La prière d’invocation qui suit la salutation et l’accueil a quelque chose de paradoxal: elle invite Dieu – littéralement elle l’appelle – alors même que c’est lui qui nous a appelé le premier. L’Eglise est convoquée, appelée par Dieu, c’est ce que signifie le terme "ecclesia" en grec. Ainsi l’invocation du début du culte ne peut se concevoir que comme une réponse à l’appel toujours premier de Dieu. Finalement c’est lui qui prend l’initiative d’"invoquer/convoquer" son peuple.
Si Dieu nous précède dans la célébration, dans l’église, qu’il nous y invite et nous y accueille, quel est donc le sens de la prière d’invocation alors Dieu est déjà là? En fait, elle a tout son sens et sa valeur en ce qu’elle nous rend présent à Dieu. Elle permet de prendre conscience de la présence de Dieu et en atteste publiquement. En même temps, elle relève ainsi que nous sommes souvent distraits, absorbés par d’autres choses, que notre attention pour Dieu est bien fragile et que nous avons besoin de l’aide de l’Esprit Saint pour être vraiment présents dans le moment qui s’offre lors de la célébration.
Pour aborder maintenant l’aspect pratique de cette prière, le prof. Ermanno Genre, dans son livre sur la liturgie, écrit ceci : "L’entrée d’une maison n’est pas un lieu où l’on laisse longtemps les invités, c’est un lieu où l’on salue et où l’on invite à prendre place dans un autre endroit de la maison. Il en va de même pour la liturgie d’ouverture ou d’entrée qui doit être brève, concise, mais en même temps accueillante et invitante."
Tout est dit. La brièveté et la simplicité sont de rigueur dans l’invocation : elle invite Dieu, et lui demande de disposer notre être entier à accueillir sa présence. Elle ouvre sur le chant et la louange.
Ludovic Papaux, pasteur de l'Eglise évangélique réformée du canton de Fribourg