Écouter le culte :
Nous voilà dans le temps de l'Avent, ce temps d'attente de celui qui vient. Mais qui est-il ? Nous trouvons une réponse dans le temps de la nativité, lorsque Marie et Joseph présentent Jésus au temple. Un vieillard était présent, Siméon, qui, poussé par l'Esprit Saint, se rendit au temple pour accueillir l'enfant. Il est dit de lui qu'il attendait la consolation d'Israël. Celui qui vient dans sa gloire, apporte la consolation. Par la suite nous verrons ce qu'elle comporte.
Penchons-nous d'abord sur le texte de Luc que nous venons d'entendre. Rien ne nous rassure. Il est question de catastrophes, peut-être écologiques, en tout cas cosmiques, et rien que les rumeurs de tels événements ont le pouvoir de faire défaillir les cœurs. D’autres nouvelles peuvent avoir le même effet ravageur comme l'annonce d'un diagnostique médical, ou le bilan désastreux d'une activité économique.
Aujourd’hui nous pouvons comprendre de quoi Jésus parle. Les conditions sont actuellement réunies pour de possibles cataclysmes. Mercredi passé, dans l'émission 36.9 de la RTS, nous avons pu entendre parler des jeunes face à la crise écologique. J'étais très touché par leur capacité de voir en face ce qui nous menace, mais aussi par le sentiment d'impuissance qu'ils exprimaient face à ce qui nous arrive et qui nous dépasse infiniment. Une image traduisait cela : celle d'un homme qui, avec son tuyau d'arrosage, jetait un filet d'eau contre une forêt en feu.
J'aimerais vous dire, à vous les jeunes et à tous ceux et celles qui êtes aux prises avec de terribles nouvelles, que la consolation n'est pas loin.
Mais la question se pose : est-ce que c'est vrai ? Est-ce que le vieux Siméon qui part en paix après avoir vu l'enfant, a vraiment vu la consolation ? Ou sommes-nous tous condamnés à subir les mauvaises nouvelles, condamnés à défaillir face aux catastrophes ?
Bien sûr que non ! Et il est urgent de rappeler quel est l'ADN des chrétiens !
Comme la Parole le dit, nous sommes liés au Christ et le Christ nous apporte cette consolation.
Dietrich Bonhoeffer, du fond de sa cellule de prison, a écrit à ses proches un poème pour Noël. C'était en 1944, quelques mois avant sa pendaison par les Nazis.
Il y chantait :
Entouré fidèlement et calmement
De puissances bienveillantes,
Protégé et consolé merveilleusement,
Je veux vivre tous ces jours avec vous
Et avec vous aller vers l’an nouveau ;
Le passé veut encore martyriser nos cœurs,
Le lourd fardeau des jours mauvais nous pèse encore.
Ah ! Seigneur, accorde à nos âmes effrayées
Le salut pour lequel tu nous as créés.
Quelle est cette consolation que Dietrich Bonhoeffer évoque dans son poème ? Ce n'est pas celle où le ciel nous tend des mouchoirs, non. Bonhoeffer le reconnaît : « Le fardeau des jours mauvais pèse encore ».
Mais il y a autre chose. La « paraklesis » : la consolation qui est avec nous, la présence que le Christ a promis à ses amis et disciples orphelins. Ce mot est étonnant. Il prend sa racine dans un verbe qui veut dire prier, demander, mais aussi soutenir, encourager, réconforter et consoler.
La consolation se réalise donc dans un dialogue, une relation. Et celui qui s'y engage est le Christ. Mais quel Christ ? Quel Christ !
J'ai reçu il y a quelques jours une prière du moine et poète arménien du 10e siècle, Grégoire de Narek. Il y adore et chante celui qui vient. Certainement, Grégoire de Narek a lu notre évangile du jour avant de prendre la plume. Voici ce qu'il écrit :
Fils du Dieu vivant, béni de tout,
Engendré inscrutable de ton Père redoutable,
Pour toi, rien n'est difficile.
Quand se lèvent les clartés sans ombre
De ta glorieuse miséricorde,
Les péchés sont liquéfiés, les démons chassés,
Les transgressions sont abrogées,
Les liens sont rompus, les chaînes sont brisées,
Les morts sont ramenés à la vie, les plaies sont guéries,
Les blessures sont rendues à la santé, les corruptions sont enlevées,
Les tristesses cèdent la place, les gémissements battent en retraite,
La ténèbre s'enfuit, le brouillard se retire,
...
La nuit s'en va.
L'anxiété est bannie, les mots sont anéantis,
Les désespoirs sont chassés.
Et ta main toute puissante règne,
Ô Toi qui expies les péchés de tous !
Quelle puissance émane du Christ ici ! Le moine a certainement dû observer son action dans sa vie.
J'aimerais illustrer comment le Christ est à l'œuvre au 21e siècle. Le théologien Jost Bittner, l'initiateur du mouvement international des « Marches de Vie » qui se déroulent chaque année autour de la période de Yom HaShoah, organisait en mai 2011 une Marche de Vie dans une ville de Lettonie. Des descendants d'auteurs d'assassinats de masse contre les juifs en 1941 et des descendants de familles concernées ont pu donner et recevoir le pardon après une mise en commun de cette sombre page de l'histoire de ce pays. Il s'est alors passé quelque chose de surprenant.
Le lendemain, le président letton, Valdis Zatlers, annonçait qu'il allait changer son cabinet pour cause de corruption. Il n'était certainement pas au courant de la réunion organisé par Jost Bittner. Dans cette nuit, des puissance célestes ont été secouées et ont dû céder leur place.
Bien sûr il y a toujours des « hagio-pneumato-sceptiques ». J'ai inventé ce mot pour nous aujourd'hui pour désigner ceux qui douteraient que l'Esprit-Saint puisse agir dans notre vie et dans le monde, comme il y aura toujours des climato-sceptiques.
La vraie question pour nous dans ce temps de l'Avent 2021, qui est un temps sombre spirituellement, est de savoir si je suis prêt à accueillir le Christ dans ma vie ?
Dans ce temps de l'Avent sommes-nous prêts à accueillir dans nos églises le Christ et sa puissance purificatrice, de résurrection et de vie ?
Ce sont là des questions de choix.
Son salut et sa consolation sont près de nous.
Amen !