Culte "Protestants en fête", enregistré au Palais Omnisport de Paris Bercy

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Jésus a souvent donné la simplicité des enfants comme modèle de réception de sa Parole ; nous allons suivre leur exemple. Merci les enfants.

Dans la première histoire racontée par Jésus, nous voyons qu’un homme jette de la semence en terre et reprend ensuite sa vie ordinaire. Il oublie ses graines. Il doit les oublier ! Ce qui leur arrive n’est plus de son ressort. Jésus, dans cette histoire, souligne qu’il se passe quelque chose de mystérieux qui échappe à l’homme. Le semeur ne peut pas faire pousser la plante.

Il est probable qu’il a bien préparé le terrain, labouré, hersé, fait en sorte que les meilleures conditions soient réunies pour la réussite de ses semailles. Mais après il ne peut plus rien, la croissance se fait sans lui. Qu’il dorme ou soit debout, qu’il veille ou pas, la semence grandit. Il lui faut oublier ces graines, sinon le temps va lui paraître très long, trop long, et l’impatience va venir avec des initiatives douteuses. Les enfants jardiniers, souvent impatients - pour le coup ils ne sont pas des exemples - ne résistent pas toujours au désir de gratter la terre pour voir si la graine pousse vraiment ; il arrive même que certains tirent un peu sur la tige pour accélérer le mouvement. Notez que les adultes ne sont pas plus raisonnables avec leurs engrais et pesticides !
Le texte précise bien que c’est la terre qui fait pousser « automatiquement » la plante. Le semeur ne doit plus se mêler de la croissance, son espérance ne prendra corps que s’il oublie la plante.

Pour illustrer cet enseignement, voici une histoire, peut-être vraie ; l’histoire de deux ermites qui avaient décidé de planter chacun un figuier pour honorer Dieu. Ils se rendaient visite de temps en temps pour voir les progrès de leur plantation. Bientôt, l’un des deux fut consterné : son figuier était misérable, surtout en comparaison de celui de son ami qui était florissant, magnifique. Il lui demande alors : Comment fais-tu ? Je prie, lui dit alors son ami. Mais moi aussi, répond-il, quand il fait chaud, je demande au Seigneur d’envoyer de la pluie, quand il y a du vent, je prie le Seigneur d’épargner mon figuier, quand il fait très chaud je le supplie de placer un nuage en protection, quand il fait froid je prie pour un peu de douceur, je n’arrête pas ! Mais toi, qu’est-ce que tu demandes ? Moi, c’est tout simple, je dis : « Seigneur c’est ton figuier, tu t’en occupes ! »

Je sais bien que vous pourriez ici me suspecter d’inciter à la paresse, je prends le risque parce que je voudrais que nous entendions vraiment l’appel de Jésus. Un appel difficilement audible, car il s’oppose à la mentalité de notre époque qui est forcément un peu notre propre mentalité.

Nous vivons dans une société qui prétend tout contrôler de la naissance à la mort, et qui veut tout obtenir sans délai. Il suffit de cliquer, c’est bien connu. Or, nous sommes loin de tout maitriser, les plus faibles l’expérimentent chaque jour et les puissants de ce monde s’en rendent compte parfois tragiquement. Devant la situation critique de notre monde, nous sommes alors tentés de prendre les choses en main. Nous voulons agir et indiquer à Dieu ce qu’il a à faire. Or, le défi qui nous est proposé aujourd’hui est de discerner ce qui relève de notre vocation, et pour le reste de ne pas nous substituer aux autres, ni au temps, ni à Dieu. Il nous revient seulement de semer, mais ce n’est pas peu de chose. Ce faisant, souvenons-nous qu’une plante ne se développe pas lentement, elle croît à son rythme.

Il y a bien longtemps, le prophète Ésaïe proclamait déjà au nom de Dieu : « Ma parole ne retourne pas à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l’ai envoyée ». La parole de Dieu n’est pas une semence stérile, elle agit et se développe, porte du fruit de manière étonnante, elle fait son chemin dans les cœurs ; ses voies sont mystérieuses.

Pour nous protestants, qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Si j’en crois le contexte, semer c’est répandre généreusement la bonne parole, annoncer l’Évangile, être témoins du Christ. Certains diront ici : des paroles, que des paroles ! Non, La Parole.
Une des choses que nous devons donc réentendre par le moyen de cette parabole du royaume, c’est que la Parole de Dieu est féconde, sans nous, et parfois malgré nous. La confiance en la Parole de Dieu permet d’espérer le Règne de Dieu lui-même, en oubliant notre force et nos ambitions, en renonçant à tout contrôler. C’est exigeant, car précisément cela ne fait pas très sérieux dans notre société qui se veut tellement volontariste et efficace. Notre discours pourra apparaître désincarné, notre attitude irresponsable. Il faut assumer.

De quoi notre monde a-t-il le plus besoin ? de notre expertise économique ? de nos conseils diplomatiques ? de nos réflexions philosophiques ? de notre réussite ? de notre engagement social ? Certainement, de tout cela et de bien d’autres choses encore, utiles en fonction de nos compétences. Mais ce qui est certainement indispensable, c’est que nous soyons capables de vivre et de transmettre un message venu d’en haut, d’ailleurs, qui donne du sens à la vie, qui permette de relever la tête, de mettre notre espérance non pas dans notre science ou notre puissance, mais en Dieu seul.

Oui, laissons-nous délivrer de l’obsession du résultat qui prouverait que nous sommes des gens biens, capables, estimables… Cette liberté de n’avoir pas à nous justifier nous donne une véritable capacité d’engagement et de travail, qui n’est jamais - qui ne devrait jamais - être un moyen de prouver quoi que ce soit pour se légitimer aux yeux d’autrui. En Christ, nous sommes libérés de la tentation de prouver, nous n’avons rien à démontrer, mais tout à faire parce que Dieu nous fait la grâce de nous envoyer comme ses serviteurs. Espérer, c’est s’oublier. « Seigneur, délivre-nous de nous-mêmes » !
La deuxième parabole, l’histoire de la graine de moutarde, est celle de la croissance étonnante d’une graine minuscule. Évidemment, il faut lui laisser le temps de pousser, mais l’accent tombe cette fois sur la disproportion entre le commencement et la fin.

Le royaume de Dieu si petit, si faible en ses débuts, pratiquement invisible puisqu’il se résume à Jésus seul dans un coin reculé du monde, avec quelques disciples ignorants, se développe irrésistiblement pour devenir finalement le lieu d’accueil et de protection des créatures de Dieu dans le monde entier. La leçon est double. Premièrement, les petits commencements ne sont pas signes d’échec, la faiblesse n’est pas insignifiante, et deuxièmement, le royaume de Dieu est appelé à couvrir la terre. Avec la précision suivante : ce grand arbre dit simplement que le règne de Dieu s’étendra à toutes les nations pour le bénéfice de tous.

Souvenons-nous que l’évangile de Marc annonce la Bonne Nouvelle d’un Christ serviteur souffrant qui, même ressuscité, ne se montre pas glorieux à ses disciples. Ainsi, le grand arbre n’est pas le signe de la puissance et de la revanche des croyants, il est le signe de la compassion infinie de Dieu pour toute l’humanité. Compassion qu’il offre dans la fragilité et la faiblesse de l’engagement de ses enfants, de nous tous…
Si nous revenons à la thématique de notre culte, l’arbre présent de la Genèse à l’Apocalypse, qui donne des fruits appétissants, des fruits qui guérissent finalement parce cet arbre a été une croix, nous comprenons que ces fruits ne peuvent être arrachés, ils sont donnés gracieusement, à qui veut les recevoir.
Pour conclure j’aimerais vous rappeler un autre enseignement de Jésus sur la semence : « En vérité, dit-il, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. Celui qui aime sa vie la perd, celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle… si quelqu’un veut me servir, qu’il se mettre à ma suite… » Jean 12, 24
Cette fois, à la suite du Christ, nous ne semons pas, nous sommes semés, nous devenons des graines jetées en terre.

Chers amis, chers frères et sœurs, cette invitation à suivre le Christ dans l’oubli de soi est aussi un appel pour notre protestantisme à ne pas rechercher, en interne ou en externe, son intérêt personnel, la première place et le pouvoir, mais le service de tous dans l’humilité, et le service de la réconciliation dans la réconciliation.
Nous voici donc envoyés, comme autant de graines dispersées par le Christ dans la terre de notre monde, semées pour porter du fruit en abondance. Dans le pari de l’espérance, c’est toute notre vie qu’il faut miser. C'est ainsi que nous la retrouverons pour l’éternité.

Amen

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