Culte de la Veillée de Noël à l’Eglise St Andreas de Weissenburg en Allemagne

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Prédication, 1ère partie

Dr. Heinrich Bedford-Strohm

Noël, c’est le temps de l’enfance, de la confiance et de la lumière. Les incertitudes de notre époque renforcent notre désir de passer de bonnes fêtes traditionnelles et rendent le rituel de Noël encore plus précieux. Ici en Franconie, pas de Noël sans le bébé Jésus qu’on appelle ici le « Christkindl ».

Ce soir, c’est Hannah qui nous rend visite. Chère Hannah, qu’est-ce qui t’a motivé à jouer le rôle du bébé Jésus ? Quel est ton message ?

Hannah Schmidt

Je trouve super de donner un peu de joie à plein de gens, surtout à ceux pour qui noël est un moment triste. Peut-être parce qu’ils ne peuvent pas se retrouver en famille.

J’ai fait ma première visite dans un home pour personnes âgées qui étaient toutes très contentes. J’ai d’abord fait ma petite intro:

Oyez braves gens, c’est la Noël qui arrive.
Que les centaines de bougies allumées ici vos cœurs ravivent.
Les devantures richement décorées débordent de cadeaux qui font envie aux petits comme aux grands.
Sapin et chandelles, c’est la magie de Noël.
Sonnez carillons, que souffle l’esprit de Noël
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Prédication, 2ème partie

Dr. Heinrich Bedford-Strohm

Cette année, une amie de Hannah a fait sensation. Elle a été choisie pour jouer le «Christkindl» (bébé Jésus). Comme Hannah, elle remplissait tous les critères et elle rayonnait de joie, le jury l’a choisie à l’unanimité. Mais il y a eu une plainte. Elle n’était pas suffisamment allemande. Une Müller, Meier ou Schulze… mais Benigna Munsi ? Avec un tel nom, le «Christkind» allemand aurait eu des ancêtres indiens, ce qui ne pose pas de problème aux gens de Nuremberg qui soutiennent leur «Christkindl» et ont envoyé un «lovestorm» à Benigna Munsi sous la forme de messages amicaux.

Les gens d’ici ne considèrent pas que leurs traditions et leur pays soient en danger. Au contraire. Mais on voit comme les esprits peuvent s’échauffer rapidement quand on colle à la patrie des concepts particuliers. Ou quand on usurpe le terme « patrie » à des fins politiques.

L’idée de patrie véhicule des sentiments de confort et de sécurité qui sont particulièrement importants dans des périodes de changement. Alors il reste au moins les bonnes vieilles traditions auxquelles on peut se raccrocher. Et c’est tant mieux.

En même temps, la patrie elle-même change constamment de visage. Madame Mrusek nous a rappelé tout à l’heure comme il était étrange pour elle en 1989 de se retrouver soudain à l’église aux côtés de parfaits inconnus, alors qu’ils étaient tous allemands. Étaient-ils là pour la première fois parce qu’enfin ils avaient trouvé le courage de venir? Pourquoi sont-ils venus ?

Il est certain que face aux changements nous aspirons à des choses familières comme des cantiques et des paroles qui nous amènent en terrain connu, comme par exemple cette vieille église. « Driving home for Christmas », c’est aussi un retour vers notre enfance pour vivre un Noël merveilleux, bien que l’enfant Jésus n’a pas été gâté de ce côté-là. Sa mère, une femme ordinaire de Nazareth, une petite ville ordinaire du Proche-Orient, rencontre un ange et tombe enceinte. Elle doit accompagner Joseph, son fiancé, pour le recensement à Bethléem. Quand les premières contractions arrivent, le lieu où descendent les voyageurs est plein et on ne trouve qu’une grotte ou une mangeoire pour recevoir le bébé dans les crottes et le froid.

Tout cela ne respire pas le cocon familial. Les bergers, premiers témoins de l’événement, n’étaient pas mieux logés. Les étoiles en guise de toit et le sol nu comme canapé pour une existence au jour le jour. Sûrement des gaillards mal dégrossis sans grand avenir. C’est pourtant à eux que les anges annoncent la bonne nouvelle de la naissance du Seigneur.

Au début les bergers ont pris peur. « Qu’est-ce qui se passe ? » se demandent-ils. Puis ils se doutent qu’ils pourraient trouver auprès du Fils de Dieu quelque chose qui les guérisse, qui les rende plus heureux, plus forts, ce qu’on ne leur aura même jamais promis. En arrivant à l’étable, ils découvrent l’union du ciel et de la terre. Les bergers et les autres réalisent ce que veut dire être humain, libre et aimé. Le bébé dans la crèche disait le message suivant : « Oui, tel que tu es, tu es enfant aimé de Dieu. Au plus profond de toi, tu es bon. N’aie pas peur, ma paix est pour toi. Ma lumière pour t’éclairer. »

Et les bergers sentent que leur « chez-soi », c’est ici. Près de cet enfant, on est à la maison, peu importe le lieu. Ils repartiront avec cette certitude dans leur cœur et l’annonceront à tous les peuples, en commençant par ceux qui croiseront Jésus de Nazareth et recevront de lui une âme apaisée comme un refuge intérieur. Près de lui les cieux s’éclairent, l’air pulse de louanges. Une porte s’ouvre sur l’avenir. Devenu adulte, il dira plus tard que c’est Dieu qui nous accueille :

« Heureux ceux qui se savent pauvres, car le Royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera !
Demandez, et l'on vous donnera;
cherchez, et vous trouverez;
frappez, et l'on vous ouvrira. »

Même quand Jésus s’abstiendra de toute parole, les gens ressentiront une présence divine. Il pose la main. Il ne juge pas. Il ne répond pas à la violence par la violence. Son arme, c’est l’amour qui allège le fardeau et comble le vide. A un tel amour, même la mort ne résiste pas. Quand les autorités exécutent Jésus, Dieu repousse les limites de la mort. Au troisième jour, le tombeau est vide. Jésus vit et promet la vie à tous.

Et depuis 2000 ans, nombreux sont ceux qui le suivent : pêcheurs juifs, dockers grecs, paysannes autrichiennes, musiciens saxons, architectes espagnols, artisans indiens, médecins africains, entrepreneurs américains, designers danoises, libraires géorgiens et bien d’autres encore.

Tous ont rencontré Jésus-Christ par la prière, un culte, un verset, une rencontre fortuite, un service au prochain. Chacun sait que le rencontrer, c’est être à la maison, peu importe où se passe la rencontre et à quoi ressemble le lieu : auprès de Dieu, je n’ai rien à craindre.

Et si par malheur le monde n’était plus rempli que de diables; que des tirs retentissent ce soir même; que je pleure parce que je suis seul; que des méchancetés soient prononcées au sein de la famille. Avec Dieu je n’ai rien à craindre !

Ce que l’ange a annoncé est valable pour nous aussi : « Cette nuit est né pour vous un Sauveur ; c'est le Christ, le Seigneur. »

Alors, avons-nous encore besoin d’un « Christkindl » en Franconie ? Certains proposent d’abandonner ce folklore. Je pense que c’est simpliste, car bien des us et coutumes ont un fond de spiritualité. Nos traditions portent le message de la nativité. C’est pourquoi nous les apprécions.

En fait, le « Christkindl » est une sorte d’ange. Ils annoncent la céleste nouvelle qui agit sur la terre. Avec le nouveau-né dans la crèche, a surgi sur terre un amour que nul ne peut détruire. C’est le plus beau cadeau de Noël que l’on puisse recevoir.

C’est pourquoi, de tout mon cœur, je souhaite solennellement un joyeux Noël à ceux qui sont tristes, comme à ceux qui sont dans la joie.

Amen

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