Culte transmis de l'église réformée de Gümligen (BE)

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Evangile de Mathieu, chapitre 9, versets 9-13

Jésus partit de là et vit, en passant, un homme appelé Matthieu assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi ! » Matthieu se leva et le suivit. Jésus prenait un repas dans la maison de Matthieu ; beaucoup de collecteurs d'impôts et autres gens de mauvaise réputation vinrent prendre place à table avec lui et ses disciples. Les Pharisiens virent cela et dirent à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les collecteurs d'impôts et les gens de mauvaise réputation ? »

Christoph Knoch

1ère partie

Chers amis,

J’imagine une maison orientale. Tout à fait banale, vue de dehors, badigeonnée de blanc. Des poutres rondes supportent le toit plat. Il fait chaud. La porte, pas très grande, est ouverte et permet de jeter un coup d’œil sur la cour intérieure. Curieux, mon regard passe de l’entrée sombre à la cour intérieure. J’entends des voix d’hommes que je n’arrive pas à voir. Ma curiosité me pousse à me rapprocher.

Des tables dressées, des hommes sont assis sur des coussins et adossés au mur. Ils discutent, gesticulent et rient. Apparemment, ils s’entendent bien. Qu’est-ce qui se passe là ? Une fête ? Ce n’est pas un mariage, car il manque la musique et de près ou de loin, on n’aperçoit aucun marié. Ce n’est pas un enterrement, car il n’y a ni pleurs, ni plaintes ou lamentations. Un groupe de personnes hétéroclites est assis ensemble. L’un d’eux semble être celui qui reçoit, un autre, visiblement l’invité d’honneur. Cet invité se démarque des autres, il est différent, il est habillé différemment que les autres invités. Il est habillé comme certains de ceux qui se tiennent dehors DEVANT la porte, comme un enseignant/maître juif. La scène dans la cour intérieure les intrigue. Mon regard se porte sur ceux restés dehors. Là aussi, des hommes discutent intensément. J’entends une voix, qui s’indigne : « Pourquoi votre Maître fréquente-t-il des douaniers et des pécheurs ? » Ils ne demandent pas à l’invité. Eux aussi sont dehors devant la porte. Ils ne demandent pas à celui qui reçoit, car avec lui ils ne veulent surtout rien avoir à faire. Ils se contentent de demander à ceux qui traînent par là. « Pourquoi votre Maître fréquente-t-il des douaniers et des pécheurs ? » Ça ne va pas ça, ça ne se fait pas ! Ils ne respectent pas les préceptes relatifs aux repas. Ça ne va vraiment pas. Les deux scènes me font réfléchir : à l’intérieur, dans la cour, la jolie bande qui s’amuse, à l’extérieur, ceux qui s’énervent sérieusement.

Je prends maintenant de la distance par rapport à la scène. L’invité, c’était Jésus. Il était l’invité d’honneur. Une partie des autres invités étaient des douaniers, ceux-là qui encaissaient de l’argent pour les Messieurs étrangers, les romains.
Beaucoup d’argent, beaucoup trop. Quelle honte. D’après la loi des pharisiens, un péché. Je m’attarde encore un peu sur l’attitude des pharisiens. Ils sont sérieusement engagés dans leur foi et leur vie. Ils se font du souci pour Jésus, c’est comme ça que je comprends notre texte :

Comment Jésus a-t-il pu accepter cette invitation ? Il fait donc partie de nous et pense, pour beaucoup de choses, comme nous. Et là il ne fait aucun cas de cette invitation ? Jésus n’aurait dû l’accepter à aucun prix. C’est ce qui ressort clairement de la question : « Pourquoi votre Maître fréquente-t-il des douaniers et des pécheurs ? » Peut-être – ça m’a seulement traversé l’esprit ces derniers jours - peut-être que ceux qui posent cette question auraient voulu que Jésus viennent manger avec eux, les pharisiens. Eh oui ! Les Pharisiens savent aussi que les invitations sont importantes. Il est d’usage de se laisser inviter et d’accepter l’invitation. Il est d’usage de franchir le seuil d’une maison étrangère.

Changement de scène : c’est autre chose, parfois tout semble différent. Parfois la musique sonne autrement que d’habitude, et tout de suite on est tenté de dire : Cette musique n’a vraiment rien à faire dans une église ! Nous ne pouvons pas chanter de pareils chants. A quoi est-ce lié ? Des idées fixes, des opinions préconçues, empêcher que l’on joue un autre style de musique lors du culte ? Aujourd’hui, vous êtes venus ici. Vous êtes curieux d’entendre ce que notre chœur va chanter.

Le chœur a chanté „On the Rivers of Babylon“. Un texte triste tiré de la Bible, sur une mélodie sacrément joyeuse. Avec de l’élan et de l’enthousiasme. De la musique qui entraîne un grand nombre de personnes. Ainsi, ce qui est inhabituel devient tout de suite quelque chose d’entraînant. Et vous, devant votre écran, vous avez peut-être été d’abord surpris. Nous, nous trouvons que vous en faîtes partie. Vous n’êtes pas seulement le spectateur qui se tient devant la porte et regardez dans la cour. Ce qui entraîne et dynamise n’est pas tributaire d’une pièce, d’une cour ou d’un lieu en particulier. Ce qui entraîne vaut pour toutes les personnes qui se laissent toucher et qui sentent que ça les aide à vivre. « L’hospitalité est au cœur, est l’essence de l’Evangile, car Dieu a de la place pour tout le monde ! », dit il y’a quelques années un pasteur d’Amsterdam. Sa petite communauté a alors ouvert grand les portes de l’église. Au milieu de la ville, dans le quartier chaud, tout le monde devait trouver de la place, peu importe l’histoire personnelle de chacun, le chemin parcouru et les ponts franchis ou ceux qu’ils auront à franchir.

Chant : « Par-dessus 7 ponts »

2ème partie

Sept ponts, sept années, sept fois comme la cendre, et tout d’un coup la lueur éclatante va surgir. Sept ponts ? Je dois traverser sept ponts ? Toujours à nouveau sept, je dois sans cesse traverser des fossés ou des précipices, des fleuves ou des vallées ? Sept ? Ce qui veut certainement dire : jour après jour, sept jours par semaine, indéfiniment souvent, toujours à nouveau. Le groupe Karat qui a écrit ces paroles, savait exactement ce qu’il voulait dire par là. Sept ponts m’attendent sur le chemin de la vie. Ils correspondent à des personnes qui sont là dans la zone sans issues de ma vie. C’est exactement là que sont les ponts. Et ce faisant, je ne dois pas m’arrêter en tête de pont ou en terrain sûr, mais il faudrait que je surmonte ce qui sépare les êtres humains ?
Là, je m’empresse d’accepter l’invitation. Evidemment que j’aimerais être un homme bon. Bien-sûr que j’aimerais nouer des liens entre les personnes, proposer du pain aux étrangers. Cela suffirait-il aux exclus pour faire la fête ? Je n’en suis pas si sûr. Et puis oserais-je vraiment le faire ?

Je me tiens en fait exactement là-dehors, devant la porte, là où se tenaient les pharisiens. C’est exactement là que je commence à émettre des réserves. Je n’ai donc pas l’intention de répandre des cendres sur ma tête, je ne veux ni me rendre coupable, ni perdre la face. C’est exactement là que commence le refrain : « Tu dois traverser sept ponts » non pas pour titiller mon oreille, mais pour mettre mon cœur à l’épreuve. Toujours à nouveau, « traverser sept ponts », ne pas s’asseoir et attendre, ou même se détourner. Non, regarder, aller et surmonter, alors la lueur éclatante arrive. Je dois avancer, curieux, pas après pas. J’ai dit curieux ? Mais ne croyez pas qu’il s’agit d’une promenade du dimanche ! C’est la vie. On dit «oser vivre » : partir et avancer sur un chemin incertain. Ça me met au défi. Car je ne sais qu’une seule chose. Je suis conscient des propos calomnieux des pharisiens. La critique des gens qui pensent mieux savoir que moi ce qu’il faut faire va sans aucun doute résonner dans mes oreilles. Mais il y aura aussi quelque chose d’autre. Oui, c’est ce que je devrai supporter aussi, répandre de la cendre sur mon corps et me battre dans les moments difficiles. Oui, je vais y arriver.

Le chemin sur lequel je marche reste une aventure, car les sept ponts, les sept années, se présentent toujours à nouveau à moi, aussi après une chute, aussi après une défaite. Toujours à nouveau. C’était également le cas pour les personnes qui ont écrit ces lignes. Ils vivaient en RDA. Le groupe s’appelait Karat et ils savaient ce que signifiait « toujours à nouveau ». Résister toujours à nouveau contre un régime qui s’opposait à la vie. Toujours à nouveau. Et personne ne sait si une lueur éclatante rayonne aujourd’hui sur tout, ou si ce sera le cas dans sept ans ou dans sept générations. Et malgré cela, je vais mon chemin ! Car cela m’est octroyé : des portes s’ouvriront. Mais que représentent donc ces portes ? Qu’entend-t-on par cette lueur ? Qui laisse surgir cette lueur ? Et qui est celui qui m’ouvre les portes ?

Chers amis, manifestement j’ai mon chemin de vie. Et il est tout aussi évident que je ne le parcoure pas seul. Il y a là quelqu’un qui marche avec moi. Bien sûr, c’est Dieu qui m’accompagne. C’est la raison de notre foi, c’est clair ! Mais attention, cela va parfois trop vite. Oui, que Dieu m’accompagne n’est pas la question. Et pourtant, parfois je pourrais devenir fou, quand le septième pont devient le septante-septième et quand il me semble qu’il n’y a en fait personne qui voit cela et qui apaise mes souffrances.
Parfois les chants m’aident vraiment à avancer, et également quand je me demande si j’y arriverai avec tous ces ponts et ces années.Tu as besoin de quelqu’un qui vient avec toi. You need somebody to lean on. Tu as besoin de quelqu’un qui te soutienne, sur qui tu peux compter. C’est ce que les êtres humains ont visiblement, à chaque siècle, toujours à nouveau vécu. Un vieux chant nous fait chanter :

« Seul, je n’aime pas marcher, pas un seul pas, là où tu marches et où tu te tiens (demeures), emmène-moi. » Un vieux cantique d’Eglise, qui émeut beaucoup aux larmes. Nous avons besoin d’un frère, d’une sœur, d’un ami, d’une amie. Nous avons besoin de personnes qui nous accompagnent. Mais nous ne sommes pas seulement les nécessiteux. Dans la chanson des sept ponts, il n’était pas simplement question que moi – peu importe à quel point je me sens mal – je doive traverser des ponts. En RDA, à l’époque comme aujourd’hui et maintenant, il n’est pas question seulement de souffrir et d’avoir un frère ou une sœur qui souffre avec nous. Il nous est demandé, nous devons traverser des ponts. En tant que ceux qui font le chemin à la place des autres, qui font le chemin et traversent les ponts avec les autres. Une fois c’est moi qui ai besoin de quelqu’un sur qui m’appuyer, et à l’inverse, il peut arriver que quelqu’un s’appuie sur mon épaule. Et on me demande de cheminer avec les autres.

Peut-être sommes-nous les personnes qui entonnons le chant, parce que nous nous montrons aux autres comme ceux qui accompagnent et sur lesquels les autres peuvent s’appuyer. Peut-être, sommes-nous aujourd’hui ceux qui passent par la porte pour s’introduire dans la cour intérieure de ceux qui n’ont pas droit à la parole. Peut-être sommes-nous ceux qui sont pris à partie, parce que nous allons des chemins inconvenants. Peut-être.

C’est ainsi, chers amis que naît un chant nouveau. C’est ce qu’ont chanté les anciens : « Chantez au Seigneur un chant nouveau », car cela nous concerne et nous importe, on ne peut que le chanter, quand finalement quelqu’un nous accompagne, quelqu’un qui nous accompagne pour vraiment tout traverser et qui nous donne cette certitude : il se tient prêt pour nous. Et finalement la promesse non seulement de voir la lueur éclatante, mais plutôt de trouver en lui celui qui nous dit : « Viens, appuie toi sur moi. » tient pour nous tous.

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