Culte télévisé pour la Veillée de Noël au Temple de Maur (ZU)

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Texte : Luc 2 : 1-20

Comme toujours en ces contrées arides, la nuit tombe soudainement et enveloppe les bergers. La longue veille va commencer. Etre aux aguets pour détecter le tout bruit suspect. Chèvres et moutons broutent paisiblement entre les buissons. Lentement le troupeau avance. De temps à autre, un aboiement au loin, un bêlement, puis le silence. Rien ne laisse présager ce dont cette nuit sera porteuse.

Comme tous les soirs, les bergers mangent ensemble en plaisantant. Puis le plus jeune éteint le feu. Chacun prend sa place en silence, tout ouïe pour détecter le moindre danger. Soudain, un mouvement. Vient-il d’en haut ? De l’intérieur ? En tous cas, comme on nous l’a raconté, ils se mettent aussitôt en route.

Cette histoire si familière depuis notre enfance invite à un nouveau départ en pleine nuit. Luc nous amène à l’enfant dans la crèche et au cœur de la bonne nouvelle de Jésus Christ. Comme il l’explique au début de son évangile, Luc veut nous exposer de manière suivie les événements tels qu’ils se sont déroulés. Les événements s’emballent, l’histoire de la naissance de Jésus met tout en branle. En elle, terre et ciel, promesse et désir, humanité et divinité sont unis de manière inexplicable. Tous les espoirs se fondent sur ce nouveau-né dans la crèche. C’est ainsi que Dieu se découvre, sans force, sans gloire. Le bébé dans la crèche est l’épicentre vers lequel convergent contre toute attente toutes les trajectoires.

Le récit de la nativité se transcende lui-même. Depuis des siècles, aux quatre coins du monde, à chaque nouveau Noël, il nous émeut sans épuiser sa force d’émerveillement. Ce soir encore, il nous met face à la présence divine.

L’histoire de la naissance de Jésus exprime un désir. Elle est une histoire de salut. Comment résonne-t-elle en vous ?

Quand Noël advient, nous prenons conscience de ce qui nous porte dans nos relations et nos activités. En même temps, nous ressentons avec force ce qui nous manque et ce qui ne sera plus. Même pour ceux pour qui l’Eglise ne représente rien, Noël exprime une mystérieuse solidarité humaine. C’est là-même que nous réalisons le sens profond d’un regard, d’un geste et d’une parole bienveillante.

Noël révèle l’accuité des questions de plénitude et de manque, de richesse et de pauvreté dans notre vie. Ainsi, l’histoire de Noël telle que nous la raconte Luc est un récit sans sucrerie ni paillette. Cette histoire survient dans un monde en guerre où il faut lutter pour son existence. Cette histoire résonne tout autant dans notre monde tiré à quatre épingles, où chacun se met en scène, là où de telles questions n’ont pas de place.

En fait Luc nous raconte une toute autre histoire, une véritable histoire de Noël où la lumière divine se reflète sur la face d’une humanité blessée. Nous sommes en bonne compagnie avec ces bergers. Ils sont l’humanité que Dieu agrée : « Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie: c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. »

Luc nous présente l’histoire de la naissance de Jésus comme un immense mouvement extérieur et intérieur. Tout se meut. Et pourtant, tout s’immobilise là devant cette crèche devant l’enfant, alors qu’en fait, Luc et sa communauté n’ont pas encore coutume de célébrer la Nativité. En effet, les chrétiens du premier siècle ignoraient cette fête. Qu’ont-ils compris en entendant pour la première fois cette histoire? Elle se répand comme une traînée de poudre, cette nouvelle d’un salut apporté par un Dieu qui vient en naissant parmi nous. Impossible de taire cette nouvelle. Elle passe des anges aux bergers, des bergers à Marie et Joseph pour atteindre tous ceux qui l’on entendue. Finalement, elle arrive jusqu’à nous. Comme Marie, nous gardons toutes ces choses. Nous les repassons dans notre coeur.

Le voilà cet enfant qui nous est né, cet enfant qui porte déjà la parole vivifiante du Christ. Le nouveau-né de Bethléem comme point de départ pour une Bonne Nouvelle qui ressurgira à Emmaüs où des disciples la reconnaîtront en partageant le pain avec un inconnu.

Oui, celui qui a été un jour touché par cette Nouvelle n’est pas prêt de l’oublier. Dieu peut-il autant s’approcher? Ne serait-ce donc pas dangereux? C’est pourtant ainsi que Dieu se dévoile, qu’il vient à la rencontre de l’humanité.

Bien avant que Noël ne devienne une fête chrétienne, Luc composa le récit de cette nuit de Bethléem. C’est une histoire de désir et de salut au sein d’un monde et d’une humanité déchirée. Un récit que Luc nous a léguée comme un inestimable joyau.

« Quelle est cette nuit! C’est le Seigneur qui nous y conduit et qui rend le pauvre riche. »
(CH-allemand : « Was isch das für e Nacht! Hät öis de Häiland bracht und us de arme Mäntsche riichi gmacht. »)

A l’instar des bergers, nous voulons chanter et raconter celui qui vint à notre rencontre. Comme Marie, nous gardons toutes ces choses et nous les repassons dans notre coeur. Comme Joseph, nous restons bouche-bée devant la nouvelle de notre libération. Dieu lui-même nous délivre là où nous trouvons notre place dans cette narration. Debout devant l’enfant Jésus, nous sommes en présence du Prince de paix, de l’Immanuel, de l’Oint, du Sauveur, du Seigneur, devant Dieu qui nous a tant aimé, qu’aucun mot ne peut rendre compte de cet amour.

Alors que les bergers reviennent, lentement chèvres et brebis avancent en quête de pâture. Les bergers étanchent leur soif, mangent un peu et cherchent un endroit pour se remettre de cette nuit agitée, tant ils ont vu et entendu.

Alors nous aussi en cette nuit bénie, ayant rafraîchi notre mémoire de cette histoire, emportons-la comme un trésor chéri: « Avez-vous aussi appris cela? Louez le Seigneur joyeusement! Notre Sauveur est venu sur la terre. »
(CH-allemand : « Händ iir das au vernoh? Lobed de Herrgott froh! Öisen Erlöser isch uf d'Ärde cho. »)

Amen.

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