Tout commence par le désir
Chers amis, quel est le désir qui vous habite ? Cette nuit ? Dans votre vie ?
Dieu nous désire. C’est ce que nous raconte l’histoire de Noël. Cette nuit, Dieu se cherche une place dans le monde, bien qu’il n’y ait de place nulle part : nous sommes complets.
Nos chambres, nos agendas, les pensées dans nos têtes : tout est plein ! Il n'y a pas de place pour cet enfant qui veut venir.
Les lits d'hôpitaux sont pleins, les infirmières sont débordées. Et chez moi à la maison, rien n'est rangé. Il n'y a pas de place pour une bonne nouvelle.
Nos smartphones sont pleins. Le combat et la guerre sont partout. Les peuples s'arment. Il n'y a pas de place pour le désir de paix. Pas de place pour l'espérance.
Ou bien si ? Dieu trouve un interstice. Dieu se glisse dans le ventre de Marie. Et Marie accueille le désir. Elle l'emporte avec elle. Elle le fait grandir dans son ventre et dans son cœur, jusqu'à ce qu'il soit prêt à naître : Tout commence par le désir. Dans le cœur, il y a toujours de la place pour plus.
Dieu se cherche une place. Dans le ventre de Marie. Dans le cœur des bergers. Dans la tête des rois. Peut-être aussi chez nous ?
Sommes-nous prêts à faire de la place à Dieu en cette nuit ? Dans nos cœurs et nos têtes, dans notre ventre ?
Mais en fait, est-ce que j'ai le désir de faire de la place en moi pour Dieu ?
Écoutons à ce sujet une histoire de Martin Buber, un philosophe juif. Nous avons légèrement adapté l’histoire à notre célébration.
Une jeune élève vient voir un rabbin et lui dit : « J'aimerais venir chez toi et devenir ta disciple. »
Le rabbin répond : « D'accord, mais à une condition. Tu dois répondre à une question : est-ce que tu aimes Dieu ? »
L'élève devient alors triste et pensive. Puis elle dit : « En fait, aimer, je ne peux pas dire ça. »
Le rabbin dit gentiment : « Bon, si tu n'aimes pas Dieu, as-tu le désir de l'aimer ? »
L'élève réfléchit un moment puis explique : « Parfois, je ressens ce désir très clairement, mais la plupart du temps, j'ai tellement de choses à faire que ce désir est noyé dans le quotidien. »
Le rabbin hésite, puis il dit : « Si tu ne ressens pas si clairement le désir d'aimer Dieu, as-tu le désir d'avoir ce désir d'aimer Dieu ? »
Le visage de l'élève s'éclaire et elle déclare : « C'est exactement ce que j'ai. Je désire ardemment avoir ce désir d'aimer Dieu. »
Le rabbin réplique : « Cela suffit. Tu es sur le chemin. »
Chers amis, je me sens souvent comme cette jeune élève. J'ai du désir en moi, un grand désir.
Je cours d'un rendez-vous à l'autre. Et je désire le silence.
Je lis à propos de guerres ; de guerres et de la pauvreté. Et je désire la paix.
Je vois même des jeunes gens tristes et accablés, qui ne voient aucune perspective pour leur vie. Et je désire un sens.
Peut-être est-ce un premier pas que d'établir un lien entre ce désir et Dieu ? Mon désir de silence, de la paix, de sens.
Mon unique désir d’avoir le désir d'aimer Dieu. Mon désir d’avoir le désir de croire que la paix est possible. Un désir ardent d’avoir le désir de trouver un sens à la vie.
Et vous, quel est le désir qui vous habite ? Cette nuit ? Dans votre vie ?
Écoutons à ce propos le poème tout entier de Nelly Sachs, qui nous encourage à poursuivre notre désir :
Tout commence par le désir.
Dans le cœur, il y a toujours de la place pour plus, pour plus beau, plus grand.
C’est la grandeur et la misère de l’homme.
Désir de silence, d’amitié et d’amour.
Et là où le désir se réalise,
il éclate encore plus fort.
O Dieu, ton incarnation n’a-t-elle pas commencé par ton désir pour l’humain ?
Que notre désir commence donc par là,
te chercher,
et qu’il se termine par là,
t'avoir trouvé.