Culte transmis de l'église évangélique réformée de Baden (AG)

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Luc 15, 25-32

« Je dois ou je ne dois pas?! » Vous savez ce que c’est, chers amis, de ne pas vraiment oser s’impliquer, de rester indécis et de juste se mettre de côté pour regarder ce qui se passe.

C’est sûr, certaines choses doivent être bien évaluées et réfléchies. Il arrive tellement souvent que j’agisse sans raison et sans cœur. Mais pour d’autres choses, je réfléchis trop longtemps et j’hésite : Cet après-midi, est-ce que je vais au défilé de carnaval, ou finalement, plutôt pas ? Ou peut-être quand même ! « On va voir » - jusqu’à ce que soit passé le défilé, et qu’il n’y a plus rien à voir, si ce n’est les confettis sur les routes.

Comme moi, est-ce que vous aussi, vous êtes juste debout au bord de la route en train de regarder le défilé, vous venez juste assister à la soirée derrière la Guggenmusik, les tambours et les flûtistes ?

Pour le carnaval, on a aussi besoin de nous comme spectateurs, et faisant partie de ceux qui suivent. Que serait un défilé si les rues étaient vides, la musique, s’il n’y avait pas d’oreille pour l’écouter, son rythme, sans un pied qui le battait, des vers, sans que quelqu’un ne les lise, des ritournelles, qui ne seraient entendues !

Que serait le carnaval sans intrigues, sans narguer avec jeux de mots et d’esprit des personnes connues et inconnues dans le public, tout ce qui donne envie et prétexte à discours et contre-discours.

Que serait le carnaval sans enfants dont les yeux brillent, sans femmes tenant des fleurs rouges et jaunes dans leurs mains.

Que serait-il sans sujets, sans qu’il puisse – sous son déguisement de fou – se présenter à nous autres spectateurs comme miroir à la société ;

Faites-vous partie du carnaval ?

Pourquoi ne le suis-je pas, ou juste en spectateur, sur le côté ? et ce toujours à nouveau, avec plaisir. Peut-être parce que la question était : « Toi aussi, tu fais le carnaval ? » et que d’être interpellé par « tu » m’embarrasse, parce que, comme Blasius, au début, j’ai parfois un blocage. Ou alors je ne supporte pas la grande foule et son caractère oppressant ? Même si en tant que spectateur, je pourrais - à tout moment – reculer un peu ou partir.

Ce qui sonnait aux oreilles de ce frère aîné lui semblait peut-être similaire à un carnaval. Il rentre à la maison à midi ou bien le soir, peu importe. Il est un peu fatigué, il a un peu faim et se réjouit de voir la table dressée.
Pourquoi hésite-t-il ? Pourquoi ne se laisse-t-il pas emporter par sa curiosité pour débarquer dans la pièce et découvrir ce qu’on est en train de fêter, qui joue de la musique, qui est là en visite… et – puisque visiblement il s’agit d’une visite réjouissante - aller embrasser le visiteur ! Est-il à ce point vexé, parce que la fête a déjà commencé sans lui !

Mais quelle fête attend de démarrer avant que le dernier n’arrive ? Peut-être qu’une fête démarre spontanément, comme dans la parabole, parce qu’on est soulagé et que la joie est grande. Ou alors elle est longuement préparée, réfléchie, planifiée et on envoie des invitations. Quand est-ce que ça commence ? Eh bien, par le fait de commencer. Pas seulement très tôt le jeudi « sale », ou bien à cinq heures avec la Chesslete à Soleure, le Tagwach à Lucerne ; à six heures avec le Agugge à St-Gall ; le soir, quand ici à Baden on condamne le « Füdlibürger » ; ni 10 jours après, tôt à 4 heures le lundi matin, avec le « Morgestraich » bâlois.

Pour celui qui se tient en dehors, toutes les fêtes sont inappropriées et sont de l’ordre de la folie : On tue tout de suite le veau gras !? Dans la Bible, ça arrive assez souvent que là où une présence divine remplit tout, plus rien n’est normal. Dans ces situations, on n’arrive souvent pas à parler ou à agir autrement que très bruyamment ou très silencieusement et, dans tous les cas, vu de l’extérieur, c’est plutôt étrange.

L’euphorie de Pentecôte, comme s’ils étaient pleins de vin doux (Actes 2, 13). Du parfum de nard pur pour oindre les pieds de Jésus (Jean 12, 3 ; Luc 7, 38), le roi David qui danse en extase dans la rue (2 Samuel 6, 16) et de la folie dans toute sorte de fêtes rituelles chrétiennes et païennes : cacher des œufs peints, accrocher des boules brillantes à des arbres verts dans les salons, allumer des bougies sur les gâteaux et les souffler tout aussitôt, etc.
Restons voir sur le palier de n’importe quelle fête que ce soit avec des jeunes ou des vieux : de la folie …
Là-dehors, le fils aîné n’est pas aidé dans son hésitation en recevant l’information exacte : «Ton frère est revenu, et ton père a fait tuer le veau gras, parce qu'il a retrouvé ton frère en bonne santé.»

Ceci suscite la déception et réveille sa colère : « il se mit en colère ». Non seulement il désapprouve, mais il soupçonne : lui qui a entièrement dépensé ta fortune avec des prostituées ». Il vise la réalité extérieure, les faits : dépensé la fortune, tué le veau gras. Ça sonne plus que faux à ses oreilles : de la folie, de la bêtise, de l’effronterie.
Mais ce n’est ni le père, ni le fils plus jeune ou encore les faits qui le font tourner en rond devant la porte de sa propre maison et qui ne lui permettent pas de passer le seuil, mais bien son propre « je le fais ou pas ». L’hésitation lui est venue déjà avant d’arriver à la maison, lorsqu’il entend la musique et la danse. Ce fils aîné n’est ni un fêtard, ni un danseur. La musique et la danse c’est pas son truc. Après tout, peu importe. Mais là, il perd complètement le rythme. Il pourrait aussi se contenter de passer à côté de la fête qui est en train de se dérouler, l’ignorer – c’est pas son truc, à quoi bon…

Son pas hésite, trébuche, s’immobilise. Oui, il perd complètement le rythme, se fige là devant la porte. Son rythme de vie, son rythme cardiaque se figent. Quelle vie aurait-il, s’il perdait non seulement son frère, mais aussi son père ? Passer à côté est particulièrement douloureux quand des proches, des personnes gentilles font des choses complètement folles.

Et parfois, il arrive que les deux soient impossibles ; je n’arrive ni à passer à côté, ni à simplement être spectateur. Le pas pour passer le seuil m’est extrêmement difficile à faire. Est-ce que j’arrive à passer outre mes ombres ? Est-ce que j’arrive à me lâcher ? Comme c’est bon, quand quelqu’un vient vers moi et m’attire et m’intrigue dans le bon sens du terme : Viens ! Participe ! Réjouis-toi ! Ca aussi, c’est un peu fou, comme le père qui sort devant la porte. Parviendra-t-il à se remettre en mouvement, ce fils plus âgé ? A passer le cap de l’engourdissement à la fête, voire même à se réjouir avec les autres ? Une chose est claire : maintenant, il ne peut plus juste continuer son chemin et passer à côté.
Il y a sa stupéfaction là, dehors, mais il est également figé à l’intérieur de lui. C’est là que la crampe doit passer, s’il veut éviter de la traîner avec lui toute sa vie. Là où l’hésitation et le manque de courage étouffent la vie, on a besoin de délivrance et de nouvelle naissance – qui pourrait se donner à soi-même la vie. C’est pour ça que nous prions : Dieu vivant ! Délivre-nous du mal ! Délivre-nous de l’engourdissement dû à la désapprobation et à la présomption. Et nous sommes stupéfaits de voir comment Dieu délivre.

Il vient lorsque les temps sont accomplis (Gal. 4,4) ; il vient dans cette étrangeté de l’être aimé, fait ce que nous n’arrivons normalement pas à faire, revêt sa peau : Dieu devient homme. Il ne reste pas en dehors, mais devient proche des pieux et des pécheurs, des pauvres et des riches, souvent en mangeant et buvant, certainement aussi accompagné de musique. Copain de foire «bouffeur et picoleur», l’ont injurié certains.

Mais il invite et préconise de tourner la tête - car le royaume des cieux est tout proche, regarde donc ! - et de se remettre en mouvement avec la tête, le cou, le torse, les jambes. Dieu devient homme. Regarde, lui aussi il trébuche dans l’étable, sur l’âne, sur la croix, mais le rythme, la vie continue, dehors justement, là où personne n’y croyait.
Certains ont toujours à nouveau clamé : quelle folie, quelle aberration !
Mais beaucoup ont trouvé une nouvelle puissance justement dans la folie de la Parole relative à la croix et à la résurrection (I Cor. 1, 18). Et quand la délivrance s’effectue, qu’on commence à se tourner, on a besoin de se soulager en poussant un grand cri, parce que cela fait aussi mal, par un grand cri, parce que la joie est grande. Et on va finir par se taire, devenir silencieux et méditer, parce que l’on est stupéfait du fait que Dieu soit si proche.
Eh oui. Amen

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