Culte transmis de la cathédrale de Zurich (Grossmünster)

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Chers ami(e)s,
"Nous avons besoin d’images pour pouvoir cerner une personne.", nous ont expliqué les jeunes filles avant. Et la petite Lia m’a vigoureusement contredit : "Non, cela n’est donc pas un berger, mais une bergère, c’est comme ça que je me représente Dieu!", et cet enfant de la vieille ville montra la magnifique chevelure de la bergère.

Je pense que cela fait maintenant sens de réfléchir de manière plus approfondie à cette notion de se faire des images.
"Pas d’image, de représentation de Dieu". Ce commandement a au cours de l’histoire toujours à nouveau conduit à des malentendus et je crains que même cette prédication n’arrivera pas à les éradiquer complètement.
Alors, que savons-nous ? Le mot hébreu pour image de dieu est à traduire le mieux par "sculpture", car ce mot sous entend le moment de tailler. Le commandement signifie donc : "Tu ne te feras pas de sculpture !" Et qu’est-ce-que nous ne devons pas sculpter dans de la pierre précieuse ou fondre avec de l’or et de l’argent.
C’est étrange, car là, dans le texte biblique ce n’est pas la sculpture de Dieu qui est mise en cause mais la sculpture de ce qu’il y a au-dessus dans le ciel, ce qu’il y sur terre, dans l’eau ou sous le sol. Donc pas d’oiseaux, pas de veaux, pas de taureaux, de lions et de monstres ne doivent être sculptés dans la pierre ou taillé dans le bois: c’est ça, précisément ça et uniquement ça que dit le second commandement : Ne vous fabriquez pas de sculptures d’animaux à adorer.
C’est étrange ce que nous les hommes en ont fait.
Qu’est ce que c’est veaux forgés en or ont donc à faire avec Dieu et pourquoi dans la plupart des bibles, la traduction dit "image de dieu" ?
L’explication se trouve dans le paysage religieux de cette époque là. Il y avait tout autour d’Israël et également à l’intérieur du pays plein de temples, dans lesquels se trouvaient ces sculptures.
Et les croyants les vénéraient comme leur dieux. Ces sculptures étaient – ainsi que le voyaient les prophètes d’Israël – des idoles. Et ces prophètes se sont abîmés les mains et les cordes vocales, tant ils ont écrit et crié leur colère en voyant les hommes placer leur confiance en quelque chose qu’ils s’étaient eux-mêmes fabriqué.
Ça les énervait que les gens voulaient ainsi disposer de Dieu et qu’ils s’attachaient aveuglément à une sculpture fabriquée. Dieu était donc infiniment plus mystérieux, infiniment plus libre et infiniment différent qu’un veau forgé d’or.

Ce que nous osons penser de Dieu aujourd’hui fait le portrait de Dieu, comme quelqu’un d’insaisisable, de libre, de vivant, toujours capable d’être différent ou de devenir différent. C’est ce qui, déjà à l’époque, tenait à coeur des prophètes. C’est également le fondement du deuxième commandement : cela protège la liberté de Dieu. Maintenant, nous pouvons nous demander si le deuxième commandement est encore nécessaire de nos jours.
Notre réformateur zurichois, Huldrych Zwingli a en effet soigneusement - certains pensent peut-être trop soigneusement – débarassé toutes les sculptures dans notre Eglise. Il a complètement balayé l’intérieur de notre église. Rien ne doit détourner l’attention de l’homme quand il réfléchit sur Dieu et parle avec lui.

L’espace vide devint ainsi l’espace de résonance pour le dialogue avec Dieu.
Ce sont vraissemblablement ces vibrations que les gens recherchent aujourd’hui quand ils visitent une église.
Nous autres gens de notre époque avons appris à ne pas chercher Dieu dans des sculptures. Nous le cherchons dans des phrases, des mots et des "images", qui touchent nos coeurs. Il est certainement vrai que notre coeur ne parvient pas à être touché par des phrases abstraites et dogmatiques. C’est pour ça que des prophètes et des chantres des psaumes ont parlé en utilisant des images parlées de Dieu : ils parlaient d’un père ou d’une mère, d’un berger, d’un roi, de la lumière et également d’un bien-aimé. Le deuxième commandement n’aurait jamais limiter leur langage si riche en images.
L’espace vide de l’église ressemble à une feuille de papier blanche, qui attend que quelqu’un écrive et dessine dessus, pour que des pensées invisibles deviennent lisibles.
Ici dans l’église se sont la cire de bougies, des dessins d’enfants, les chants, les silence, les vitraux, depuis 1932, notre vitrail d’Augusto Giacometti avec la croix sombre dans le manteau bleu de Marie, depuis 2009 le vitrail du Fils de l’homme de Sigmar Polke, sur lequel l’oeil va et vient entre la coupe et deux visages tournés l’un vers l’autre. Ce sont là des traces d’êtres humains, qui se mettent face à face avec d’autres pour réfléchir sur Dieu, parler avec Dieu et l’écouter.
Quand nous prions, nous nous permettons de nous représenter Dieu, en tant que visage tourné vers moi, en tant que père céleste, en tant que mère protectrice, en tant que lumière chaleureuse qui se reflète dans les couleurs et la pierre. En regardant nos enfants, il faut donc se demander lequel des dessins est celui qui est juste. D’après vous, tous les dessins sont en même temps justes et faux. Ils témoignent haut et fort : "Un Dieu : beaucoup d’images!"
Il y a en amour comme dans la foi un langage, qui a besoin d’images, sans pour autant vouloir se les acaparer. Nous savons également qu’il est dangereux de se faire une image de Dieu et des gens autour de soi.
Dangereux, quand je me fait des "images idéalisées" de l’avenir, des gens autour de moi, quant à comment ils doivent être ou devra être.
Ah là il y a beaucoup de représentations qui sont sculptés dans la pierre et beaucoup d’espaces en sont remplis. Qui reconnaît ce qui touche son coeur, ose faire des pas dans ce qui est ouvert et vide en travaillant et en priant.
En réfléchissant sur mes images de Dieu, quelque chose m’est apparu comme important : qui est-ce qui nous a appris à prier "Notre Père qui est aux cieux ?" Quelqu’un, dont la Bible raconte que Dieu l’aurait laissé venir dans le monde en tant que son semblable. Dieu ne craint donc pas de se faire une image de lui. Nous humains sommes fait à son image. Nous sommes des images, des images semblables à Dieu, des frères et des soeurs à l’image du Christ. Ces images vivantes de Dieu, les hommes et avant tout les pauvres dehors doivent être habillés, écrivit jadis le réformateur Zwingli.
Ne pas investir dans les idoles en bois ou en pierre, mais dans les pauvres pour le salut des hommes et la gloire de Dieu. C’est ce qu’à l’époque Zwingli écrivit aux bergers, donc aux pasteurs et voulut inscrire dans leur conscience.
En tant que pasteur, je conserve sa phrase dans mon coeur, tout comme le dessin d’enfant de la bergère dessiné par Lia de notre ville.

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