Si à la fin de la célébration chrétienne les paroles d’envoi nous accompagnent dans notre « mission » de tous les jours, la bénédiction, elle, nous dit encore autre chose. Du latin bene (bien) et dicere (dire), la bénédiction est l’acte de « bien dire », de « dire du bien de », ou encore d’ « appeler le bien sur ». Dans les Écritures bibliques, la bénédiction est d’abord l’acte de Dieu qui dit, veut et réalise notre bien ; car pour lui, le dire et le faire ne font qu’un, comme le signifie le verbe hébreu dâbar.
La bénédiction divine commence avec la création par la Parole, comme nous le rappelle le premier chapitre de la Genèse et celui de l’Évangile selon Jean. Elle est présente pour Abraham à qui Dieu promet: « Je te bénirai. » Elle sort de la bouche d’Elisabeth qui s’adresse à Marie avec ces mots : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, ton enfant, est béni. » Elle trouve son aboutissement dans le mystère de la Parole faite chair, le Christ, mort et ressuscité pour nous, comme l’écrit Paul dans sa lettre aux Ephésiens: « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. »
Dans la finale de l’Évangile selon Luc, Jésus, levant les mains, bénit ses disciples et le voilà comme « emporté au ciel ». En tant que ressuscité, c’est le dernier geste qu’il accomplit et les dernières paroles qu’il prononce. Il rejoint Dieu, son Père, ses apparitions de Ressuscité cessent, et c’est lors de cette séparation qu’il bénit ses plus proches.
Il n’est donc pas anodin que la célébration chrétienne se termine aussi par une bénédiction de l’assemblée. Comme dans la finale de l’Évangile selon Luc, les gens vont se disperser, rentrer chez eux et vivre « séparément » leur quotidien. Le célébrant bénit alors les fidèles, il demande sur eux, sur elles, « le bien de Dieu », ce bien qui est présence, regard, accompagnement, soutien, amour…
Timothée Reymond, pasteur de l'Eglise évangélique réformée du canton de Vaud