Chers frères et sœurs en humanité et en Christ, chers auditeurs,
« En face, il y a toujours un être humain en quête de paix et de justice. » C’est le titre de la Déclaration interreligieuse sur les réfugiés. C’est aussi une interpellation sur une urgence humanitaire, sur une justice respectueuse envers notre semblable, sur une paix qui se fait attendre.
Cette déclaration rejoint ou fonde le thème de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens sous forme d’un devoir d’humanité proposé par les chrétiens d’Indonésie : « Tu rechercheras la justice, rien que la justice. » (Deutéronome 16, 20)
Ce devoir qui incombe à tout être humain vis-à-vis de son semblable demande de rechercher la justice. Oui, ce réfugié défiguré, errant, est avant tout un être humain comme toi. Il était peut-être ce que tu es aujourd’hui. Il est peut-être ce que tu seras demain. Cela exige de traiter bien l’autre comme on aimerait être traité soi-même.
Les différentes religions de notre pays disent la vérité, rien que la vérité sur la situation injuste des réfugiés et réclament un traitement plus juste, plus respectueux, plus humain. C’est un témoignage et une interpellation pour une humanité sans frontières, sur la Convention de Genève qui risque d’être lettre morte au lieu de protéger les réfugiés.
Quand la paix et la justice s’unissent (Psaume 85), le chemin de l’unité est dégagé. Et ma paix dépend de la paix de l’autre. La justice reste le ciment de la paix. Et grâce à la paix, l’unité devient réalité. En se donnant la paix, l’unité devient solidarité. Et pour cela, il nous faudrait non seulement dire la vérité, rien que la vérité devant le tribunal de l’humain, mais aussi faire la vérité. C’est-à-dire, dire le bien qu’on fait, et faire le bien qu’on dit. Être vrai, cohérent en matière d’humanité.
Avant et au-delà de cette déclaration, nous les chrétiens, nous sommes appelés à y voir la foi en ce Dieu qui est né chez l’homme, Jésus, pour l’homme et pour tout homme. Mais ce Sauveur de l’homme est rejeté par l’homme. A peine né, il est menacé déjà par l’homme, Hérode, pour des intérêts politiques. Paradoxalement, il fuit l’homme de Palestine pour se réfugier chez l’homme en Égypte.
On ne nait pas réfugié, on le devient, et sur la même terre ! Même si on le devient, on ne devrait pas le rester de génération en génération. On rejette, on exclue, au nom de la loi du plus fort. Et cela commence dans nos comportements de tous les jours, chez-nous : on crée des réfugiés familiaux avant les réfugiés externes.
Jésus est venu annoncer et montrer sous l’impulsion de l’Esprit Saint que le fondement de toute religion, de toute relation, est la justice, la justice envers Dieu, la justice envers l’homme, la justice envers le monde avec lequel nous sommes en lien vital. Porter atteinte à cette justice, c’est se menacer soi-même et mettre en danger toute existence.
Quand quelqu’un met en fuite Dieu, comment voulez-vous qu’il respecte, protège l’homme, son autre soi-même pourtant ? S’il piétine les droits de Dieu, comment être juste envers les droits essentiels de l’homme ? Comment défendre le réfugié en entretenant les causes des conflits, des guerres, de la faim, des souffrances, de la torture et de l’exil ? Pourquoi ces contradictions ? Pourquoi cette hypocrisie criminelle ? Comment accepter que le réfugié soit traité comme une balle de ping-pong entre les intérêts politico-économiques ? Pourquoi encore ces apatrides ?
Autant d’interpellations qui devraient nous choquer et provoquer un élan d’humanité plus engagé. Accueillir le pauvre, l’étranger, l’émigré, l’orphelin, la veuve n’est pas une option pour un chrétien, mais une obligation de migrant sur cette terre. C’est offrir la paix, c’est refuser d’opprimer celui qui l’est déjà, c’est partager ce que tu as reçu avec le nécessiteux, partager ta joie et ton pain, reçu de la bonté du Seigneur. C’est la meilleure façon de remercier avec justice et sagesse.
Pendant cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous sommes en communion avec cet immense pays, l’Indonésie, le plus musulman au monde.
Louons le Seigneur qui donne lui-même le vrai bonheur à partager et fait que notre terre commune donne sa récolte pour nourrir tous ses enfants. Il offre sa justice pour rendre juste et remettre debout, au lieu d’écraser. Il nous montre le chemin de vie, et non de mort pour marcher ensemble en pèlerin sur cette terre vers l’unité et la communion des cœurs.
N’oublions donc pas qu’à côté, il y a un être humain qu’on n’a pas le droit de le laisser de côté sous aucun sous-prétexte, de voler le bonheur de l’autre.
Oh Dieu de la vie, conduis-nous sur la justice et la paix pour n’exclure personne du partage de cette vie.
Amen
Matinée oecuménique à l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
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