Les béatitudes et le manifeste 2000 de l'UNESCO

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Introduction : la paix du point de vue de la foi
" Bienheureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés Fils de Dieu ". Aspirons-nous encore vraiment, dans nos Eglises, à construire la paix ? Avons-nous encore véritablement de l'ambition ? Il est évident que la paix nous apparaît comme une nécessité, mais une nécessité problématique. Que ce soit sur le plan intérieur, social ou politique, les chemins de la paix sont bien souvent tortueux et semés d'embûches.

Les Béatitudes : une tension entre " l'aujourd'hui " et le " pas encore "
Dans l'Evangile selon Matthieu, les Béatitudes ouvrent le sermon sur la Montagne. Elles inaugurent le premier grand discours de Jésus. Elles donnent le cadre dans lequel le Christ - selon Matthieu - va réactualiser la Loi de Moïse pour l'Eglise. Ce cadre, quel est-il ? Les Béatitudes évoquent deux choses : le présent et la fin des temps. Il y a, d'une part, la dimension dramatique de l'existence, d'autre part, l'horizon positive de Dieu. Le présent est présenté comme difficile et contradictoire; la fin des temps est annoncée comme positive et heureuse. La pauvreté, l'humilité, les larmes, la faim et la soif - pour un monde meilleur - , la pitié, la simplicité du cœur, l'aspiration à la paix, la persécution, voilà autant d'éléments désignant la dimension dramatique de l'existence humaine. Le royaume des cieux, la terre promise, la consolation, la satisfaction, le pardon, la rencontre avec Dieu, l'adoption, voilà autant de dimensions évoquant la densité de la foi, la plénitude de l'espérance chrétienne, en bref, l'horizon du Royaume.
Voilà pour le cadre : d'un côté, il y a l'existence humaine, avec toutes ses contradictions et ses douleurs, de l'autre l'horizon positif de la fin des temps. Ce cadre, c'est celui dans lequel l'existence croyante est appelée à se déployer. Il s'agit de faire face aux difficultés de la vie avec les ressources de l'amour, de la foi et de l'espérance. Il s'agit de dire notre espérance avec notre perception de la réalité. Dans ce cadre, il y a toute la tension entre l'aujourd'hui de notre vie et le pas encore du règne de Dieu. C'est dans ce cadre général que j'aimerais situer notre réflexion sur la paix : " Bienheureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés Fils de Dieu. ". Du côté des Eglises, on assiste à un véritable travail de fourmi en faveur de la paix, tant intérieure que sociale ou politique. Que ce soit dans les paroisses comme dans les aumôneries spécialisées (écoles, hôpitaux, maison de retraite), que ce soit dans les projets de développement des œuvres missionnaires ou les centres sociaux protestants, que ce soit par la présence des Eglises à la radio et dans la presse, voilà autant de signes de paix. Les Béatitudes, par la tension qu'elles inaugurent, nous apportent une impulsion bénéfique. La tension entre " l'aujourd'hui " et le " pas encore " nous rappelle énergiquement qu'on ne peut se contenter ni du fatalisme ni de la fuite en avant. Au contraire, il convient de cultiver des formes d'engagement réalistes, résistantes au défaitisme.

Les Eglises, les centres de formation et la paix
S'il s'est passé quelque chose d'intéressant dans les Eglises dans les années 50 et 60 en matière de promotion de la paix, c'est bien la naissance des centres de rencontre et de formation. Le Centre du Louverain, inauguré en 1967, en est un témoin. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Eglises ont voulu se doter de centres de formation pour les laïques : ces centres avaient pour but de favoriser la réconciliation entre les peuples, de sensibiliser les nouvelles générations, et les jeunes en particulier, à la nécessité de construire la paix. L'éducation à la paix y jouait un rôle primordial. Il s'agissait de prévenir la guerre en stimulant la responsabilité et la conscience individuelles. Le Centre du Louverain est né dans cet élan général : offrir un point de ralliement, pour les mouvements de jeunesse du Canton de Neuchâtel, et construire une société plus juste. Dans les années 60, les responsables de l'Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel ont voulu franchement moderniser leur Eglise.
Le Louverain a été un des projets les plus mobilisateurs. Aujourd'hui, que reste-t-il de la fougue et de l'ambition de celles et ceux qui ont voulu reconstruire la paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ? Quels sont les objectifs, pertinents pour aujourd'hui, de la promotion de la paix ? Je pense qu'il faut revenir au cadre donné par les Béatitudes : " Bienheureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés Fils de Dieu. ". A la fois prendre en compte l'" aujourd'hui " et le " pas encore ". Prendre en compte les besoins d'aujourd'hui en matière de promotion de la paix (comme le dialogue interreligieux, le développement personnel, la lutte contre la pauvreté) tout en se nourrissant de l'espérance chrétienne. Les centres de formation représentent ici un levier formidable pour les Eglises, si on les utilise vraiment. Ils constituent des outils neutres pour à la fois analyser, sans complaisance, les questions de société tout en se laissant habiter par la réflexion chrétienne. Maisons de rencontre, ils permettent à des gens, de toute tendance, de se rencontrer.
Aujourd'hui, il est possible de communiquer avec quasiment la terre entière. Pour le dire crûment, avec Internet, vous pouvez dialoguer avec un Néo-Zélandais ou une Brésilienne pour savoir comment nourrir votre chat, alors que vous ne savez peut-être même pas que votre voisine lutte depuis des années contre une maladie grave! La qualité de nos rencontres a-t-elle suivi les progrès de la communication planétaire ? A mon avis, les centres de rencontres ont là un rôle pertinent à jouer. Ce n'est pas uniquement en communicant mieux qu'on peut construire la paix, mais c'est en se rencontrant véritablement. Les centres sont là pour provoquer la rencontre, provoquer le dialogue, provoquer la paix. Pour qu'il y ait rencontre, il faut sortir de ses idées reçues. Ici, il y a quelque chose qui relève de l'ordre du décentrement. Un décentrement analogue à celui auquel Jésus convie ses disciples, avides de savoir qui sera le plus grand dans le royaume des cieux. Est-ce à dire qu'il nous faut devenir comme des enfants pour construire la paix ? Souvent, on comprend cette parole de Jésus sur les enfants comme un appel à la simplicité, à l'innocence et à l'abaissement. Je crois qu'il s'agit d'aller au-delà de nos idéaux romantiques. Sentir l'appel au changement. L'accent n'est pas seulement mis sur la personne de l'enfant, mais aussi sur le devenir. Les centres de formation ont là un rôle important à jouer, non seulement comme interface entre Eglises et société, mais aussi comme interface avec nous-mêmes. Un appel au changement.

Conclusion : la parole aux enfants

Pour devenir comme des enfants, je vous propose d'écouter des enfants pour conclure notre réflexion. Ecoutons comment les enfants du culte de l'enfance de l'Ermitage - à Neuchâtel - ressentent la nécessité de la paix. Ce sera là la conclusion de cette prédication.


Mini-débat avec le groupe d'enfants du culte de l'enfance de l'Ermitage, animé par le pasteur Guy Labarraque

· Est-ce qu'il y a une personne qui pourrait me dire ce que c'est que la paix ?
Quand on ne fait pas la guerre !
· Quand on ne fait pas la guerre ? Est-ce que tout le monde est d'accord ?
Parce que c'est pas la guerre.
· Qu'est-ce qui est pas la guerre ?
Il y a des gens… il fait la guerre…
· Si je vous demande si c'est bien la guerre, vous allez tous me dire… ?
Non !
· Pourquoi est-ce que c'est pas bien la guerre ?
Parce qu'il y a des morts.
· Mais alors, pourquoi est-ce qu'on fait la guerre ?
Parce que, comme il y a des gens… il faut éviter qu'ils cassent leur maison pour les pauvres…
· Qu'est-ce que vous feriez, vous, pour que la paix elle dure toujours, toujours, toujours, toujours… ?
On se tape pas. Justement, par exemple, si on a une maison et puis que le voisin veut le prendre, plutôt que prendre les armes, vaudrait mieux discuter avec lui.
· Qu'est-ce que vous auriez comme autre idée ?
C'est que, pour si ils se battent pour la maison, bien, c'est que personne l'aie et puis on la donne à quelqu'un d'autre.
· Alors on la donnerait à qui ?
Je sais pas… aux pauvres.
· Qu'est-ce qu'il y a comme autre proposition pour maintenir la paix ?
Le partage.
· Qu'est-ce que vous pensez de cette idée-là ? Le partage…, tu sais ce que c'est le partage ?
Par exemple, quand on donne la moitié à l'autre et puis qu'on garde l'autre moitié pour nous.
· Comment est-ce qu’on pourrait encore faire ?
On sépare les personnes.
· Qui c'est qui les sépare, les personnes ?
Je sais pas…, les policiers ou bien les militaires, qui font pas la guerre.
· Est-ce qu'il a d'autres idées encore ?
Qu'on détruise les armes.
· Pourquoi est-ce qu'on détruit les armes ?
Pour pas qu'on fasse la guerre. On peut aussi se taper dessus, donc ce serait pas très bien aussi.
· On peut se taper dessus, mais peut-être qu'on a plus de chance de ne pas être tué ?
On aura moins de chance de se tuer. Mais après, il y a des personnes, ils vont commencer à reconstruire des armes ; ils vont tailler des pierres et puis ils vont prendre des bouts de bois et puis faire des lances ou bien des flèches.
· Ah, cela il a raison ! Alors donc la guerre… elle est dans l'homme ! L'homme aime faire la guerre, alors ?
Non, non !
Non, c'est pas ce que tu as dit ! L'homme n'aime pas faire la guerre, mais pourtant il la fait.
· Bon, la paix, c'est pas quelque chose qui nous est donné, c'est quelque chose qu'on doit gagner et on doit lutter contre soi-même. Et cela veut dire quoi lutter contre soi-même ?
Par exemple, il y a quelqu'un qui nous prend quelque chose, que nous on veut pas, eh bien on le laisse faire et puis au bout d'un moment il a compris qu'il faut plus faire cela et puis il arrête. Si une fois il y a quelqu'un qui nous embête, plutôt que de aussi l'embêter, vaut mieux l'ignorer, après ils arrêtent tout de suite. Moi j'ai toujours des personnes qui m'embêtent sur le long du chemin.
· Et puis, qu'est-ce que tu fais ?
Bien moi, des fois, je fais comme s'ils étaient pas là, et puis des fois, je leur dis qu'ils arrêtent ! Mais, quand il y a quelqu'un qui embête, par exemple, qui te vole un truc, bien tu le tapes pas, tu te dis il faut pas le taper, sinon cela va continuer…
(débat légèrement résumé)

Amen !

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Véronique Hammann, pianiste
Musique
Groupe musical du Val-de-Ruz et Chorale paroissiale de Cortaillod