Culte en direct de la cathédrale Saint-Pierre de Genève

Jean-Christophe Emery
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Vanessa:
«Vous êtes la lumière du monde», nous dit Jésus. Et dans l’évangile selon Jean, nous entendons le Christ dire: «Je suis la lumière du monde».

En Genèse chapitre 1, la lumière fait reculer les ténèbres. Elle est promesse de création.

La lumière, symbole de la présence de Dieu, est fêtée chaque année dans la tradition juive. Il s’agit de Hannoukia, la fête des lumières, qui se déroule pendant 8 jours, le plus souvent début décembre. Cette fête veut rappeler la victoire de Juda l'Hasmonéen sur les troupes syriennes d'Antiochus, au deuxième siècle avant Jésus-Christ. C’est une fête de reconnaissance qui veut rappeler que Dieu n’abandonne pas les siens, qu’il tient ses promesses.

Suite à cette victoire, pour purifier le temple de Jérusalem qui avait été envahi, pour éloigner les ténèbres dans lesquelles il avait été plongé, il fallait faire un rituel : à savoir faire brûler pendant 8 jours une lampe à huile. Or, les prêtres ne trouvèrent dans le temple qu’une seule dose d’huile consacrée, pour un seul jour. Et pourtant, la tradition rabbinique dit qu’un miracle s’est produit, puisque la lampe aurait brûlé pendant 8 jours avec cette seule dose.

C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, à l’occasion de la fête de Hannoukia, pour rappeler ce miracle de la lumière, est allumé un chandelier, une menorah à 9 bougies : une première bougie servant comme mèche et les 8 autres représentant les 8 jours. Et ce chandelier est placé sur le rebord des fenêtres, pour être vu par le plus grand nombre, afin que la louange du plus grand nombre soit adressée à Dieu.

Jésus connaissait bien cette fête et ce rituel de la menorah, du chandelier à 9 bougies placé sur la fenêtre. Il reprend cette image pour en ouvrir une autre interprétation. Il nous compare à cette menorah allumée. Il nous dit que nous sommes porteurs de la lumière divine; qu’en chacun de nous, par pure grâce, par pur don, une part divine existe et brille. Ce que Paul exprime dans l’épitre aux Ephésiens en disant: «Vous êtes enfants de lumière». Cette part divine, par l’Esprit de Dieu, par la puissance de son Esprit dit Paul, est active en nous. Elle nous invite à faire reculer les ténèbres, ce qui nous empêche d’avancer, et à les faire reculer dans deux directions, en nous-mêmes et dans le monde.

Si tu arrives à dire : «J’ai la foi, même si j’ai des doutes, même si je ne sais pas trop quoi en faire», c’est que tu as conscience que Dieu est présent en toi, qu’il est comme une lumière en toi. Alors, tu deviens responsable de cette présence et de la manière dont tu vas la vivre avec les autres. Calvin nommait cette responsabilité «les chemins de la sanctification». ça ne veut pas dire que tu dois devenir un saint, parfait, sans défaut! Ca veut dire plutôt que tu dois discerner ce qui est agréable au Seigneur. Et agir avec bonté et vérité. Ça vient encore de l’apôtre Paul.

Discerner et agir, pour la gloire de Dieu. Discerner là où tu peux faire la différence.

Oui, croire implique. Croire, c’est l’inverse de l’indifférence et du repli sur soi. Tu es jeune, tu es aux études, ou bien tu es plus âgé, eh bien croire en Dieu, ça commence d’abord par croire en l’avenir, dans l’à-venir de ta vie. Mais ce discernement de la manière dont tu vas vivre ta vie, ta foi, ne peut se faire seul. L’Eglise, la communauté en prière est là pour aider à ce travail exigeant de discernement. Il y a quinze jours, une catéchumène qui croit en Dieu me disait que pour elle, le fait d’avoir la foi pouvait rester dans la sphère de sa vie privée uniquement. Il y a presque 20 ans déjà, une paroissienne me disait qu’elle n’allait pas au culte ou aux autres activités de l’église, car prier dans sa cuisine, toute seule, lui suffisait. Je ne crois pas que cela soit notre vocation de croyants. Rester seul dans l’expression de sa foi. Nous sommes invités ensemble à faire grandir en nous les fruits de l’esprit et à en témoigner auprès du plus grand nombre. Sans prosélytisme bien sûr, sans intolérance, avec respect et tendresse. Jésus nous le dit : «Votre lumière doit briller devant les hommes, afin qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils louent votre Père qui est dans les cieux».

Devenons de beaux luminaires ! Discernons ensemble les fruits de l’Esprit pour les développer, les faire rayonner, pour la gloire de Dieu.

Paul nous guide pour cela, par les 9 fruits de l’Esprit qu’il décrit dans l’épitre aux Galates. 9 fruits, comme les 9 bougies de la menorah.

Celle qui sert de mèche dans la menorah, cela représente pour moi le premier fruit, et c’est celui de l’amour.
Sans amour, la vie ne sert à rien d’être vécue. «Dieu est amour». Là où l’amour est partagé et vécu, Dieu se tient. Un pasteur que j’aime beaucoup, Alain Houziaux, disait que « l’amour est un choix avant d’être un sentiment ». Étonnant non? L’amour, c’est un choix. Et je vous dis; choisissez l’amour. Et c’est toujours possible. L’amour fait vivre.

Je crois fermement que l’entraide auprès du prochain, c’est une manière de vivre cet amour de Dieu qui se déploie en nous. Tu me diras : « Ok, je peux aider, mais je ne peux pas prendre le malheur du monde sur mes épaules, j’essaye déjà de faire au mieux! » Tout à fait! L’entraide, le service ne veut pas entrainer notre propre épuisement ou notre pauvreté. Mais elle n’est pas non plus un accessoire, une option facultative de notre foi. Elle en est un des socles. Choisis donc l’amour !
Après l’amour vient la joie.

La vie n’est pas qu’une tragédie. On peut la vivre avec un certain sourire, de l’humour. Pour toi Roxanne, la joie, c’est quoi?

Roxanne:
Je pense qu’il y a différentes formes de joie. La joie d’être ensemble, de savoir que tout va bien, de faire quelque chose que l’on aime, d’être convaincu de ne pas être seul, car Dieu nous accompagne... La joie, c’est spontané, on la ressent, on peut la donner.
La joie, je vois des rires, du bonheur dans les yeux, une manière d’être reconnaissant pour tous les bienfaits reçus.

Vanessa:
Je vais dans ton sens, Roxanne. Cette joie-là, ce n’est pas le fait d’avoir un sourire béat tout au long du jour. Je pense aux personnes en deuil, aux malades, aux exclus. La joie dont parle Paul, qui a bien galéré durant sa vie, c’est reconnaitre que quoi qu’il arrive Dieu, portera notre vie et nous donnera la force de la vie. Quoi qu’il arrive, chacun de nous trouvera ce qu’il lui faut de lumière pour pouvoir retrouver le visage de son prochain.

Puis vient la paix.

Ce que l’on offre au nom de Dieu à la fin de chaque culte, lors de la bénédiction finale. La paix, Roxanne?

Roxanne:
Elle tient une feuille blanche à la main:
La paix, c’est compliqué. Mais l’inverse de la paix, c’est ça:
Roxanne déchire la feuille en deux.
Il y a la paix avec soi-même, la paix avec les autres, la paix avec Dieu. La paix, tu vois, c’est exigeant. C’est plus facile de se disputer, de rester sur sa colère que d’essayer de dialoguer, de pardonner. Et de recoller les morceaux.

Vanessa:
Tu as raison je trouve. Il est facile de dire que Dieu pourrait arrêter les guerres, les conflits, mais cela c’est de la responsabilité de l’homme. Il ne faut pas tout mélanger. Savoir ce qui dépend de nous et ce que nous pouvons attendre de Dieu. Mon fils a perdu un de ses amis cet été dans un terrible accident. Il m’a dit alors que si Dieu existait, il aurait empêché ça. Je lui ai répondu que je ne pensais pas que la toute-puissance de Dieu se tenait là, dans le fait d’empêcher un accident, une maladie grave, une guerre ou un tsunami. Pour moi, la toute-puissance de Dieu est bien dans ces fruits de l’Esprit, dans cette capacité à nous offrir un amour toujours possible, un pardon toujours promis, une résurrection malgré l’absurde.
Puis vient le fruit de l’esprit qui est…la patience…

Roxanne:
Elle porte une montre à son poignet: la patience:
Je bloque pour te décrire la patience, ça m’énerve! La patience... Est-ce que ce n’est pas d’abord une forme d’indulgence, la patience? Accepter l’autre tel qu’il est? S’accepter comme je suis? Être patient, pour moi, c’est aussi découvrir que le temps peut être mon allié. Que prendre du temps, c’est ouvrir de l’espace pour de belles rencontres.

Vanessa:
Travailler les fruits de l’Esprit de la joie, de la paix, de la patience, pour refléter d’une manière douce et pertinente la lumière de Dieu, pour devenir un vitrail aux multiples couleurs.

Puis vient la bienveillance.

Cela t’évoque quoi Roxanne?

Roxanne:
Pour moi, la bienveillance, c’est le fait de poser un regard apaisant sur les autres, un regard qui veille sur les autres. Bien veiller…veiller sur…prendre soin…C’est rester vigilant. C’est faire attention à ceux qui nous entourent, à leurs sentiments.

Vanessa:
Merci Roxanne. Et pour toi Natacha, que penses-tu de la bonté?

Natacha:
La bonté, c’est un état d’esprit, une valeur qui nous conduit à aider, à distribuer de la joie sur notre chemin. Le plus souvent sans s’en rendre compte. Un petit geste peut faire énormément.

Vanessa:
Bienveillance et bonté…le pasteur Wilfried Monod expliquait qu’au lieu de réfléchir à comment lutter contre le mal, il fallait essayer de s’occuper du problème du bien. De tenter, malgré tout, malgré nous, d’ouvrir les chemins du bien, du beau et du bon…
Puis vient la douceur.

La douceur Natacha, Roxanne m’a dit que cela te correspondait tellement. Alors, dis-nous, la douceur ça signifie quoi pour toi?

Natacha:
Quand je pense à la douceur, je vois une mère qui porte son enfant dans ses bras et le regarde avec tendresse, comme Dieu nous regarde tous avec tendresse. Je ne comprends pas l’agressivité dont certaines personnes font preuve. Pour moi, la douceur, c’est instinctif, naturel. C’est un remède à la violence.

Vanessa:
Puis Paul parle de la fidélité.

Natacha:
Être fidèle, c’est important. D’abord à soi, à ses valeurs. En restant tolérant. C’est une honnêteté qui ouvre au courage. Jusqu’au bout de ses convictions. Jusqu’au sacrifice comme Jésus, jusqu’à une vie derrière les barreaux comme Nelson Mandela.

Vanessa:
La vie demande toujours du courage C’est ce que le théologien Paul Tillich expliquait: le courage d’être. Être, c’est croire qu’il y a du sens, même si on ne voit pas forcément lequel. Et nous sommes invités à un surplus de sens, en allant jusqu’au bout de nos convictions. En refusant d’être complices de silences coupables. En faisant de nos vies un chef d’œuvre.

Et enfin la maîtrise de soi.

Natacha:
La maîtrise de soi, ça se travaille. Je ne crois pas que la maitrise de soi,c’est d’être parfait. Le plus important, c’est de s’engager à travailler contre ses défauts, à se travailler comme de l’argile. Ne pas choisir ce qui blesse, s’ouvrir à la sagesse du Christ, voilà à quoi cela me fait penser.

Vanessa:
Merci Natacha. Jésus nous dit qu’une chose peut nous empêcher de briller, de porter la lumière : c’est un boisseau. Un boisseau, c’est un pot qui sert à mesurer. Une mesure de blé, d’orge… Mesurer empêche de briller. Mesurer, c’est enfermer une personne par nos jugements négatifs ou définitifs sur elle. C’est plus facile de critiquer que de valoriser. C’est plus facile de porter atteinte à la dignité d’une personne que de lui rappeler qu’elle est précieuse aux yeux de Dieu.

Alors, nous voilà arrivés au terme de cette prédication qui parcourt les fruits de l’Esprit que nous sommes appelés à porter pour refléter la lumière divine qui est en nous. Ne cessez pas de devenir porteurs de lumière, témoins du refus de la désespérance, relais de joie et de tendresse. Vous êtes des merveilles, vous êtes magnifiques. Vivez en enfants de lumière.

Amen.

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