Jésus-Christ, nom qui fait des vagues !

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Chers paroissiens,
Chers auditeurs reliés à nous par les ondes,

" Jésus Christ " est un nom qui fait des vagues. Les écrits du Nouveau Testament ont gardé le souvenir des remous que le nom de Jésus Christ a provoqués au début de sa carrière.
Et jusqu'à aujourd'hui, il déploie ses effets chaque fois que quelqu'un le prononce. Annoncé au début d'une prière, il offre l'abri d'une présence - ou il évoque un vis-à-vis - avec qui on pourra être franc. Déposé au vif d'une conversation, il fait référence à une certaine façon de vivre avec ses semblables. Figurant dans une prise de position d'Eglise, il appelle la force d'une protestation en faveur de la dignité humaine. A chaque fois, il met en lumière - et en question - qui nous sommes.
Chaque fois que vous articulez le nom de Jésus Christ, vous rendez le Christ présent à ceux qui vous écoutent. Présent dans le langage, présent dans les esprits, présent " en Esprit ". Présence espérée ou cause de contradiction, point de référence qui fait sourire ou révélateur d'une souffrance cachée, ce nom laisse rarement indifférent.
Il fait plutôt l'effet d'un caillou qui tombe dans un étang. Il rompt les évidences trop lisses et déclenche en profondeur des remous imprévisibles dont les vagues s'étendront loin. Est-ce justement ce risque d'être éclaboussé qui nous retient de prononcer ce nom en public - ou notre maladresse à le laisser tomber franchement dans la conversation ?

Mais que savons-nous de ses effets, puisqu'ils ne viennent pas de nous ? Ecoutez plutôt ce récit d'une rencontre matinale…

Une dame monte dans le train de 7h25. Elle vient s'asseoir en face d'un monsieur déjà âgé, absorbé dans ses pensées. Le wagon bourdonne d'apprentis et de gymnasiens. A côté du monsieur, un jeune homme est plongé dans la lecture d'un livre dont les pages collent les unes aux autres. Soudain, il se tourne vers son voisin et lui demande : " Jésus Christ, vous le connaissez ? Vous croyez en lui ? "
Surprise sur le visage du monsieur tiré de sa torpeur, stupéfaction dans le regard de la dame. L'interpellé improvise pourtant une réponse et la conversation s'engage avec son jeune voisin.
Une fois le jeune homme descendu, celle qui m'a raconté cette histoire s'adresse à son vis-à-vis : " Ça ne vous dérange pas qu'un inconnu vous demande ainsi si vous croyez en Jésus Christ ? "
- Laissez, Madame, lui répond le monsieur. Il doit y avoir quelqu'un là-haut qui veut me faire comprendre quelque chose. C’est la 3e fois que ça m'arrive en peu de temps…

Peut-être n'avez-vous pas la fougue de cet apprenti, ni même l'occasion de prendre le train. Et si vous commenciez comme la réceptionniste surprise devant son transistor et qui, l'autre dimanche, a répondu à une collègue : " J'écoute le culte à la radio. " Ou cette joueuse de volley-ball, habituée à refaire le monde avec ses copines après l'entraînement. Elle a enfin pu parler des " anges " qui l'accompagnent - et l'inquiètent - lorsqu'une des copines a parlé du contact qu'elle cherche avec Dieu. Et si une troisième s'était trouvée là pour dire : " Mon point de contact avec Dieu, c'est Jésus ", la conversation aurait pris un tour encore plus concret grâce à ce " quelqu'un " dont on peut raconter l'histoire, parce qu'il porte un nom.

Raconter l'histoire de Jésus dans notre vie, ça peut paraître banal et démesuré en même temps. Qui suis-je pour prétendre que Jésus me guide au travers de ce qui m'arrive ? En même temps, ce qui m'arrive est tellement commun que j'hésite à y mêler le Christ.
Pourtant, l'évangile de Jean promet que l'Esprit de Dieu rendra témoignage de Jésus. Par quelles bouches, sinon des bouches humaines comme la vôtre et la mienne ? D'ailleurs, Jésus ajoute : " Vous me rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement. " On pourrait être tenté de laisser le privilège de cette promesse aux disciples de la première heure. Dans ce cas, il n'était pas nécessaire que l'évangile de Jean la fasse connaître plus loin ! Et le nom de Jésus Christ se serait éteint avec la première génération de croyants.

Dieu merci, la vague d'enthousiasme soulevée par ce nom n'a pas pu être endiguée par les menaces. Bravant les interdictions, elle a traversé les siècles, grâce à tous ceux et celles qui ont raconté l'histoire de Jésus dans leur temps. Non pas un jour, autrefois, pour d'autres, mais dans leur vie à eux, avec ses hauts et ses bas, ses élans et ses espoirs déçus. Et vous êtes maintenant en première ligne pour mettre un nom sur l'élan qui vous fait vivre - vous - afin que d'autres l'entendent.
Je dis volontairement " raconter l'histoire ", " mettre un nom sur ce qui se passe ". Car témoigner, ce n'est pas affirmer la vérité contre l'erreur, ni démontrer la supériorité d'une croyance, ni débusquer les illusions religieuses des autres. Témoigner, c'est s'exposer. C'est raconter " ce que je vis et à qui je dois de le vivre ainsi. " A mes parents, à mes amis, à mes frères et soeurs dans la foi - à Jésus Christ.
Les effets, nous ne les connaissons pas, à peine pouvons-nous les imaginer. Ils viendront " par après ", ils viendront de l'Esprit.

Mais notre parole, qui sait, donnera peut-être à quelqu'un la chance :
· - d'être porté
· - d'être aimé
· - d'être mis à l'abri
· - de retrouver le goût de vivre.

A l'image de cette fable de Bruno Ferrero, intitulée "Comme un rond dans l'eau" :

Le petit étang sommeillait, dans une parfaite immobilité, sous la chaleur estivale.
Paresseusement assise sur une feuille de nénuphar, une grenouille surveillait de près un insecte aux longues pattes qui patinait sur l'eau avec une imprudente insouciance.
Un peu plus loin, Monsieur dytique, un autre petit insecte aquatique, regardait tout ému Mademoiselle dytique, gracieuse et avenante.
Il n'avait pas le courage de lui déclarer son amour. Il se contentait donc de la contempler de loin.
Sur la rive, tout près de l'eau, une fleur à peine visible se mourait de soif. Ses petites radicelles s'étaient épuisées à force de se tendre vers l'eau si proche et pourtant inaccessible !
Non loin de là, un pauvre moucheron était en train de se noyer. Il était tombé dans l'eau par inadvertance. Ses petites ailes mouillées n'arrivaient plus à se déployer et à le soulever. L'eau était sur le point de l'engloutir.
Une ronce sauvage allongeait ses ramifications loin au-dessus de l'étang. La branche la plus longue en surplombait quasiment le centre. A son extrémité, une baie noire et ridée se détacha et tomba dans le lac.
On entendit un faible "plouf!" - vite étouffé par le bourdonnement des insectes.
Et voilà qu'à partir du point de chute de cette baie, un premier rond s'élargit à la surface de l'eau, majestueux et solennel.
Un deuxième rond le suivit, puis un troisième, un quatrième…
L'imprudent insecte aux longues pattes fut alors déplacé par l'onde et mis hors de portée de la langue vorace de la grenouille.
Monsieur dytique fut projeté dans les bras de Mademoiselle dytique. Il bredouilla des excuses et ils s'aimèrent.
Le premier rond vint mourir sur la rive et son clapotis atteignit la petite fleur qui se redressa et reprit vie.
Le deuxième rond souleva le moucheron et le déposa sur un brin d'herbe. Là, il peut enfin sécher ses ailes fragiles et reprendre son vol.
Oui, que de vies changées par quelques banals ronds dans l'eau !


[tiré de : Bruno Ferrero, Comme des ronds dans l'eau, Ed. du Signe]

Détails

Avec la participation de
Orgue
Carine Du Pasquier
Musique
L'Echo des Meilles, choeur mixte de Longirod-St-Georges,
dir. Mme Brigitte Alpiez