les accusaient "Ces hommes ont troublé le monde entier!" Actes 17, 6.

Vous tous dans cette salle, et vous auditeurs des ondes, NOUS ALLONS AU PERE. Inexorablement jour après jour, nous nous approchons de cette rencontre où notre vie sera pesée et jugée, où nous rendrons compte. Alors, que ce soit un compte rendu d'un service dans la joie et dans la compassion, un service vécu dans le pardon, un service rendu avec la puissance du Seigneur, un service appuyé par l'expérience personnelle du Saint-Esprit à l'oeuvre dans notre vie d'aujourd'hui.

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Détails

Avec la participation de
Major M. Schmid, prédicateur
Orgue
Musique
Fanfare du Jura
Chorale du Léman, dir. Beat Geiser

En collaboration avec