La prédication prend place après la lecture des textes bibliques ; elle consiste en une interprétation des textes lus.
Dans la tradition protestante, la prédication représente le cœur du culte. Cette place centrale découle du principe du sola scriptura (l’Écriture seule), hérité de la Réforme du XVIe siècle. Ce principe affirme que la Bible est la seule parole qui fasse autorité en matière de théologie et de foi. En conséquence, la lecture des textes bibliques et leur compréhension ont une importance primordiale dans le culte protestant.
La compréhension des textes bibliques ne va cependant pas de soi. Pendant le culte, lorsque l’assemblée écoute les lectures bibliques, il existe de nombreux obstacles à leur compréhension : le langage utilisé est particulier ; le contexte historique et social est peu familier, les problématiques de l’époque sont éloignées de celles du monde contemporain. Tous ces éléments créent un décalage entre les textes lus et l’assemblée qui les entend.
Dans la prédication, le ou la célébrant·e propose une interprétation qui vise à surmonter ce décalage en actualisant les textes bibliques. Le ou la célébrant·e tente de dire en quoi un texte est pertinent pour nos vies présentes, quel est son message pour nous, croyants et croyantes du XXIe siècle. La Parole de Dieu est ainsi annoncée comme une parole vivante, une parole qui nous interpelle et nous questionne aujourd’hui encore.
L’interprétation offerte dans la prédication implique un double travail en amont du culte.
Il s’agit d’une part de déchiffrer les textes bibliques en faisant appel à différents instruments d’analyse : lecture des textes dans leur langue d’origine, en hébreu pour l’Ancien Testament, en grec pour le Nouveau ; étude des circonstances historiques de l’époque ; interprétation du sens des textes pour leurs contemporain·es, etc.
D’autre part, la prédication repose aussi sur ce que l’écrivain Georges Haldas nomme la « lecture inspirée », à savoir « […] ne pas recevoir ce qu’on lit comme une simple information. Mais vivre ce qu’on lit. » Pour le dire autrement, la lecture inspirée laisse la place à l’action de l’Esprit Saint. Les textes ne sont alors plus une simple suite de mots ayant traversé les siècles mais la Parole du Dieu vivant qui s’adresse à nous.
Construite sur ces deux piliers, le déchiffrage et la lecture inspirée, la prédication devient une manière d’écouter ce que Dieu nous dit aujourd’hui à travers sa Parole.
Sarah Nicolet, pasteure de l'Eglise réformée du canton du Jura