Prédication : Philippe Vonaesch
Comme on vient de l'entendre, il y a beaucoup de choses qu'on sait, mais qui ne nous aident pas, parce que ça ne représente rien de concret pour nous ; c'est de la théorie, des mots vides qui sonnent creux. Quand je vais mal et qu'il n'y a personne à côté de moi pour l'entendre, pour m'écouter, je sais bien que Dieu, lui, m'écoute. Mais est-ce que je le sens vraiment ? Est-ce que ça me fait vraiment du bien de le savoir ? " Ouais, je le sais bien ", mais…
Et pourtant, ce que je sais peut aussi m'aider à croire : il y a un autre savoir, qui n'est pas théorique, mais que je sais à partir de ma propre expérience de vie, à partir de ma propre expérience de foi. Ce savoir, c'est celui que Jésus exprime lorsqu'on enlève la pierre du tombeau de Lazare, et qu'il dit : " Père, je te remercie de ce que tu m'as écouté. Je sais que tu m'écoutes toujours. ". C'est une certitude, une conviction fondée sur l'expérience personnelle : " Je sais, je suis sûr que tu m'écoutes toujours. Parce que tu l'as déjà fait, et je l'ai senti, je l'ai éprouvé au fond de moi ; et parce que tu le feras encore. Je sais que tu le feras encore. "
Ce que je sais parce que je l'ai moi-même vécu, parce que je l'ai moi-même expérimenté, c'est comme un patrimoine de savoir qui peut m'aider à croire à nouveau, quand la crise ou le doute survient. C'est un fondement solide sur lequel je peux m'appuyer pour espérer, et avoir de nouveau confiance en Dieu mon Père.
C'est pour cela que, dans la foi, on se priverait de beaucoup de choses si on ne recherchait que les émotions fortes, que les moments de communion intense avec Dieu. Parce qu'on ne peut vivre un coup de foudre permanent avec Dieu ; il y a aussi des moments où Il me semble absent. Et alors, qu'est-ce qui se passe ? Je n'arrive plus à croire ? Ma foi s'éteint ? Non ! Parce qu'il me reste ce que je sais de Dieu, et ça je ne dois pas l'oublier ; le Psaume 103 nous le dit : " Mon âme, n'oublie aucun des bienfaits du Seigneur. " C'est important, c'est vital de se rappeler ce que Dieu a déjà fait pour nous !
Et le livre du Deutéronome, au chapitre 7, adresse cette recommandation au peuple d'Israël : " Souviens-toi bien de ce que l'Eternel, ton Dieu, a fait au Pharaon et à tous les Egyptiens, des grandes épreuves que tes yeux ont vues, des signes et des miracles que l'Eternel a accomplis quand il t'a fait sortir d'Egypte. "
Pour moi aussi, aujourd'hui, c'est essentiel d'avoir une mémoire de la bonté de Dieu, et de la conserver, presque de l'archiver, en l'écrivant par exemple dans mon journal intime, ou en soulignant dans ma Bible les passages, les versets qui m'ont un jour réconforté, redonné espoir. Parce que dans les moments difficiles, quand je traverserai peut-être une épreuve, et que j'aurai de la peine à voir Dieu ou à le sentir à mes côtés, je pourrai y revenir, je pourrai m'y référer. Je me rappellerai ce que Dieu a déjà fait pour moi, et je saurai qu'il peut de nouveau intervenir en ma faveur.
Et ça m'aidera aussi à croire des choses, des réalités de la foi que je n'ai peut-être pas encore expérimentées personnellement ! Mais je pourrai me dire : je sais que Dieu m'a déjà manifesté sa présence, sa délivrance, le fait qu'il se soucie de moi, que je suis important à ses yeux.
Prédication : Philippe Vonaesch
Marthe et Marie avaient une attente très précise à l'égard de Jésus. Elles attendaient qu'il arrive et guérisse leur frère Lazare. Amère déception, il ne vient pas à temps, et Lazare meurt ! " Ton frère ressuscitera, " dit Jésus. " Oui, je sais à la fin des temps, " répond Marthe désabusée. Marthe connaît bien son catéchisme, mais ça ne change rien à son présent. Le savoir est utile, il est même tout à fait nécessaire. L'instruction est à la base de la dignité de la personne. L'instruction, la connaissance sont des composantes indispensables de la lutte contre la misère et l'exploitation.
Comme enseignant j'ai souvent entendu : ça sert à quoi tout ce que l'on apprend. Les élèves ont parfois cette impression que ce qu'ils doivent apprendre est inutile. Je sais qu'il y a eu le big bang, je sais que la matière est faite d'atomes, je sais, je sais… je sais même qu'un jour je mourrai, mais qu'est-ce que ça change à ma vie maintenant ?
Notre société est fort savante, jamais la connaissance n'a été aussi élevée ; pourtant, combien de savoirs ne conduisent à aucun changement ? Nous savons que des produits sont nocifs à la santé, à l'environnement et pourtant nous continuons de les consommer, de les disperser. Le savoir est nécessaire mais pas suffisant. Marthe face à la mort de son frère parle d'un savoir qui ne change rien à sa vie. Je sais bien, mais ça ne change rien.
Comme chrétiens nous pouvons répéter en chœur : " Dieu est amour ! " est-ce que ça change quelque chose dans ma vie ? Est-ce que ce ne sont que des mots ? La réalité crie souvent plus fort : Ça ne me rend pas la santé ! ça ne me rend pas mon frère, mon épouse, mon enfant que de savoir que Dieu nous aime ! Ça n'enlève pas la misère du monde que de savoir que Dieu nous aime ! Marthe sait bien que son frère ressuscitera un jour, mais ce qu'elle sait ne l'aide pas à vivre maintenant ; sa connaissance est stérile. Jésus lui dit : " Je suis la résurrection et la vie. Celui, celle qui croit en moi vivra… Crois-tu cela ? " Elle répond : " Je crois que tu es la résurrection et la vie. " Une autre perspective s'ouvre. Quand on est amoureux, ce n'est pas seulement l'être aimé qui est beau, mais c'est la nature entière qui devient belle. Tout semble chanter notre amour.
On raconte l'histoire de cette petite fille qui n'avait pour jouet qu'une vieille poupée toute sale et mutilée. Quelqu'un lui dit : " Comme ta poupée est laide ! " La petite fille prend alors la poupée, la serre contre elle, la couvre de caresses, lui donne un baiser et dit alors en la tendant à son interlocuteur : " Tiens, maintenant elle est belle ! "
La présence du Christ ressuscité n'est pas une fable, si je prends au sérieux sa parole, quelque chose d'autre commence à naître en moi ; la vie même de Dieu commence à naître. Croire, ce n'est pas une faiblesse de caractère ou au contraire une sorte de volontarisme optimiste, mais une relation où je peux faire confiance à quelqu'un : Jésus-Christ, qui me dit : " Je suis la Résurrection et la Vie. " Jésus ne prononce pas ces mots de façon froide et extérieure ; en effet, l'Evangile nous dit qu'il fut troublé intérieurement par la souffrance de ses proches et même qu'il a pleuré. Ainsi dire à Jésus : je crois que tu es la Résurrection et la vie c'est entrer dans une relation où je retrouve confiance avant même que la réalité ait changé.
Amen !
Retrouver confiance avant que la réalité n'ait changé
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