Célébration oecuménique transmise en direct de Hilterfingen (BE)

Eglise réformée de Hilterfingen

Quelle histoire, cette parabole du grand festin!
Qui, dans cette parabole, est mon prochain?
Avec qui vous identifiez-vous? Soyez courageux!
Dans cette parabole, Jésus force un peu le trait. On ne peut pas s’empêcher de trouver certaines figures sympathiques et d’autres beaucoup moins.
Peut-être que ça nous rappelle des fois où nous avons décliné des invitations parce que nous avions mieux à faire.
Mais imaginons toute l’énergie qu’a investie cet hôte pour préparer la fête, comme il se réjouissait de recevoir! Et patatras, arrivent les désistements de dernière minute!

Ou est-ce que vous vous identifiez plutôt avec les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux du texte biblique? Serait-ce parce vous avez de l’empathie pour les laissés-pour-compte, parce que vous-même vous vous souvenez avoir été dans leur situation?

Chacun a vécu de tels moments de détresse. Quand soudain, on réalise qu’appartenir à un groupe n’est pas si évident que cela ; quand on prend conscience qu’être invité par quelqu’un qui se souvient de nous devient un petit miracle en soi ; alors on accepte cette invitation avec reconnaissance car on ressent que la vie a encore un sens.

La figure clé de cette parabole est celui qui invite. Mais attention! nous avons trop vite fait d’y voir Dieu. Ce serait une erreur, car ce n’est que suite à la déception de l’hôte, due aux désistements des premiers invités, de ceux qu’il avait triés sur le volet, qu’il invite ceux qui vont devenir ses vrais invités.
Comme si Dieu ne savait pas d’avance qui méritait ses bienfaits et sa miséricorde!
Le parti-pris du Dieu de la Bible et de Jésus pour les opprimés n’est pas en cause.

Jésus dit à son hôte pharisien : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, sinon eux aussi t'inviteront en retour, et cela te sera rendu.
Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles.
Alors tu seras heureux, parce qu'ils n'ont pas de quoi te rendre. Cela te sera rendu à la résurrection des justes.»

Voilà selon Jésus la foi qui fonde la bonne attitude. Et il a toute la loi de Moïse et les prophètes de son côté.
Ce que Jésus dit ici est de la pure critique sociale. Evidemment que nous invitons nos semblables, ceux avec qui nous pouvons nous adresser d’égal à égal, ceux qui nous font du bien, ceux qui flattent notre ego, ceux dont nous pouvons tirer bénéfice.
Ne sommes-nous pas tous enclins à ce genre de choses, sans pour autant que ce soit de l’opportunisme intentionnel? Ce genre de choses se passe au niveau de l’inconscient.

Notre parabole conclut sur cette phrase: « je vous le dis, aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner! »
Qui parle alors? L’hôte ou Jésus?

S’agit-il du repas eschatologique à la table de Dieu?
Est-ce Jésus qui prononce cette menace: « aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner! » ?

Ici, c’est tout à fait intentionnellement que Luc nous laisse sans indice.
Luc insinue qu’il y aura un jugement dernier.
Sans pour autant être un prédicateur du feu de l’enfer, Luc ne nous laisse aucun doute sur le fait que notre manière de vivre a des conséquences, non seulement sur autrui mais aussi pour nous-même.
Comme pédagogue, Luc mise sur la puissance de la bonne nouvelle. Mais la pensée du jugement est sous-jacente à toute son œuvre, et donc aussi dans la parabole du grand festin. Menace ou bonne nouvelle?


Chers auditeurs, est-ce donner assez de sens, assez de profondeur à notre vie que de considérer que tout est égal, que notre manière de vivre n’a aucune conséquence pour les autres et pour nous-même? Qu’il importe peu que les générations suivantes aient ou non un avenir sur cette planète? La sentence divine va tomber, j’en suis certaine.
Et heureusement, Luc ne l’élude pas, non pas pour nous faire peur, bien sûr, car la peur n’a pas de place dans la foi, mais parce nous ne pouvons laisser tomber ni ce monde, ni les gens, ni nous-même.

Lorsque nous lisons la sentence divine à la lumière de la bonne nouvelle, alors cela devrait nous inciter à nous engager pour plus de solidarité, de justice pour tous et d’amour. Il s’agit de s’investir pour remettre à l’ordre du jour l’entraide.

Il n’y a pas de guérison sans douleur. Pourtant, que pourrions-nous espérer de plus beau, de plus grand et de meilleur pour ce monde et pour nous?
Nul ne sait la forme que prendra la sentence divine, ce qu’elle impliquera pour nous, nous qui habitons l’hémisphère nord et vivons dans le luxe. Nous avons une grande dette envers la terre et envers nos frères et sœurs du sud. Dieu va nous rappeler à l’ordre. Nous ignorons comment Dieu agira quand il interviendra, mais nous connaissons l’attitude de Jésus. Par son enseignement, il nous a fait percevoir la réalité visible. Il a traduit l’amour de Dieu en actes envers les grugés de la vie.
Il s’est adressé aux marginaux.
Il a guéri les malades et s’est occupé des pauvres.
Nous savons quelle est notre vocation, tant que nous restons en phase avec Jésus. Ce n’est certainement pas le rôle d’une théologienne de traduire cette vocation en termes politiques. Je laisse cela à d’autres. Mais je suis fière de notre ministre des Affaires étrangères qui prend clairement position et qui veut renforcer le rôle la Suisse dans l’aide humanitaire, son action en faveur des droits humains et la lutte contre la pauvreté. Cela aussi fait partie de la mission chrétienne. La tradition humanitaire de la Suisse a une longue histoire, mais c’est une histoire mouvementée. Il y a eu des revers et il y en aura probablement encore.

Humanisme et compassion ne sont jamais acquis pour toujours. Il faut faire face à chaque nouvelle situation politique.
Chacun de nous porte cette tradition humanitaire, par son action, par son attitude et en exprimant son opinion.
L’humanité est un bien qu’il faut soigner, précisément parce qu’elle est fragile et ne va pas de soi.

Chers auditeurs, Luc interpelle chacun de nous: « Célébrez la fête de la vie! »
Tous ensemble, riches et pauvres!
Notables et indésirables. Partagez le pain de cette terre. Il y en a assez!
Ainsi parle Jésus: « Il y en a assez pour tous! » Pas seulement pour moi, pour ma famille, mes amis et mes semblables. Il y en a même assez pour les autres, pour les laissés-pour-compte, pour les losers, pour les étrangers, les affamés, les pauvres!

Luc insiste: laissez entrer les maltraités, les cabossés de la vie!
Ouvrez votre porte à ceux qui s’échappent de l’enfer de la guerre, de la famine, de la terreur, ceux qui ont l’angoisse imprimée sur le visage.
Invitez-les à votre table! Mangez avec eux! Ecoutez leurs récits! Faites-leur une place dans votre cœur et laissez-vous bousculer par leur destin! Ressentez en vous leur souffrance et vous découvrirez la compassion. Fi de la dureté de cœur et des aprioris!

Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ.

Amen.

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