Dieu habite parmi nous

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Chers frères et sœurs,

Dans un monde sécularisé, dont les humains exploitent les ressources selon leurs critères d'efficacité et leurs exigences qui vont de plus en plus loin, Dieu n'a plus sa place. On a expulsé Dieu au dehors, on lui a donné sa place dans un petit coin, où il peut habiter comme sous-locataire, sans aucun droit d'influence.
Cela est loin d'être un fait nouveau. Dans l'Ancien Testament, le prophète Ezéchiel parle d'une évolution pareille : à cette époque, le peuple et ses puissants, les rois, se sont éloignés de Dieu. Ils servent des idoles créées par des mains humaines et se prosternent respectueusement devant les oeuvres des humains. Ce qu'ils ont laissé à Dieu, c'est juste l'intérieur du Temple. Cependant, tout le reste du domaine du Temple est utilisé en grande partie pour enterrer, par conséquent pour éterniser et vénérer les puissants morts, ce qui est à considérer comme un mépris du Dieu vivant.
Dans l'Ancien Testament, le mépris du Dieu vivant était toujours lié au mépris de l'humain, à l'oppression, à l'injustice sociale, à la détresse, bref à la destruction des valeurs de l'humanité.

Ézéchiel est un visionnaire qui a le sens de la réalité mystérieuse de l'Esprit divin se trouvant sous la surface des choses visibles. Il vit une vision, un évènement symbolique plein d'images, comparable à un rêve. Dans cette vision, le Dieu vivant prend puissamment possession du Temple, c’est-à-dire. de sa maison dans le monde visible, où les humains le toléraient jusqu'alors comme un sous-locataire qui n'avait à troubler ni leurs projets ni leurs actions.
Le lieu des sépultures royales et de la vénération des puissants morts est d'un coup rempli de vie par un bruit de grandes eaux et une lumière éclatante. Ezéchiel entend une voix qui lui explique ces deux phénomènes : "C'est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds; j'y habiterai éternellement au milieu des enfants d'Israël. " Le Temple représente, pour ainsi dire, ce monde où Dieu veut se manifester par sa présence.
En tout temps, à notre époque aussi, Dieu veut habiter dans ce monde et s'y mouvoir, là d'où l'obstination et l'égoïsme des humains veulent l'expulser et le repousser dans son petit coin pour le neutraliser et le bagatelliser, et cela au détriment d'eux-mêmes.

Les évangiles qui nous rapportent les paroles et les actes de Jésus, nous font comprendre que Dieu est venu dans ce monde par Jésus pour habiter au milieu des humains, y manifester sa présence, circuler parmi eux, être visible et perceptible par eux. En effet, le lieu du trône de Dieu dans ce monde était partout où Jésus était assis au milieu des humains, où il avait mis ses pieds sur le sol pour s'y mouvoir, rencontrer les personnes qui avaient besoin de lui. Par lui, l'image humaine, défigurée par l'inhumanité, doit être restaurée. Investi par la puissance de Dieu, il a effectivement restauré l'image humaine défigurée en guérissant des personnes malades et en offrant le pardon aux pécheurs. Le monde, devenu inhumain, a besoin d'être humanisé ou ré humanisé par la présence de Dieu.
D'après les paroles des évangiles, les disciples étaient témoins de l'Ascension de Jésus-Christ qui a été élevé au ciel. On pourrait l'interpréter dans ce sens que la présence de Dieu en la personne de Jésus dans le monde des humains était un épisode éphémère qui serait terminée par cet événement de façon définitive. Tout au contraire : cet événement signifie que sa présence s'élargit et s'intensifie pour se perpétuer. Le monde céleste de Dieu et le monde terrestre des humains s'ouvrent l'un vers l'autre.

Jésus-Christ a confié la mission qu'il avait reçue du Père à ses disciples et leur a donné l'ordre de transmettre son message à la terre entière. Il les a assurés de son aide et de son soutien et, à cette fin, il leur a donné son Esprit le jour de Pentecôte. Ainsi, il a posé la pierre angulaire pour l'édification de l'Église. L'Église est donc un signe pour nous montrer que Dieu habite au milieu des humains. Cependant, l'Église n'est pas un lieu limité et isolé dans le monde, mais elle est partout où des chrétiens se réunissent pour écouter la parole de Dieu et prier ensemble, tout comme nous qui sommes réunis dans cette église et réunis avec tous ceux qui nous écoutent à la radio.
Le but de notre réunion à l'église ne consiste pas à accomplir un devoir où à recevoir un enseignement. Ce qui nous importe c'est surtout que Dieu habite au milieu de nous, qu'il ait sa place dans nos vies, qu'il "circule", pour ainsi dire, dans nos vies et qu'il y fasse bouger quelque chose.
Lorsqu'on parle de l'Église, il ne faut jamais en avoir une conception étroite ! Si nous laissons Dieu habiter uniquement dans l'Église et l'excluons de notre vie quotidienne, nous le repoussons dans un coin pour le neutraliser et ne le tolérons qu'en tant que sous-locataire, sans aucun droit d'influence.

Malgré tout, nous pouvons apercevoir des signes qui nous font espérer : de nos jours, par opposition aux tendances du matérialisme et de l'égoïsme collectif et individuel, des questions fondamentales sont posées, même par des personnes qui n'ont aucun rapport avec une Église, mais qui ressentent que la vie humaine ne se résume pas à manger et boire. Ils se posent donc des questions comme par exemple : "Comment puis-je trouver un sens à ma vie ? - Quelle est ma place et ma responsabilité dans l'ensemble de la création ?" Ces gens nous avertissent que le monde n'est pas un espace, que nous pouvons occuper sans autre, où nous pouvons nous étendre sans réfléchir, que la nature n'est pas un dépôt de matière première dont nous pouvons nous servir continuellement pour fabriquer des produits toujours plus nombreux et raffinés jusqu'à épuisement, mais que ce monde est en revanche une création, l'œuvre d'un créateur, donc imprégnée par son Esprit, qui doit être traitée avec respect et soin.
Les personnes qui voient la création de manière telle et celles qui exigent un monde plus humain et qui s'engagent dans cette voie, expriment donc la vérité selon laquelle la place de Dieu n'est pas dans un coin caché où il est neutralisé et bagatellisé et d'où on peut le faire sortir les jours de fête, mais qu'il habite au milieu des humains.
Nous faisons l'expérience que Dieu habite parmi nous, non seulement pendant une heure à l'église, mais partout là, où nous éprouvons des impulsions rafraîchissantes revitalisantes comme les grandes eaux dans la vision du prophète Ezéchiel ou là, où nous rencontrons des idées et des expériences qui éclaircissent l'obscurité du doute, de l'embarras, de la tristesse et du manque de joie et d'amour, comme la lumière éclatante qui remplit le Temple.

Amen !

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