Au fond, le bien, c'est pas si mal...

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Écouter le culte :

Chers amis,

A qui faites-vous encore confiance ?
Les politiques, difficile : promesses non tenues, corruption, plus intéressés à leurs guerres de partis qu'au bien-être du citoyen...
Les religieux, pas mieux: fanatiques, intolérants, pédophiles et menteurs...
Les fonctionnaires : incompétents, toujours en vacances... et là, je pourrais aussi parler de certaines entreprises dans la construction...
Vos proches : j'aimerais dire oui, mais on voit tant de querelles de couples ou de famille, que... pas sûr...

Alors, quand la Bible, comme Esaïe, dénonce les comportements humains, qu'elle appelle souvent péchés, nous nous offusquons, mais force est de constater que ce péché, il existe bel et bien. Ce penchant pour le mal qui pourrait nous faire provisoirement du bien, il existe. Or la plupart du temps, ce petit mal - un petit mensonge, un petit détournement d'argent, etc. - engendre quand même plus de mal que de bien. Malheur à ceux qui font passer le bien pour mal, et pour bien le mal, malheur à ceux qui changent la lumière en ténèbres et appellent les ténèbres lumière. Cela crée une grande confusion où beaucoup se perdent !

Alors, à qui pouvons-nous encore faire confiance ?
Vous savez, les disciples de Jésus ont vécu cela. Au moment de la Passion du Christ, ils ont fui, renié ou trahi. Ça ne valait plus la peine de s'attacher au Christ face au danger, face au mal et aux forces de mort. Je constate, je ne juge pas. J'aurais probablement aussi cherché à sauver ma peau. Heureusement, l'histoire ne s'arrête pas là. A l'aube d'un jour nouveau, une nouvelle vie frémit... Pierre et Jean ont vu le tombeau vide... Jean a cru. Marie-Madeleine a vu Jésus vivant, sans le reconnaître tout de suite. Ils se sont alors rassemblés pour recoller les morceaux... et là, Jésus leur apparaît, mais Thomas n'est pas là. A-t-il fui, a-t-il délibérément choisi de ne pas les rejoindre : trop déçu, trop blessé ? Et quand il revient, il ne leur fait pas confiance, il ne les croit pas. Pourtant, Thomas n'est pas un mauvais bougre, c'était un fidèle disciple. Il veut voir la marque des blessures de Jésus! Comme si les blessures étaient la marque de la vie...

Or je vois dans ce passage cinq signes qui devraient nous aider, comme Thomas, à pouvoir ancrer notre confiance au moins en Dieu déjà :

D'abord, la nouvelle création en Jésus. Jésus ressuscité est le signe que Dieu reste le Créateur, le maître de la vie. S'il peut orchestrer l'univers, s'il peut relever Jésus... il peut vaincre les ténèbres de ma vie.

Deuxième signe : Jésus souhaite la paix à ses disciples. Ce n'est pas juste une formule de politesse. Cette vie renouvelée, il veut que nous la vivions dans la paix. La seule foi utile est celle qui produit la paix du coeur et la paix entre les hommes. Il n'y a pas de confiance possible sans paix.

Troisième signe : le don du Saint-Esprit. Comme Dieu avait insufflé la vie à Adam, le Souffle de Dieu nous est offert comme source de vie qui va produire ses bons fruits, des fruits durables, un Souffle qui fait aussi naître la communion. L'apôtre Paul écrit : « Nous avons tous été baptisés pour former un même corps par le même Esprit Saint, qui accorde à chacun ses dons » (1 Corinthiens 12).

Quatrième signe : le don principal de l'Esprit est la capacité de pardonner. Et nous le savons par l'Evangile : une seule chose est impardonnable, le blasphème contre l'Esprit Saint, c'est-à-dire s'inscrire volontairement contre la vie, contre la création, contre les fruits de l'Esprit que sont l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. Le mal est donc nommé, c'est ce qui va à l'encontre de l'Esprit. Pas de confusion possible!

Enfin, ce sera le cinquième signe de confiance : Jésus revient spécialement pour Thomas et l'invite à toucher ses blessures. Le texte ne dit pas si Thomas le fait. On nous dira simplement qu'il a vu. Jésus tient donc compte de la demande de Thomas, de son besoin. Thomas a été écouté et entendu.

Je résume donc les cinq signes de confiance que j'ai repérés : Dieu reste maître de la vie, il souhaite la paix, il donne son Esprit qui unit et donne des fruits, il nous invite à être porteurs de son pardon pour les humains et de son jugement sur le mal. Enfin, il entend notre besoin personnel.

Cependant, malgré tout cela, bien des gens - dont certains parmi nous - ont été blessés par d'autres, des quidams, mais aussi des figures d'autorité que je caricaturais au début de ce message : politiques, religieux, enseignants, fonctionnaires, etc. Ou par des proches, aussi. Ces blessures sont réelles et la révolte est légitime. Donc la perte de confiance aussi. Mais Jésus montre ses blessures. Le Ressuscité est l'innocent crucifié, il est le plus grand blessé, pas le bourreau. Et dans notre théologie, les blessures de Jésus sont des blessures infligées à Dieu. L'homme ne cesse de blesser Dieu. Alors nos blessures, toutes légitimes qu'elles soient, ne sont pas indépassables. Jésus, premier-né d'entre les morts, c'est bien celui qui nous ouvre la route pour nous relever de nos blessures, pour accepter un pardon que nous pourrons redonner et recommencer à vivre. Pardonner, ce n'est pas oublier, mais c'est refuser de se considérer comme une victime. Oui, Jésus a été victime, mais au matin de Pâques, même si les blessures sont toujours là, elles n'empêchent pas la vie. Dieu est du côté des victimes, des blessés, mais pour les faire passer de l'autre côté, du côté des vivants !

Quand Jésus dit à Thomas : cesse d'être incroyant, fais confiance. Il lui demande de passer avec lui de l'autre côté, du côté des vivants. Et être vivant, dans la Bible, c'est être en lien, être relié, à Dieu et aux autres. C'est d'ailleurs le beau sens du mot religion... relier. L'oeuvre du Christ, c'est la réconciliation avec Dieu par le pardon de nos fautes et avec les autres par le pardon que nous pouvons accepter et donner.

Alors, chers amis, en ce temps de Pâques, faites-vous ce cadeau : choisissez de pardonner à quelqu'un ou à vous-mêmes ! Choisissez de ne plus vous laisser enfermer dans une blessure passée. Faites ce choix aujourd'hui. Travaillez-le dans les jours qui viennent. Ayez confiance, accueillez le souffle de Dieu qui nous offre de nouveaux commencements.

Mais je sais, il est difficile de témoigner de cette paix intérieure que le Christ nous donne. Cette expérience de réconciliation est toute personnelle et beaucoup souhaiteraient qu'on puisse leur donner des preuves de la réalité de cette expérience. Pourtant il devrait y en avoir dans la paix, la joie, la douceur que nous manifestons. Il devrait y en avoir dans notre capacité à pleurer avec les victimes et dans notre capacité à ne pas nous laisser enterrer avec les victimes ou dans notre passé. Il devrait y en avoir dans notre capacité à reconnaître cette expérience chez les autres et à créer un lien avec eux.

A qui pouvons-nous faire confiance ? Eh bien, à toute personne qui se laisse guider par l'Esprit du Dieu des vivants... et il y en a plein autour de nous.

Heureux ceux qui peuvent croire sans avoir vu. Et j'en suis convaincu, c'est parce que nous croyons que nous pouvons voir.

Amen.

Vu de l'autre côté
Au fond, le bien, c'est pas si mal...

Tout est sens dessus dessous! On ne sait plus à qui se fier. Ce qu'on croyait bien et juste hier semble aujourd'hui mal et corrompu. Le mal n'est plus si grave, le bien lasse. On doute de tout: de Dieu, des autres, de soi... Jésus était passé de l'autre côté, mais il revient! A quoi bon? Peut-être pour nous transmettre une autre manière de voir...

Détails

Avec la participation de
Martine Gagnebin
Orgue
Daniel Chappuis
Musique
La Lyre de Vevey, sous la direction de Philippe Demierre