Chers amis, la parabole du fils prodigue, c’est bien plus que l’histoire émouvante d’un père qui retrouve son enfant. Ce qui se joue ici, c’est toute l’histoire du genre humain ; c’est aussi, et surtout, l’histoire de ses espoirs et de ses attentes. Appelons ce message : la maison perdue et retrouvée.
1. Notre besoin d’une maison
Le théologien et pasteur américain Timothy Keller estime à juste titre que nous pouvons relire cette parabole à la lumière du thème de l’exil et du retour, thème présent dès les premières pages de la Bible. Prenez Adam et Eve qui se retrouvent hors du jardin. Caïn, pour avoir tué son frère Abel, est obligé d’errer sans fin sur la terre ; voyez Jacob, contraint à des années d’exil pour avoir trompé son père et son frère ; puis Joseph qui se retrouve en Egypte avec sa famille loin de sa contrée natale à cause de la famine ; David, avant d’être roi, est un fugitif traqué, et enfin considérons le peuple hébreu déporté sous Nabuchodonosor. Dans ces exemples, l’humanité semble n’être qu’une longue série d’exilés aspirant à rentrer chez eux !
Pensez maintenant à votre maison d’enfance. Cet habitat génère bien des souvenirs et parfois nous l’idéalisons au point que nous voudrions y retourner. Des sons, des odeurs et des images rappellent le bon vieux temps. Mais le temps a passé et nous pouvons nous apercevoir, lorsque nous retournons sur les lieux de notre enfance, que le passé est bel et bien révolu ! Observons aussi le sentiment que nous éprouvons lorsque nous sommes loin de chez nous : cette mélancolie, ce mal du pays.
En ce moment est en train de se construire une maison. Vous pourrez lire des mots sur les différents cartons qui composent cette maison. Ces mots évoquent ce à quoi nous aspirons quand nous sommes à la maison, ce que nous ressentons quand nous y habitons. Des mots tels que : chaleur, protection, confort, sécurité, famille, bien-être, repos… Et vous, quelle idée associez-vous à la maison ?
Ces exemples illustrent le fait que la maison est un concept essentiel. Les sentiments forts qui s’y attachent nous prouvent que nous aspirons ardemment à trouver un lieu qui nous corresponde, un endroit où nous puissions trouver notre véritable identité, nous trouver nous-mêmes pleinement.
Dans notre parabole, le fils cadet est d’abord animé par le désir de partir. Il se voyait libre et heureux loin de la maison du père. Mais nous le découvrons bientôt au fond du trou, désemparé. Que fait-il alors ?
Il se met à rêver de revenir chez lui. Il rêve de sa maison. Il se souvient de tout ce qu’il avait là-bas. Je parlais de ce mal du pays ressenti quand nous sommes loin de chez nous. Pour décrire cette sensation, l’allemand utilise le mot « Sehnsucht ». Ce mot correspond approximativement au mot français « nostalgie » et dénote un profond mal du pays mais dans un sens spirituel.
Le profond mal du pays ressenti par le fils cadet a aussi un sens spirituel. Ce désir de rentrer qui anime le fils prodigue, c’est peut-être aussi le nôtre… Nous aussi nous rêvons de notre « maison ». Comme si nous voyions, comme si nous ressentions au plus profond de nous, que, là où nous nous trouvons, nous ne sommes pas tout à fait à notre place…
Ne sommes-nous pas tous, d’une façon ou d’une autre, semblables à lui ? Ne sommes-nous pas exilés, aspirant à trouver notre vrai foyer ? Nous avons un toit sur la tête, mais en nous il y a un vide, un manque, cette nostalgie…
Comme le fils cadet, certains pensent trouver leur identité, un sens à leur vie ou tout simplement leur bonheur ailleurs... Pour d’autres il semble qu’aucun endroit, aucune famille ne puisse satisfaire ce désir. La condition d’exil est angoissante, perturbante, fatigante… Nos maisons et nos familles sont certes des auberges jalonnant notre périple, mais quelque chose en nous aspire à un foyer plus profond encore. Un foyer qui semble nous échapper. D’où nous vient cette impression d’être « en exil » ? De se sentir nulle part vraiment chez soi ?
2. La maison perdue
Revenons dans les premiers chapitres de la Genèse. Dieu nous a créés pour vivre en sa présence. Le jardin d’Eden est comme notre foyer d’origine, le pays pour lequel nous étions faits. Dieu était le Père de cette maison. Et nous nous sommes éloignés de sa souveraineté. Nous nous sommes détournés et éloignés de lui et nous avons alors perdu notre maison, comme le fils cadet a perdu la sienne. La Genèse décrit notre sentiment d’exil spirituel. Nous vivons dans un monde qui ne parvient pas à satisfaire nos désirs les plus profonds. Le fils prodigue s’est éloigné de l’amour du père. Il comprend, fatigué, désabusé, qu’il s’est trompé...
Comment décrire ce désir profond et non satisfait ? C’est, je crois, un besoin d’amour consistant, un besoin d’amour profond et durable. Nous constatons que nos relations sont marquées par l’érosion du temps. Parfois les personnes chères nous quittent ou alors c’est nous qui les quittons. Nous aimerions aussi laisser une empreinte durable dans ce monde, mais nous sommes souvent déçus de ne pas réaliser pleinement nos espoirs et nos rêves. Nos efforts ne suffisent pas à recréer, à reconstruire la maison perdue… Nous ne réalisons jamais pleinement nos espoirs et nos rêves, car cette maison que nous cherchons se trouve dans la présence du Père céleste duquel nous nous sommes éloignés.
Au cours de la période de l’Exil, après la chute de Jérusalem, les prophètes de l’Ancien Testament ont annoncé le grand retour du peuple « à la maison ». Le chapitre 35 du prophète Esaïe illustre les jours où la vie du peuple hébreu sera de nouveau paisible et où tout sera caractérisé par la justice. N’est-ce pas ce que nous désirons ardemment au plus profond de nous ?
La prophétie se réalisera. Une partie des Hébreux reviendra en effet dans sa patrie. Cependant, les petits exodes et les petits retours rapportés dans la Bible n’ont pas accompli l’ultime retour promis par les prophètes et dont tout le monde rêvait. L’existence de ce peuple revenu restait marquée par le problème de la souffrance, de l’injustice et de l’oppression par d’autres puissances mondiales.
Pourquoi cette insatisfaction persiste-t-elle, par-delà certaines solutions trouvées ? Il me semble voir deux causes à ce problème : une cause intérieure à l’humain et une cause extérieure. Malgré certains rétablissements, l’être humain continue à se montrer orgueilleux, égoïste. Un besoin de changement intérieur, au plus profond de son être, doit s’opérer. L’autre raison est la dégradation extérieure de notre monde de plus en plus abîmé par de mauvais choix. Ce monde qui n’est pas celui dont nous rêvons. Ainsi, si l’on souhaite rentrer pour de bon chez nous, cela implique un changement aussi bien à l’intérieur de l’homme qu’à l’extérieur de lui.
3. Jésus ou la maison retrouvée
On attendait en Israël la venue d’un Messie capable d’opérer une libération nationale et politique. Lorsque Jésus est venu, annonçant la venue du royaume de Dieu, le peuple s’est d’abord réjoui ! Mais ce Messie n’a pas répondu à ces attentes d’ordre politique. Et de ce fait, il a fini sur une croix.
Car le Christ n’est pas venu d’abord pour agir sur un plan politique. Il est venu pour nous sauver, nous délivrer de l’esclavage du mal et de la mort, pour nous ramener à la maison, à ce lieu de présence et d’accueil que Dieu a préparé pour nous.
Sur la croix, Jésus a subi l’éloignement total, l’exil absolu. Il a éprouvé la solitude spirituelle. Il a ainsi partagé notre destin, il a pris sur lui toute la rébellion humaine afin que nous puissions, nous, avoir accès à cette maison tant recherchée.
Au prix de sa vie, il nous a donné accès à un endroit où nos cœurs peuvent trouver le repos : la maison de son père. La parabole nous indique qu’il y a, en sa présence, dans sa maison, un lieu où nous nous sentons enfin chez nous, un lieu où nous trouvons notre place d’enfant bien-aimé. Un lieu où nous trouvons paix, sécurité, réconfort, protection, repos…
La résurrection du Christ confirme sa victoire sur le mal et sur la mort, sur ce qui empêche le monde d’être notre vrai foyer. Un jour, Jésus reviendra pour rendre cette victoire complète. De même que l’histoire du fils cadet se termine par une fête qui célèbre le retour à la maison, le livre de l’Apocalypse s’achève par « le festin des noces de l’agneau ». Cet Agneau de l’Apocalypse symbolise Jésus, qui s’est offert afin que nous recevions le pardon divin et retrouvions le chemin de la maison. Selon l’Apocalypse, cette fête se déroule dans la ville illuminée de la présence de Dieu, la nouvelle Jérusalem. La promesse est donnée dans la Bible que la terre redeviendra le jardin de l’Eternel : tout exil aura disparu : exil de la tristesse, de la douleur, de la mort. Nous serons chez nous, vraiment chez nous, dans la joie du Père.
Chers amis, la parabole contient pour nous une Bonne Nouvelle ! Le message de Jésus offre une nouvelle espérance à l’humanité. Notre destin et notre avenir ne sont pas dans une forme de conscience éthérée et impersonnelle. Mais la maison du Père est un lieu où nous serons ensemble : nous mangerons, nous chanterons, nous rirons dans une atmosphère de fête et de joie. C’est notre espérance : Jésus refera du monde notre maison. Nous rentrerons à la maison et notre Père viendra à notre rencontre. Il nous accueillera à bras ouverts et nous invitera à prendre part à la fête.
Je vous invite à la prière :
Seigneur, je sens bien que parfois je vis comme un exilé. J’essaie de trouver une espérance, mon identité et mon bonheur ailleurs qu’en toi, pardonne-moi. Merci pour Jésus qui, à la croix, permet à mon cœur de trouver en toi le repos et d’avoir accès à ma véritable maison. Viens par ton Saint-Esprit me donner de vivre comme ton enfant bien-aimé et d’agir selon l’espérance que tu mets dans nos cœurs.
Amen.
Culte transmis en direct du temple de Bulle
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