Lorsque je prépare une méditation comme celle d'aujourd'hui, il y a presque toujours quelque chose qui m'échappe dans le texte biblique et aujourd'hui, je n’ai pas échappé à cela. J'étais sûr que je n'avais rien oublié et en relisant le texte, alors que j'avais presque fini la prédication, j'ai remarqué que Luc dit que Jésus était dans « un certain lieu en prière » une autre version biblique dit : « quelque part ». « Quelque part » c'est important car ces mots soulignent dans le texte l’importance de la place de la prière que Luc a voulue. « Quelque part », ce n'est pas « nulle part » mais cela peut être « partout ».
Prier où cela est possible, c'est-à-dire partout. Partout où est le Père, un Père tendre, soucieux de notre condition terrestre, ce Père qui vise le bonheur de chacun. Un père qui nous veut en relation. Et c'est ce que nous voyons et nous vivons dans toute la Bible c’est que nous avons un Dieu de relations et de dialogue. Avec Abraham Dieu est là et il y a dialogue. Et Abraham dit : «Voici que j'ai osé parler au Seigneur ! Moi, qui ne suit que poussière et cendre». « Poussières et cendres » c'est ce qu'il restera de Sodome et Gomorrhe après leur destruction, Abraham en disant cela, il s'identifiait déjà aux pécheurs de ces villes. Et pourtant Dieu lui répond, il y a dialogue et même plus, il y a marchandage, et Dieu entre dans ce marchandage, il ira jusqu'au moment où Dieu lui dira «Non là, ce n'est plus possible !». Et pourtant il négociera jusqu'au bout, 50 puis 40 puis 30 puis et 10 justes. La persévérance – pour ne pas dire l'entêtement – d'Abraham est remarquable. Face à cet entêtement, Dieu donne à Abraham une réponse de père.
Et c'est bien là le problème de tous les parents. Nous avons nous aussi à répondre à nos enfants parfois «Non, là ce n'est pas possible !». Cela n'enlève pas l'amour que nous portons à nos gosses. Car nous savons que l'enfant à qui nous disons toujours «Oui !», ou l'enfant qui se résigne trop vite à notre désir sans rechigner, marchander: le désir, et les forces de vivre seront étouffés dans l'œuf et ces enfants auront de la peine à prendre leurs responsabilités plus tard à l'âge adulte.
Et c'est cette responsabilité que Dieu attend de nous, et là on le voit dès les premiers versets bibliques, depuis la création du monde. Quand Adam dit : «Je me cachais parce que j’étais nu.» ce n'est qu'un prétexte qu'il prend, la vérité c'est qu'il ne veut pas être responsable de son acte et pourtant Dieu le cherche, il le veut face à face en relation, tel qu’il est. Ce n'est pas de sa nudité dont il a honte, mais de son acte. C'est bien là tout l’enjeu de la prière exclusivement faite de demandes. Comme Abraham, il faut oser, oser la demande, demander avec audace comme le fait Abraham quand il dit : «Je vais me décider à parler à Mon Seigneur.» parce que pour s'adresser à Dieu comme à un Père il faut de l'audace.
Encore faut-il que nous acceptions Dieu comme un être vivant, que nous l'acceptions comme quelqu'un qui nous veut en relation non pas celui qui interdit et qui punit. Jésus nous le dit avec des choses toutes simples, des choses de notre vie pour bien nous faire comprendre que Dieu est un père aimant. Par exemple lorsqu'il nous dit : «Quel père parmi vous, si son fils lui demande de un poisson lui donnera un serpent au lieu d'un poisson ?» Jésus nous apprend aussi, «Demande on te donnera », « Frappe et on t’ouvrira ». Ne jamais renoncer à demander, ne jamais cesser d'espérer, c'est le moteur de la vie, sois sans honte et demande non seulement ce que tu as besoin, mais aussi ce dont tu as envie. Moi je pense que le courage de la vie est suspendu à l'audace de la prière et que de demande en demande, ce qui n'était pas important tombera de lui-même. Mais c'est par des demandes vraies, authentiques, que la paix qui anime le désir le plus profond de la vie apparaîtra peu à peu.
Pour revenir à Adam, j’ai envie de lui dire – parce je lui ressemble beaucoup, mais cela peut aussi être valable pour nous tous – : sois sans honte, Adam, sors de l'arbre où tu t'es caché. Tu t'es saisi des fruits de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, ta précipitation et ta maladresse ont failli tout gâcher. Tu voulais être un dieu et tu te caches parce que tu ne te sens même plus digne d'être un homme. Alors Adam présente toi devant ton créateur, tel que tu es, prends sur toi la responsabilité de ton acte. Dans ta prière, ose demander à Dieu qu'il te fasse passer outre ta faute. Alors peut-être cesseras-tu de te haïr toi-même et de reporter cette haine sur ton prochain et lui faire porter les torts ? À l'audace de tes demandes, Adam, répondront la patience et la miséricorde du Père qui n'attend que cela pour se faire reconnaître comme ton Dieu.
C'est vrai dans notre vie de tous les jours en face de cette société toujours plus galopante la prière n'y est pas assez présente, elle n'a pas la place qui lui faudrait. Même dans notre travail, nos ministères on ne prend pas toujours le temps qu'il faudrait pour prier, on met souvent la prière en dernier et c’est dommage, on peut certes prier en marchant ou en conduisant ou en faisant plusieurs activités, mais il faut aussi savoir s'arrêter devant Dieu, lui parler, lui parler de notre vie, partager avec lui ce que nous avons de plus profond, lui montrer ce que nous avons dans et au fond du cœur. Car Dieu engage toujours la conversation avec les êtres humains. Ce que nous disons à Dieu dans la louange ou dans nos intercessions, Dieu les reçoit et nous le renvoie sous forme d'une force vive.
Dieu se manifeste pas toujours dans des grandes choses, mais surtout dans des petits événements qui apportent lumière et soulagement dans notre quotidien : le sourire d'un enfant comme celui que j'ai vu en rentrant dans le temple ce matin, la personne que l’on rencontre par hasard, juste au moment où on en a besoin c'est cela souvent les réponses que Dieu nous fait. Cette force que nous recevons par la prière nous pouvons l’apporter aux autres en priant pour eux. En priant pour ceux qui n'ont plus la force de prier parce que pour eux tout est noir. Si nous prions pour ceux qui sont dans le doute, le désespoir, nous pouvons les aider. On dit souvent nous portons dans la prière, car la prière est porteuse ça j'y crois. Si je parle de ma propre expérience, je sais que tous les jours des amis, des proches, prient pour moi et cela me porte cela m'encourage à poursuivre ma tâche.
Oui prions, prions pour nous-mêmes, pour les autres, pour le monde, car là où le Père nous a placés, nous devons vivre, prier et lutter pour que son règne de justice et d'amour se réalise. La prière ce n'est pas une démarche facultative, mais c'est l'essence même de notre vie de croyants.
Être là, en silence, simplement. Sans rien attendre.
Ou plutôt si : tout attendre de Celui qui se donne dans la prière.
Perdre son temps pour gagner Sa confiance, s’oublier pour se retrouver.
Ne rien faire mais se laisser faire, se taire pour Le laisser parler.
Attendre pour comprendre, comprendre pour connaître,
Connaître pour aimer, aimer et attendre. Attendre quoi ? Attendre qui ?
Si ce n’est Celui qui se donne dans ma prière.
Les mots me manquent mais Lui me comble.
J’ai soif de Toi et Tu me rassasies.
Les mains ouvertes pour mieux accueillir comme Celui qui,
sur la Croix, ne les refermera plus jamais.
Humblement, en silence, je m’approche de Toi. Non pour Te saisir
- Tu es l’Insaisissable – mais pour Te sourire.
Toi qui as pardonné à tes bourreaux,
transforme mon écran d’égoïsme en écrin d’amour
pour donner aux autres, pour donner à l’autre.
Oui, te sourire, simplement.
Ouvre mes lèvres, Seigneur, et ma bouche sourira ta louange.
Sourire pour mieux accueillir, accueillir pour se donner,
donner pour mieux aimer, aimer et puis sourire.
Seigneur, inonde mon âme de Ton Esprit.
Aide-moi à être toujours plus celui qui attend, celui qui sourit, celui qui aime.
Que mon cœur soit amour comme Tu es Amour.
Que je sois ainsi digne de mieux servir mes frères, de mieux Te servir.
En silence prier, et être là, simplement.
Amen !
La prière, essence de la vie du croyant
Aucun résultat.