Au lieu de maudire les ténèbres, allume une chandelle…

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La venue de Jésus-Christ dans le monde ne doit rien au hasard, elle a été minutieusement préparée par le Seigneur et annoncée des siècles auparavant par les prophètes. C’est à l’une de ces prophéties que nous allons maintenant nous intéresser.


1) Voyage dans le temps (9.1)
Je vous invite à un voyage dans le temps et dans l’espace pour nous rendre à la cour du roi Achaz, à Jérusalem. Nous sommes en 735 avant Jésus-Christ. L’atmosphère est pesante au palais royal. Et pour cause : la population pressent que quelque chose de grave se prépare. En effet, les bruits de guerre qui se précisent à la frontière nord se font chaque jour plus insistant… Les sentiments d’insécurité et de peur sont maintenant palpables dans les ruelles de la capitale.
Menacé par les pays voisins, le roi Achaz comptait, avec une naïveté coupable, sur le secours de la grande puissance du moment, l’empire assyrien, pour assurer sa sécurité. De son côté, le prophète Esaïe adjurait le roi de changer de stratégie et de mettre en place une politique fondée sur la confiance en Dieu. Il disait : il faut revenir aux instructions et aux messages du Seigneur. Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple… (Esaïe 8.20).
Mais, à cause de son mépris de la Loi de Dieu et de son attirance pour les pratiques païennes les plus cruelles, Achaz avait fini par lasser la patience de Dieu. (Le Livre des Rois (2 R 16.3) rapporte qu’il est allé jusqu’à faire passer l’un de ses fils par le feu pour l’offrir en sacrifice aux idoles, ce qui en dit long sur la personnalité totalement dévoyée de ce monarque.
A cause de la corruption généralisée et de l’injustice criante que le roi tolérait, et dans lesquelles les citoyens de son royaume se complaisaient, le pays avait fini par attirer sur lui le jugement de Dieu. Jugement qui fondra bientôt sur lui sous la forme des redoutables armées assyriennes : précisément les armées sur lesquelles il comptait pour assurer sa sécurité !
Depuis quelques années déjà, les armées ennemies harcelaient les territoires situés à la frontière nord, la région qui s’appellera plus tard la Galilée, semant la désolation parmi la population. Bientôt, elles franchiront la frontière et envahiront Jérusalem… Esaïe parle de ce temps comme d’un temps de ténèbres et d’angoisse. Il fait allusion au joug qui pèse sur le peuple… au bâton et au gourdin de l’oppresseur… au bruit des chaussures des soldats qui martèlent le sol et aux vêtements maculés de sang que portaient les guerriers assyriens !
L’angoisse et la désespérance dominent dans le tableau que nous brosse le prophète à propos des hommes et des femmes de son temps.


2) Retour dans le présent

On aimerait pouvoir dire que tout cela, c’est du passé, qu’aujourd’hui, il en va tout autrement… Mais il suffit de regarder autour de nous, pour réaliser que l’atmosphère est toujours aussi pesante. Les événements qui se passent en Syrie actuellement, pratiquement sur les lieux mêmes dont parlait Esaïe, se charge assez de nous le rappeler !

Et même, pour ceux qui, comme nous, ont le bonheur d’être épargnés par la guerre, il nous arrive de connaître ces moments où nous avons l’impression qu’aucune lumière ne parvient à transpercer notre horizon.
Le souvenir lancinant d’un acte que l’on regrette d’avoir commis… une décision malheureuse dont nous n’avions pas mesuré les conséquences… une parole blessante que l’on n’aurait jamais dû dire… et la culpabilité qui nous ronge la conscience. Ou au contraire la blessure d’un mal dont nous avons été la victime et qui n’arrive pas à cicatriser… La perte d’un proche… la maladie… le chômage ou la crainte de ce que nous réserve l’avenir.
Autant de zones sombres dans nos vies, et de questions parfois sans réponse. Toutes ces choses et certainement bien d’autres encore, peuvent finir par nous enfermer dans une prison de ténèbres et d’angoisse.


3) …et la lumière alors ? (2-6)

…Mais Esaïe ne s’arrête pas là, à dénoncer la situation calamiteuse de son temps, il annonce aussi, il annonce surtout, une bonne nouvelle, un très bonne nouvelle en annonçant la délivrance que le Seigneur va opérer. En effet, non seulement Jérusalem sera libérée quelques années plus tard, mais il laisse entrevoir une délivrance bien plus grande encore, qui se réalisera plus tard.
« Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle », dit un proverbe chinois.
Or, ce n’est pas une petite chandelle que le prophète va allumer, mais une grande lumière ! Et cette lumière se caractérise tout d’abord par la joie, une joie qui semble comme multipliée : Tu as fait abonder leur allégresse, tu as fait grandir leur joie. Ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit à la moisson, comme on jubile au partage du butin !
Mais qu’on ne s’y trompe pas, la joie, ici, n’est pas la joie qui récompenserait un travail pénible, comme celle du paysan qui a travaillé dur toute l’année avant de pouvoir se réjouir d’engranger la moisson. Ce n’est pas non plus le salaire bien mérité d’une victoire durement acquise. La joie est le fruit d’une intervention gratuite du Seigneur. C’est pourquoi Esaïe, s’adressant à Dieu, s’exclame : le joug qui pesait sur lui, le bâton qui frappait son dos, le gourdin de son oppresseur, tu les as brisés… tout comme au jour de la défaite de Madian. (v.3).
La délivrance dont parle Esaïe sera l’œuvre de Dieu. Et l’allusion à la fameuse bataille de Madian le confirme : Rappelez-vous, c’est lors de cette bataille que Dieu avait ordonné à Gédéon de ne garder que 300 soldats pour mettre en déroute une armée de plus de 120'000 hommes, afin, nous dit le livre des Juges, que les Israélites ne pensent pas que c’est par leurs propres forces qu’ils sont délivrés (Juges 7.2). En effet, Dieu sauve son peuple par grâce, uniquement par pure grâce…
C’est la même pensée que développera plus tard l’apôtre Paul quand il écrira aux chrétiens d’Ephèse : …c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu ; ce n’est pas le fruit d’œuvres que vous auriez accomplies (Ephésiens 2.8-9).
Mais comment le Seigneur s’y prendra-t-il pour apporter cette libération ? La réponse à cette question est certainement le point principal de cette prophétie. En effet, Esaïe n’annonce pas seulement « quelque chose » d’heureux : la libération et la paix. Mais il annonce surtout « quelqu’un » : Un enfant nous est né, un fils nous est donné !
A chaque Noël, ou presque, depuis des générations et des générations, nous chantons « Voici Noël, ô douce nuit…» et nous répétons ce refrain, tiré tout droit de cette prophétie d’Esaïe : «… car l’enfant nous est né, le Fils nous est donné ! », et nous pensons bien sûr à Jésus, et nous avons raison, les apôtres eux-mêmes ne s’y sont pas trompé : Ce Fils qui nous est donné, c’est Jésus !
Mais ni Esaïe ni ses contemporains ne pouvaient imaginer cela parce qu’à cette époque ils attendaient encore sa venue, ce « fils » n’avait pas encore été donné ! Ils ont dû en quelque sorte se contenter d’un « acompte » de cette promesse : En effet, quelques années après, sous Ezéchias, le fils et successeur d’Achaz la paix reviendra et les armées assyriennes seront défaites, mais cela ne réalisera que très partiellement et provisoirement cette prophétie… Esaïe s’attendait à bien plus que cela !
Porté par le Souffle de Dieu, le Saint-Esprit, le prophète nous présente à grands traits les caractéristiques pour le moins étonnantes de cet « enfant providentiel » qui un jour, c’est certain, allait venir. Ce serait une sorte d’anti-Achaz, le triste sire qui régnait au temps d’Esaïe.
Ses qualités sont en effet remarquables et indiquent que nous avons affaire à un personnage absolument hors du commun. Il possède à un degré absolu des capacités que seul Dieu peut posséder :

Merveilleux conseiller, (littéralement : Miracle de conseiller !)
Dieu fort
Père à jamais
Prince de la paix

En outre, cet « enfant », ce « fils » aura pour mission d’établir une paix sans fin, fondée sur le droit et la justice… (v.6).
Attention ! Cet enfant n’est donc pas n’importe qui… Toutes ces qualités pointent vers un personnage éminent entre tous, celui que l’Ancien-Testament appelle le « Messie » et que le Nouveau-Testament traduit par « Christ ».
Et ces qualités vont « comme un gant » à celui qui parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, proclamant la bonne nouvelle du règne des cieux et guérissait ceux qu’il rencontrait… : Jésus de Nazareth (Mt 4.23).


4) Conclusion
Comment ne pas voir ici la préoccupation constante de Dieu pour ceux qui sont « assis dans les ténèbres ». Comme en Galilée il y a bien longtemps, mais aussi pour vous et pour moi, ici et maintenant. « Plutôt que de maudire les ténèbres, il allume une chandelle… ».
Et cette chandelle, si petite soit-elle, n’est rien moins que la lumière de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, une grande lumière en réalité !
Les évangiles nous rapportent de nombreux témoignages d’hommes et de femmes, souvent des anonymes, des inconnus, des petits, qui ont été éclairés par cette lumière et qui ont vu leur vie profondément transformée.
Souvenez-vous de ces aveugles auxquels Jésus à fait voir la lumière ! Certains au sens propre, en retrouvant la vue physiquement et d’autre au sens figuré, en ouvrant leurs yeux sur des réalités spirituelles qu’ils n’avaient jamais vues jusque-là.
Souvenez-vous de ces estropiés et de ces lépreux, rejetés aux marges de la société et que Jésus n’a pas craint de fréquenter, de toucher, de soigner et de guérir.
Souvenez-vous de ces gens « de mauvaise vie », comme on les appelait pudiquement, avec lesquels Jésus a parlé, qu’il a écouté et aimé et dont la vie a été radicalement changée par cette rencontre.

Souvenez-vous de cette femme cananéenne qui osa « tenir tête » à Jésus jusqu’à ce qu’elle obtienne de lui qu’il libère sa fille de l’esprit impur qui la tourmentait.
Et, il faut aussi se souvenir, de ceux qui l’ont rencontré mais pour lesquels rien n’a changé, comme le jeune homme riche dont l’évangéliste Marc nous dit qu’il « s’assombrit » quand Jésus lui proposa de le suivre et de marcher à sa lumière !
Tous ont vu sa lumière, certains l’ont reçue, d’autre pas, mais une chose est sûre, plutôt que de maudire les ténèbres, Dieu a allumé une chandelle… Une chandelle pour illuminer nos vies… la mienne… la vôtre.

Pour qu’aujourd’hui, comme hier, ceux qui marchent dans les ténèbres puissent voir cette lumière éclairer leur chemin et les conduire vers ce « Fils » que Dieu a donné aux hommes pour nous conduire à la Vie éternelle. (cf. Jean 3.16).

C’est mon vœu, et c’est aussi ma prière.

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Détails

Avec la participation de
Pasteur Michel Jeanrenaud
Orgue
Ruth Chollet
Musique
Daniel Buèche au piano, Joël Dupertuis au saxophone ainsi qu'une chorale formée pour la circonstance, sous la direction de Catherine Meyer