Culte de l'Ascension, transmis en direct et en Eurovision du Temple d'Avenches

Nathalie Henchoz

Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?

Christ monte au ciel et je me dis : « Quelle dimension importante ! De la terre jusqu’au ciel ! C’est fort ! Cela m’inspire ! »

Mais, pourquoi continuer à regarder le ciel, alors qu’il y a tant de choses que je peux faire ? Tant de choses à faire et à ma portée, à la largeur de mes bras.
Qu’est-ce que l’Ascension m’inspire en relation avec les autres personnes ?
M’aide-t-elle à renouveler mes rapports avec les autres ?

Comment vivre cette ouverture au ciel alors que je me suis brouillé avec quelqu’un ? Ce collègue avec qui je m’étais sévèrement brouillé… On ne se parlait plus et nous nous rencontrions très rarement. Lorsque la vie nous amenait à nous croiser, nous nous observions en coin… Et le mur de séparation entre nous était tangible.

Un certain jour, nous savions que nous étions appelés à nous revoir dans le cadre d’une réunion. J’appréhendais de le savoir là, et mon imagination lui prêtait les mêmes réticences à mon égard. Nos regards se sont croisés, une fois ou deux, après, je l’ai perdu de vue.

Il était parti et je me suis senti vraiment triste…Triste ! Pour quelle raison ? …De ne pas lui avoir parlé !
Lorsque j’ai quitté la salle et que je suis sorti à mon tour, il était là sur le parking ; il attendait. J’ai tout de suite compris qu’il m’attendait et je suis allé vers lui.
Au fur et mesure que les mots sortaient - ce qui nous avait blessé dans l’attitude de l’autre - je me découvrais moi-même moins emprunté et étouffé… Plus libre de mes mouvements !

Pour moi, cette toute nouvelle liberté d’aller à la rencontre de quelqu’un, c’est cela l’Esprit de l’Ascension.

Je viens de vous parler de la relation d’un homme à un autre.
Qu’est-ce que l’Ascension nous donne à vivre quand on est dans un groupe ?
C’était aussi un week-end de l’Ascension, un voyage paroissial. Ce beau souvenir est l’occasion d’élargir mon propos pour nous faire voyager jusqu’en France ! C’est aussi un clin d’oeil à tous les téléspectateurs des pays voisins qui prennent part à ce culte.

Première étape : le Puy en Velay, en France. C’était le premier jour du voyage.
La quarantaine de personnes réunies n’avait pas encore eu l’occasion de faire connaissance. Nous montions à la cathédrale du Puy. Parvenus au haut de la rue des Tables, nous avons commencé à grimper l’escalier qui passe entre les immenses piliers soutenant la cathédrale au-dessus du vide.

Nous étions, chacun pour notre compte, la tête en l’air à regarder les belles colonnes sculptées. Les genoux fatigués par la montée nous rappelaient la dimension de la terre, les superbes vitraux nous disaient la dimension du ciel.

Nous sortions tout juste des célébrations de Vendredi Saint et de Pâques. Nous avions remercié le Ressuscité avec son corps glorieux mais qui porte les marques de la croix.
Dans le ventre de la cathédrale, nous avions trouvé refuge entre ciel et terre. Et notre groupe dispersé a reçu une bénédiction forte pour la suite de notre voyage.
Et nous sommes repartis !

S’ouvre devant nous un chemin si clairement tracé : encadré par deux rangées serrées de maisons, il part devant nous - simple et droit – et forme un carré de bleu qui nous rassure car il met à notre portée ce qui est à découvrir.
Une place ensoleillée nous a accueillis, et nous avons commencé à regarder, à aller les uns vers les autres. Certains évoquaient des pans de leur vie… Un lien entre nous était né.

Il n’y a pas si longtemps, Jésus était mort sur la croix et aujourd’hui il est enlevé au ciel.
Pourquoi va-t-il vers le ciel, pourquoi n’est-il plus avec nous ?
Cela donne raison à tous ceux qui disent : « Moi je croirais en Dieu si je le voyais »

Je pense à cette femme qui fait un travail de bénévole. Des fois elle se dit : « J’ai l’impression que tout ce que je fais part dans la terre sans laisser de trace. »
Un jour, elle contemple le ciel et voit des nuages se faire et se défaire. Elle se dit : « Tous ces nuages sont à l’image de ce que je ressens. Comme mon travail, les nuages aussi se font et se défont sans laisser de traces ».

Tout en marchant, elle voit des nuages s’étirer et former très nettement une belle silhouette d’ange dépliant ses immenses ailes au-dessus d’elle. Elle est frappée et émue. Cette apparition est pour elle ! Pour elle seule. Elle la reçoit comme un message d’encouragement, et cela a renouvelé ses forces !

Reconnaître un ange dans ces nuages, c’est vivre aujourd’hui ce que les disciples ont vécu : ils ont vu le Christ s’élever puis disparaître dans des nuages. Plus de trace du Christ !

Je vous donne cet exemple parce qu’il renvoie à ce que chaque personne vit dans sa relation intime à son créateur : voilà, je traverse un moment de doute, de tristesse, de souffrance, alors je prie, je me centre et je reçois des réponses qui me sont adressées personnellement. Elles ne pourront être communiquées à d’autres que dans une foi partagée.

Moi-même, quand j’ai pu faire la paix avec mon collègue, ce pardon n’a pas été gravé dans la pierre pour laisser une trace visible de tous. Mais ce pardon a régénéré nos cœurs. Il a profondément transformé quelque chose en nous.
Il a étendu ses bienfaits jusqu’à nos corps, a élargi nos tissus cardiaques, et a amplifié notre capacité d’aimer et d’aller vers d’autres personnes avec lesquelles c’est difficile de soigner un lien.

Nous sommes blessés par tant de choses ! Et nous aimerions tellement ne pas souffrir de nos blessures. Notre vie sur cette terre trace pour nous un chemin simple comme ce chemin étroit à la sortie de la cathédrale du Puy en Velay. C’est avec nos blessures que nous avons à grandir. Ces blessures-là, le Christ les prend dans ses mains et elles sont partie intégrante des marques qu’il porte lui-même.

Lorsqu’une personne est dans son agonie et va mourir, dans le sens de l’Ascension on pourrait dire qu’elle naît au ciel. Elle vit peu à peu une transformation qu’elle a choisie. Il y a son corps qui se transforme, que les fonctions vitales lâchent peu à peu, il y a aussi une autre transformation de la personne selon les choix qu’elle a faits durant sa vie terrestre : elle va naître au ciel et rejoindre le Christ, dans son propre corps de ressuscité.
Vu d'ici, cet accès au ciel paraît mystérieux: on saute dans l'inconnu. Pourtant, le Christ a ouvert le chemin, comme on ouvre un rideau à la lumière du jour.

Le voile ouvert, nous avons accès à ce qu'il y a derrière.

C’est ce que nous montre l’icône russe d’Andreï Roublev. Elle nous montre la vie qui nous attend lorsque nous serons nés au ciel. C’est la vie que nous pouvons déjà vivre ici et maintenant.

La personne du Christ, depuis l’Ascension, est notre libre accès à cette vie. Ces personnes divines en relation les unes avec les autres n’ont aucune blessure de communication ; on voit que ça circule entre elles. Prenez le temps de contempler cette icône est ouvrez-vous à la confiance qu’elle véhicule jusqu’à nous.

Voyez ces trois personnages, ils ne forment pas une roue fermée, comme souvent on voit des gens qui discutent en petit groupe, en cercle fermé ; impossible d’entrer dans leur cercle ! Voyez comment ces personnes sont disposées ! Elles nous invitent à leur table. Le chemin est ouvert devant nous ! Dans la joie du Christ qui est monté au ciel, nous avons libre accès à cette table.

Amen.

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