Première partie
Ephésiens 2 : 4-8
Mais Dieu est riche en compassion ! Son amour pour nous est tel que, lorsque nous étions comme morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ.
C’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés.
Dans notre union avec Jésus Christ, Dieu nous a ressuscités avec lui pour nous faire régner avec lui dans les cieux.
Par la bonté qu’il nous a manifestée en Jésus Christ, il a démontré pour tous les siècles à venir la richesse extraordinaire de sa grâce.
Car c’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu.
Le salut de Dieu, c’est nous rendre vivant, nous vivifier. Il fait ici référence à la vie terrestre actuelle. Les erreurs que l’on commet, ce qu’on fait de mal et les erreurs des autres nous mortifient, nous rendent comme morts. Et parfois ils nous tuent réellement. Elles ont des conséquences sur nos relations sociales, sur notre humeur, sur l’injustice qui se propage à travers le monde, sur le manque de cohésion…
Au contraire, le salut de Dieu vivifie, nous fait passer de la mort à la vie. Dieu ne nous donne donc pas seulement la vie naturelle, mais il agit aussi pour nous faire vivre véritablement et pleinement sur cette terre.
Même si selon le monde cela semble être une vie normale, voire trop modeste. Parce que malheureusement, vivre pleinement – selon le monde – serait mener une vie d’excès, de luxe, de gaspillage, mais celle-ci est souvent vide, et pas une vie pleine de sens, comme celle que la grâce de Dieu nous donne.
Ce salut s’obtient par la grâce de Dieu, c’est donc un don que nous n’avons ni gagné ni mérité. Ici le message est très clair et il ne s’adresse même pas à quelqu’un qui, avec gratitude, le méritera.
La question se pose alors : si Dieu fait toutes choses, que devons-nous faire ? Nous n’avons rien à faire du tout, mais nous pouvons néanmoins faire beaucoup. Nous pouvons vivre ! Car vivre pleinement, en connaissant la grâce de Dieu, c’est vivre de manière adulte.
L’idée de vivre de manière à gagner des récompenses correspond en effet à la vie d’un petit enfant, qui n’est sage que pour recevoir des récompenses ou éviter des punitions, mais ce n’est pas une vie d’adulte, autonome, assumant des responsabilités, même en risquant de commettre des erreurs. Tout comme il serait immature de penser que l’on ne fera jamais d’erreurs.
La grâce qui nous sauve nous ouvre par contre à l’action et à l’expérimentation de nouveaux chemins dans nos vies. En essayant de ne pas commettre d’erreurs, mais sans crainte d’en commettre. C’est une vie adulte, parce que nous choisissons d’agir en fonction de notre conviction sur quel est le bon chemin à prendre, et non parce que quelqu’un d’autre nous dit quoi faire.
Cette grâce peut seulement être annoncée et témoignée, elle ne peut pas être imposée.
On peut annoncer que le Seigneur est comme un bon père miséricordieux, comme nous le lirons tout à l’heure, qui nous fait parfois des reproches, mais qui nous aime toujours en toute occasion. Et alors nous pourrons vivre intensément jusqu’au dernier jour, en sachant que la grâce de Dieu est pour nous et pour chacune et chacun.
Amen.
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Deuxième partie
La parabole que nous entendons maintenant est souvent dite du « Fils prodigue », mais avec l’autre titre de « Père miséricordieux », nous avons déjà une autre perspective ; mais considérez qu’évidemment, à l’époque, elle n’avait pas de titre.
Luc 15,11-19
Jésus dit encore : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Père, donne-moi la part de notre fortune qui doit me revenir ». Alors le père partagea ses biens entre ses deux fils. Peu de jours après, le plus jeune fils vendit sa part de la propriété et partit avec son argent pour un pays éloigné. Là, il vécut dans le désordre et gaspilla ainsi tout ce qu’il possédait. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer du nécessaire. Il se mit donc au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se nourrir des fruits du caroubier que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait.
Alors, il se mit à réfléchir sur sa situation et se dit : « Tous les employés de mon père ont du pain en abondance, tandis que moi, ici, je meurs de faim ! Je veux repartir chez mon père et je lui dirai : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne que tu m’appelles ton fils. Traite-moi donc comme l'un de tes employés’ ». Le fils le plus jeune non seulement veut sa part d’héritage avant la mort de son père, mais au fond c’est comme s’il rejetait sa condition de fils, il s’en va, il ne veut plus avoir aucune relation avec son père.
Dans la parabole, le père représente le Seigneur, et ici on parle de nous, lorsque nous pensons pouvoir nous passer de Dieu. Sûrs de notre part d’héritage, sûrs des capacités et des dons que le Créateur nous a donnés, nous pensons pouvoir être autonomes et décider de notre avenir sans aucune aide.
Le jeune homme alors s’en va et dilapide ses biens en vivant dans la dissolution, de manière « prodigue » comme on le traduisait autrefois, mais on pourrait aussi le traduire de manière imprudente, ce qui a moins d’implications morales. Il n’a pas pensé à l’avenir ni à la réalité, mais bientôt la famine devient la dure réalité qui se présente à lui. La crise le fait tomber dans la pauvreté et la misère, et il doit travailler dur pour gagner sa vie, et, même en travaillant, il survit de jour en jour, et il souffre même de la faim.
Cela représente la séparation de la source de tout bien, c’est-à-dire du Seigneur. Et nous rappelle combien la Parole du Seigneur et ses préceptes sont pour notre vie et non une fin en soi.
Le choc avec la réalité conduit le jeune fils à se convertir, à changer d’avis, à abandonner son arrogance envers le Seigneur. Nous sommes des créatures du Seigneur et connaître la réalité authentique de notre situation humaine nous fait aussi reconnaître notre erreur, notre péché contre le Créateur. La formule qu’utilise le jeune fils : pécher contre le ciel (pour ne pas dire Dieu) et contre toi, dit que si on est injuste envers quelqu’un, on l’est aussi envers le Seigneur.
Le jeune fils prend donc la décision de retourner auprès de son père, en acceptant tout ce qu’il décidera.
La question de l’histoire est donc : comment le père va-t-il réagir ? Et c’est là tout le sens de la parabole : comment notre Seigneur réagit-il lorsque nous allons vers Lui ?
Luc 15,20-24
Et il repartit chez son père. Tandis qu’il était encore assez loin de la maison, son père le vit et il fut bouleversé : il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l’embrassa longuement.
Le fils lui dit alors : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne que tu m’appelles ton fils… »
Mais le père dit à ses serviteurs : « Vite, apportez le plus bel habit et mettez-le-lui ; passez-lui une bague au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau bien gras et tuez-le ; nous allons faire un festin et nous réjouir, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et je l'ai retrouvé ».
Et ils commencèrent à faire la fête.
Le fils retourne à son père en reconnaissant son péché : s’être éloigné du Seigneur. Cependant, le père, comme s’il l’attendait, le voit de loin, court à la rencontre de son fils, ne le laisse presque pas parler de ce qu’il a fait de mal, mais l’accueille immédiatement. C’est la grâce de Dieu qui nous sauve, nous les pécheurs.
Cette parabole, qui parle de la miséricorde de Dieu, est racontée par Jésus-Christ, mort pour nous les pécheurs, pour notre rançon. La parabole du Père miséricordieux est donc vraie, mais seulement grâce au sacrifice de Jésus.
Et encore, il y a une sorte d’adoption pour le fils, qui avait rejeté la filiation et qui maintenant revient. Cela se manifeste avec la bague – probablement avec le sceau familial – qui nous dit qu’il est désormais vraiment fils. Comme nous, qui sommes aussi adoptés comme enfants de Dieu, grâce à Jésus-Christ.
Mais l'autre fils, poursuit la parabole, n’arrive pas à accepter que l’autre soit le bienvenu et proteste en disant qu’il a toujours servi son père. Il se sent comme un serviteur méritant, et non comme un fils. Au fond, sa relation aussi avec son père montre une distance. La situation, bien que différente, est toujours celle d’un éloignement de Dieu.
Lequel des deux fils sommes-nous dans cette parabole ? Nous sommes certainement le fils perdu, retrouvé et accueilli.
Mais nous pouvons aussi être le fils aîné, au moins quelquefois. Ce qui arrive si, et lorsque nous pensons, même un peu inconsciemment, que le Seigneur accueille les autres de manière injustifiée, et de fait nous revendiquons nos propres mérites. Et toutefois il faut comprendre que nous ne pouvons pas juger les autres, ni connaître leur cœur et leur vie.
Cette parabole parle donc de notre relation avec Dieu, mais aussi de la relation avec notre prochain.
Ce qui est fondamental, c’est que nous sommes toujours des fils, et jamais des serviteurs. Nous sommes toujours des fils, mais nous sommes souvent loin du Seigneur. Alors que Lui, à l’image de la parabole, est inquiet en nous regardant de loin, du haut des cieux, et court vers nous, plein de joie et d’amour, lorsque nous comprenons notre erreur. C’est pour cette raison que la parabole est aussi appelée celle du Père miséricordieux, précisément pour souligner la grâce de Dieu envers nous.
À la fin, il y a une grande fête. Une fête, parce que nous étions morts et sommes revenus à la vie ; nous étions perdus et nous avons été retrouvés ! C’est une fête pour nous, qui devenons bienheureux en étant accueillis par le Seigneur, c’est une fête pour nous, lorsque nous comprenons que le Seigneur accueille aussi notre prochain. C’est une fête que nous portons dans nos cœurs, qui rend nouvelle notre vie sur cette terre.
Amen.