Ce que nous appelons confession des péchés peut aussi être appelée confession du péché, prière de repentance, ou prière d’humilité. Cette diversité marque un certain embarras – voire un embarras certain! La notion de péché n’a pas bonne presse: elle charrie tout un imaginaire autour de la culpabilisation, du Dieu juge, qui voit tout ce que nous faisons, en tient le compte exact et attend son heure pour nous punir. Il vaut donc la peine de clarifier un peu.
Aucune de ces expressions n’est fausse, elles mettent l’accent sur des aspects différents. Le péché, au singulier, désigne ce qui, en nous, nous éloigne de Dieu et qu’il s’agit de déposer devant Dieu. Le péché peut se manifester de différentes façons (repli sur soi, mal commis sur soi ou sur d’autres) : ces différentes manifestations sont ce que le langage courant appelle les péchés, au pluriel. La repentance nous invite à regarder ce mal qui nous habite, au lieu de fuir, de faire semblant de ne pas savoir, de s’inventer des excuses. L’humilité vient dire encore un peu plus que nous reconnaissons nos limites, nos impuissances, nos imperfections, et que nous en souffrons et demandons l’aide de Dieu. Reconnaître qu’on a besoin d’aide, c’est déjà un immense pas pour aller mieux.
Dans la tradition réformée, il n’y a pas de confession personnelle ritualisée, mais une confession communautaire, dans le cadre du culte. La dimension communautaire est importante: le mal subi et le mal commis sont des expériences relationnelles d’une part, universelles d’autre part. Le fait que la confession prenne place dans le culte est également fondamental: un culte s’ouvre par une parole de grâce (souvent dans l'accueil) et se termine par une parole de bénédiction. C’est dans ce cadre qui nous redit l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun et pour chacune que nous pouvons dire nos parts sombres, tenter de les regarder, et laisser Dieu les regarder lui aussi, à y mettre sa lumière et son amour. Si nous nous éloignons souvent de Dieu, Dieu lui ne s’éloigne pas de nous !
La confession est une prière. Elle ne s’adresse pas aux autres humains, mais à Dieu, et cela nous rappelle que c’est sa puissance qui peut vaincre le mal, les forces de destruction et de mort. Elle est immédiatement précédée ou suivie d’une parole qui redit la grâce de Dieu. Cette succession d'éléments est importante. Dans ce contexte, on comprend bien que la confession ne cherche pas à acheter l’amour de Dieu. Au contraire elle est rendue possible par l’amour donné premièrement et inconditionnellement.
Sandrine Landeau, pasteure de l'Eglise protestante de Genève