Qu'avons-nous à espérer pour nous-même?

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Ce dimanche 25 novembre est le dernier dimanche de l'année ecclésiastique. C'est le dimanche où nos regards se portent vers le Christ élevé dans la gloire, où l'espérance de son retour nous remplit d'une impatience créatrice, où la joie nous étreint d'être rassemblés un jour auprès de lui avec les humains de toutes les nations.
En même temps, nous sommes encore en chemin, les uns et les autres. Et nous allons rappeler, au fil de ce culte, les gestes qui ont manifesté la fidélité de Dieu à des familles de la paroisse - le baptême, la bénédiction des catéchumènes, la bénédiction des époux - et les cultes où nous avons remis à Dieu un paroissien décédé.
Sur vous tous rayonne une promesse, qui est source d'espérance : "Le Dieu qui a commencé en vous l'œuvre excellente de votre salut en poursuivra l'achèvement au jour de Jésus Christ."

MÉMOIRE DES DÉFUNTS

Le souvenir, la mémoire, joue un rôle immense dans notre vie. Les événements et les situations que nous avons traversés, les personnes que nous avons côtoyées, sont autant de réalités qui, comme les pièces d'un puzzle, nous ont façonnés, ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
Vous êtes nombreux à avoir vécu un deuil durant cette année, que ce soit ici dans la paroisse de Gimel-Longirod ou ailleurs. Et c'est d'abord à vous, dans ce culte du souvenir, que nous voulons penser et à ceux qui vous ont quittés. Commencer par parler de la mort peut paraître un choix discutable, ça n'est pas chronologique. Et pourtant, la réalité de la mort est peut-être la première dont nous prenons conscience, comme tout petit enfant déjà, notre existence est limitée. Elle s'arrête un jour et c'est un fait devant lequel nous sommes radicalement impuissants. Nous n'avons "qu'un temps" à passer sur cette terre, pas "tout le temps". C'est inéluctable ! A un moment donné, tranquillement ou brutalement, notre vie s'interrompt. Et j'aimerais ce matin, en pensant à ceux qui nous ont déjà quittés et à nous-mêmes, que le même destin attend, j'aimerais réentendre avec vous ce qui est au cœur de notre credo : l'espérance de la résurrection.
Nous lisons les paroles de l'apôtre Paul dans la 2e épître aux Corinthiens : 4, 16, 18 et 5, 1.

Il est courant de comparer la mort à un départ, d'appeler les défunts "ceux qui sont partis". Et il y a quelque chose d'une vérité fondamentale dans cette expression. L'apôtre Paul compare notre corps à une tente, qui est notre demeure sur la terre. Une tente, c'est par définition une habitation de nomade, qui n'est pas faite pour durer. Nous devons en partir.
Pourtant, l'Évangile introduit au sein de cette réalité bien concrète qui pourrait nous conduire au seul désespoir, une formidable espérance : c'est que ce départ est le commencement d'un autre voyage. Si nous quittons cette tente, dit l'apôtre Paul "Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n'est pas l'œuvre des hommes." Cela signifie que notre vie a une destination par delà la mort, un axe, un point d'arrivée, même s'il est aujourd'hui encore invisible. Habiter dans une tente, être mortel, corruptible, ne fait pas de nous des vagabonds et des errants pour autant, mais des pèlerins en marche vers un terme. Quand nous quittons cette existence, ce n'est pas pour verser dans un néant, mais pour entrer dans un lieu où nous sommes attendus : une autre patrie, un autre foyer, que Dieu lui-même a préparé pour nous.
"Ceux qui sont partis", nous ne les avons pas "perdus", comme on l'exprime souvent, mais ils ont été accueillis dans une plénitude de vie par Dieu. Et c'est cette espérance qui est source de consolation dans les larmes du deuil.

Maintenant pour nous qui restons, est-ce que cette espérance change quelque chose ? Oui, car je pense qu'on ne vit pas de la même manière si l'on a une géographie de la vie qui fint dans le trou ou une géographie qui voit la mort comme une porte ouverte, une rencontre avec Celui en qui nous avons cru. Oui, l'avenir ouvert et attesté par Dieu dans la résurrection du Christ nous concerne directement, aujourd'hui 25 novembre 2001 ! Parce qu'il s'agit de notre devenir ultime, de ce que nous sommes appelés à être ! Et ce devenir précisément, cette destinée, nous dit quelque chose de fondamental sur nous-mêmes : elle nous parle de notre valeur.
Prenons un simple exemple de la vie quotidienne : chez vous, qu'est-ce que vous mettez en évidence sur le bord de la cheminée ou dans un cadre ou dans une vitrine. Ce à quoi vous tenez le plus, bien sûr ! Par contre, ce qui finira à la poubelle peut traîner ici ou là, c'est sans importance ! Alors de la même manière, la résurrection en nous révélant à quoi nous sommes destinés, nous révèle qui nous sommes au cœur de Dieu, combien il nous chérit et combien nous sommes précieux pour lui. Et je crois que semblable amour ne peut pas nous laisser indifférents. Cette démonstration d'amour nous donne notre valeur et notre dignité et à notre existence son poids et son importance.
Voilà pourquoi la chronologie de la foi établit la Résurrection au commencement de tout. A cause de l'amour de Dieu qu'elle révèle, amour donné aujourd'hui dont nous pouvons vivre, amour qui nous conduit, nous inspire et nous maintient debout. Alleluia !

Dieu notre Père, nous te bénissons pour le don de ton Fils et pour l'avenir que tu as ouvert pour chacun d'entre nous, en Lui. Nous te prions pour tous ceux qui sont dans la douleur du deuil, afin que tu renouvelles leur espérance et que tu leur donnes Ta paix. Nous pensons aux proches et aux familles des personnes décédées dans les 7 villages de la paroisse au cours de 2001 (suivent leurs noms). Comme nous pensons à tous ceux qui se joignent à notre prière en ce moment. Que ton Esprit de consolation les accompagne, au nom de Jésus Christ. Amen.

MÉMOIRE DES BAPTÊMES

Destination, point d'arrivée de notre vie, vient de dire Martine Rochat, destination tout éclairée par la résurrection de Jésus Christ. Cette géographie de la porte ouverte nous renvoie aussi au commencement de notre vie avec Dieu.
Nous nous rappelons ce matin de ceux qui ont été baptisés au cours de cette année. Dans notre paroisse, dix enfants ont reçu ce signe que Dieu les appelle à vivre dans la confiance en lui. Mais comment ne pas nous souvenir de notre propre baptême - ce commencement absolu, cette porte ouverte sur l'horizon de l'amour divin, qui nous a mis en route pour faire de nous des pèlerins.
Pour rappeler ce commencement, je vous propose de penser à la destinée d'Abraham, le père des croyants. Sa vie a véritablement démarré au moment où il a suivi l'appel de Dieu, en s'appuyant sur sa promesse.

C'est ce que rappelle la lettre de l'apôtre Paul aux Romains, au chapitre 4, les v. 17 - 21. "Abraham a cru et espéré, alors que tout espoir semblait vain…" - comment mieux décrire la géographie de l'espérance ? Espérer, c'est forcément contredire les faits, se hausser sur la pointe des pieds pour voir plus loin que les évidences. Pour Abraham, l'obstacle, c'était qu'à cent ans ou presque, on ne fait plus d'enfant. Pour certains de vous, c'est peut-être l'évidence qu'à cinquante ans, on ne trouve plus de place de travail. Qu'à vingt-cinq ans, on ne change plus ses habitudes de consommation d'alcool. Qu'à douze ans, une fois orienté en "voie secondaire à options", on fera au mieux un apprentissage...
Et l'espérance, c'est quand quelqu'un relève la tête en disant: "Qui sait ?" Abraham n'a pas eu le temps de dire "Qui sait ?" Dieu l'avait déjà précédé par sa promesse : "Je ferai de toi…le père d'une foule de nations."
"Je ferai de toi…quelqu'un" : c'est la promesse qui va avec chaque baptême, celui de votre enfant et filleul que nous rappelons aujourd'hui, celui de vos petits-enfants, neveux ou voisins. "Je ferai de toi … quelqu'un": cette parole a aussi été prononcée lors de votre baptême - peut-être avec les mots du prophète Esaïe : "Je t'ai appelé par ton nom, tu es pour moi." Elle a en elle la force de vous ébranler pour vous mettre en chemin. L'a-t-elle fait ?
Oui, alors vous êtes de la lignée d'Abraham, des hommes et des femmes, des enfants "qui voient plus loin que l'horizon : l'avenir et votre royaume." Non, votre baptême est resté sans lendemain ? Et si c'était la façon dont Dieu, discrètement, creuse en vous une soif de lui.

Notre Dieu, Toi qui appelles à être ce qui n'existe pas encore, nous nous réjouissons de ces recommencements que tu rends possibles dans notre vie en nous appelant par notre nom. Notre baptême marque une porte ouverte sur toi et sur nos semblables. Nous espérons qu'ils la franchissent avec confiance, ceux dont nous te disons les prénoms - et tous les autres que ces prénoms évoquent pour les auditeurs [suivent les prénoms des enfants baptisés au cours de l'année 2001]. Que leurs yeux s'ouvrent sur les possibilités insoupçonnées que tu tiens en réserve pour eux. Amen !

MÉMOIRE DES BÉNÉDICTIONS

Sur le chemin où Dieu nous a mis en route en nous appelant, il nous arrive de faire halte pour nous rafraîchir et reprendre notre souffle. Le culte du dimanche est une de ces haltes bienfaisantes. Il se termine sur une parole de bénédiction.
Au cours de cette année, des couples aussi ont demandé à Dieu de les bénir au moment de leur mariage. Des catéchumènes ont reçu la bénédiction de Dieu à la fin de leur parcours catéchisme. A chaque fois, ce fut une invitation à découvrir la riche palette des dons que Dieu fait.
Pour évoquer cette richesse, voici une parole de bénédiction donnée par l'apôtre Paul : dans la lettre aux Éphésiens, au chapitre 1, les versets 17 à 20]
Aussi abondante que l'eau d'une oasis, telle est la bénédiction de Dieu. C'est elle qui vous permet de repartir, toujours à nouveau pour un nouveau jour ou une nouvelle étape de votre vie.
Il y a des bénédictions solennelles et d'autres plus discrètes. Je garde un souvenir vivant de la bénédiction reçue de mes collègues à la fin d'une session de formation. Chaque fois, la bénédiction marque un nouveau départ après un coup d'arrêt, un tournant, un approfondissement. Et les mots jaillissent et coulent comme une eau vive sur celui, celle, ceux qui vont repartir. Bénir est une manière de se quitter en restant unis, unis dans la confiance que Dieu guidera vos pas, dans l'espérance d'arriver à bon port. Dans ces mots prononcés qui ressemblent à des vœux, la bienveillance indéfectible de Dieu se fraye un chemin jusqu'au cœur de notre personne.
"Que le Seigneur te bénisse et te garde." C'est par de tels mots que nous accompagnons ceux qui prennent en main les rênes de leur vie. Afin que, franchissant la porte ouverte, ils n'oublient pas de lever les yeux pour attendre du Dieu vivant tout ce qu'il est prêt à leur donner.
Qu'avons-nous à espérer pour nous-mêmes ? Que notre vie, même déchirée, s'accomplisse dans quelques-unes des relations qui la portent. Que la bénédiction reçue de Dieu nous rende capables d'aimer, de recommencer sans cesse à aimer, capables de donner au monde le meilleur de ce qui éclôt entre nos mains.
C'est dans ce sens que nous prions pour tous ceux qui ont reçu une bénédiction particulière au cours de l'année 2001. A nouveau, leurs prénoms évoqueront pour les auditeurs d'autres visages dans la mosaïque de ceux que vous côtoyez, ici et au loin.

Ô Dieu, nous sommes la flûte, tu es le musicien. Que ta joie chante à travers les catéchumènes que tu as bénis (suivent les prénoms des catéchumènes bénis le jour des Rameaux), que ton amour rayonne à travers les époux qui se sont unis par les liens du mariage (avec leurs prénoms) dans le rayonnement de ta présence lumineuse.

Amen !

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