Culte de Noël, Saint-Imier

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A Noël, Dieu s’est approché de nous. En venant dans le monde, il a voulu raccourcir la distance entre lui et nous. D’accord, oui, mais de combien ? Où était-il avant s’il était plus loin ? Et où est-il aujourd’hui puisqu'il est plus près? À combien de kilomètres, ou faut-il maintenant compter en centimètres ? Puis-je le toucher en étendant le bras ou alors, même s’il s’est approché, reste-t-il tout de même encore trop loin ? J’entends des gens dire parfois qu’il est là, dans leur cœur, donc tout près, distance 0, et d’autres que s’il était là, les choses ne se passeraient pas comme ça. Donc distance énorme : 100.000 km. J’ai comme l’impression que de me poser la question : « Où est Dieu ? », c’est aussi répondre à l’autre, bien plus importante encore pour moi : « Qui est Dieu ? ».

Ceux et celles qui placent Jésus dans leur cœur donnent l’impression que Dieu est leur amoureux ; ils en parlent comme d’un amant, il est beau, il déploie en eux un sentiment tout à fait comparable à celui qui unit des amants bien humains. Mais parfois, ils ont mal à leur amour, parce que les choses ne vont pas comme ils l’avaient prévu, alors ils en déduisent que ce n’est pas que Dieu s’est éloigné, non ! Surtout pas ! C’est eux qui, ne pouvant pas comprendre cet amour qui peut faire mal, ont alors pris de la distance. Mais alors, que ce soit Dieu qui s’éloigne ou eux qui prennent de la distance, le résultat est le même : Dieu n’est plus dans leur cœur ! Dieu est il mon amant ? Ensuite, il y a ceux et celles qui placent Dieu très loin d’eux et qui le voient vraiment très éloigné, quasiment pas du même monde qu’eux, et en tous les cas d’aucune efficacité dans leur vie quotidienne. Il est une ressource lointaine qui nous laisse désespérément bien seuls. Il est un message que l’on écoute ou pas ; sa parole est devenue un texte qui nous donne des pistes que notre seule intelligence accepte de suivre ou pas. Il est juge, et non seulement il n’est pas notre amant, mais il est devenu vraiment très difficile à aimer. Dieu est-il donc si loin de nous ?

Dans nos deux textes écoutés ce matin, le rapprochement de Dieu est précédé par un énorme travail de constructeur de routes, comme celui de nos mineurs de la Transjurane actuellement, travail que nous retrouvons dans une personne, celle de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste qui est de six mois l’aîné du Christ, le fils d’Élisabeth la parente de Marie, et dont nous fêtons la naissance le jour de la Saint Jean, le 24 juin, il y a tout juste six mois. Vous le savez bien : le jour, le plus long de l’année, le jour où le soleil commence à décroître pour arriver jusqu’au jour le plus court de l’année, le 24 décembre, hier, le jour où le soleil recommence à croître. « Il faut que lui grandisse et que moi je décroisse » dit Jean. Ce constructeur de route est indissociable de l’évangile de Noël. Ce n’est donc pas qu’une naissance que nous fêtons aujourd’hui mais bien deux, et dont une, la première, est celle d’un faiseur de route, d’un défricheur de chemin, d’un aplanisseur de terrain. Il doit ouvrir pour chacun de nous la possibilité de rejoindre celui qu’il nous faut rencontrer : Dieu. Alors, si la venue de Jésus nécessite d’abord la venue de Jean-Baptiste, c’est bien qu’il y a une certaine distance entre ce que nous sommes et Dieu lui-même. Plus l’homme croit que Dieu est en lui, plus il se prend lui-même pour Dieu. Dieu est Dieu et il reste Dieu. Non il n’est pas comme nous, et il désire simplement que nous soyions un peu plus comme lui. Et si, en Jésus- Christ, il s’est approché, c’est qu’il a réduit la distance sans pour autant la supprimer.
Il y a sur ce sujet un très beau texte de Khalil Gibran sur la nécessité de cultiver la distance pour pouvoir s’aimer. Le prophète de Gibran l’applique au couple humain et voici ses mots: « Donnez vos cœurs, mais pas à la garde de l'autre, car vos cœurs, seule la main de Dieu peut les contenir. Et dressez-vous ensemble, mais pas trop près l'un de l'autre: car les piliers du temple se dressent séparément, et le chêne et le cyprès ne peuvent croître dans leur ombre mutuelle.» Ce n’est que lorsque je reconnais la distance entre Dieu et moi que je peux lui rendre la plus belle des louanges, parce qu’il n’y a dès lors rien de trop beau que je puisse lui offrir, et que je dois dès lors me dépasser pour lui offrir une louange unique et belle : devenir moi, l’humain, un peu plus divin. Mais si j’aime Dieu comme un amant, je ne peux lui offrir que les roucoulades sentimentales telles que je les offrirais aussi à mes semblables.
Ce n’est que lorsque je reconnais la distance entre Dieu et moi que je peux être pour lui un réel serviteur, qui sait qu’il n’est pas le maître mais bien le serviteur. Ce n’est que lorsque je reconnais la distance entre Dieu et moi que je peux envisager la résurrection, acte tellement proche de la création. Oui, aujourd’hui nous fêtons le fait que Dieu s’est approché de nous, mais en aucun cas le fait qu’il vienne se confondre avec nous.
Amen.

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