Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? C'est sur terre qu'il vous attend, qu'il viendra vous surprendre.
La communauté de Jésus est précipitée dans le temps de l'absence. Démunis, désécurisés, les disciples regardent au ciel les yeux béats. Que peut-il arriver après Jésus ? Il a été lui-même la parole donnée par Dieu aux humains. Est-ce la fin puisque "tout est accompli" ? Un temps s'en va, un autre arrive. Un temps s'en va, qui ne sera jamais plus ce temps où Jésus offrait un appui visible, sensible, ce temps où Jésus donnait un visage à l'espérance. Un autre temps arrive : vous allez devenir porteurs de ma parole pour les autres ici et ailleurs, partout aussi loin qu'elle vous entraînera.
Le Dieu de Jésus-Christ s'efface pour faire place à la responsabilité des disciples, pour vous faire place, pour nous faire place. L'un s'efface pour que l'autre grandisse comme la mer se retire pour que les continents se profilent. Le silence de Jésus fait place à la parole des témoins. Il faut que le Maître meure pour que naisse la parole des témoins. La nôtre.
Quelle que soit notre situation aujourd'hui, que nous soyons alités, affaiblis par la maladie ou l'âge, découragés par ce qui nous atteint, engagés dans des oeuvres d'entraide, en pleine forme, passionnés par les richesses de la vie, nous pouvons être témoins. Chacun à notre manière, nous pouvons par ce que nous sommes, renvoyer ceux que nous côtoyons à Celui qui nous envoie. A nous de risquer une parole, la nôtre, pour offrir le Dieu de Jésus-Christ là où nous sommes. La parole du Christ se donne à travers cette pluralité de langages que nous représentons aujourd'hui, vous qui nous écoutez, nous qui sommes ici rassemblés.
L'effacement de Jésus ouvre l'espace de la responsabilité. C'est toute notre vie qui peut prendre figure de réponse à cet envoi. Quand Jésus dit : vous serez mes témoins, c'est comme s'il nous disait : ta vie, c'est beaucoup plus que tout ce que tu crois en connaître, nourris-toi de ma parole, nourris-toi de la communion, cela te révèlera qui tu es tout au fond de toi, cela t'ouvrira à ce que tu ne soupçonnais pas. Tu seras mon témoin.
Dans l'absence, les disciples ne sont pas seuls. L'Esprit, présence dans l'absence, leur est promis. Dans l'absence, dans l'Esprit, les disciples vont découvrir que la communion avec le Christ va s'approfondir, s'intensifier...
L'effacement de Jésus aurait pu introduire les disciples dans la nostalgie, il les ouvre à l'engagement dans l'espérance.
Personne ne peut être enfermé dans ce qu'il est ou n'est pas, dans ce qu'il a fait ou n'a pas fait, ou dans ce qu'on a fait de lui. La parole du Christ brise l'enfermement. Toute la vie de Jésus a été un surgissement de l'espérance dans les lieux d'enfermement.
Notre histoire n'est pas enfermée dans ces réalités qui pèsent sur tous comme un nouveau destin qui condamne tant de monde à être des rejetés du système, des nouveaux parias. Même là une brèche est toujours ouverte. Même quand nous nous trouvons encerclés par le silence, écrasés par le malheur ou envahis par la souffrance, aveuglés par l'absence, l'espérance est toujours possible.
Notre vie est faite de temps de silence, de temps d'absence, de temps de désarrois. Dans ces temps, il existe des voix de témoins qui donnent à vivre, il existe la Parole qui renouvelle le goût de vivre.
Qu'est-ce qu'un témoin ? C'est une personne comme vous et moi qui est travaillée par la vie et qui par ce qu'elle dit, par ce qu'elle est ou devient renvoie à l'Autre.
Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? C'est sur terre qu'il vous attend, qu'il viendra vous surprendre.
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HOMELIE DE L'ABBE CANISIUS OBERSON
Phil. 2, 1-5 - Act. 1, 6-11
L'Eglise catholique célèbre aujourd'hui la fête du Christ, Roi de l'univers. A première vue, cette fête se situe à cent lieues des solidarités dont il est question ici ce matin. Elle pourrait faire penser à un triomphe comme en connaissent les armées.
Pourtant, la royauté du Christ n'a rien à voir avec le triomphe de la force. Elle est le fruit de l'humilité et de l'amour du Christ. Si Jésus est roi, c'est parce que sa solidarité avec les plus pauvres de l'humanité s'est manifestée dès sa naissance à Bethléem. Elle se poursuivra tout au long de son existence terrestre, jusque sur la croix où il est solidaire de deux bandits crucifiés à ses côtés, et qui représentent tous les condamnés et tous les rejetaient de tous les temps. C'est à l'un d'eux qu'il déclare :"Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis". Ainsi advenait son Royaume en provoquant la stupéfaction et l'incrédulité de tous ceux qui attendaient de lui un coup d'éclat. Sa croix plantée en terre et pointée vers le ciel indiquait pour toujours à l'homme le chemin suivi par Dieu : le chemin de l'humilité, pour que l'homme soit élevé à sa dignité d'enfant de Dieu.
La croix de Jésus, son humilité, voilà désormais le chemin proposé au chrétien pour qu'il vive la solidarité. Paul disait : "Avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous". (Ph. 2, 3)
Cela peut paraître pure folie. L'humilité peut-elle inspirer nos vies dans lesquelles il faut à tout prix être les meilleurs et gagner ? La vertu d'humilité n'est-elle pas passée de mode ?
Encore faut-il bien s'entendre sur ce terme. Si la vie de Jésus a été humble et si elle a comporté des moments même d'humiliation, ce qui en a fait la valeur unique c'est l'amour. La croix du Christ ne serait rien, Jésus ne serait qu'un condamné parmi des millions d'autres, si sa croix à lui n'avait pas manifesté ce qu'il a lui-même déclaré: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". (Jn 15, 13). La croix est la manifestation extrême de la puissance de l'amour vécu dans l'humilité.
Dans le mot humilité, il y a le mot "humus". L'humus est la partie la plus riche du sol qui permet à la graine de germer, de grandir. Etre humble, ce n'est pas s'humilier et disparaître dans le néant, comme on dit quelquefois qu'on se cacherait comme une souris dans son trou! Etre humble, c'est faire appel au meilleur de soi-même, à son humus, pour que germent des fruits de vie. Paul appelait les chrétiens à l'humilité et à la concorde. Etre humble et vivre dans la concorde à la manière du Christ, c'est donc faire appel au meilleur qui est en soi, l'amour, l'attention aux autres, le respect, la compassion, afin que la solidarité manifestée par le christ agisse toujours et permette à chacun de vivre selon sa dignité d'enfant de Dieu.
Amen.
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Prédication du pasteur Timothée Houmard
J'aimerais partager avec vous quelques éléments de réponses et questions.
Avec un peu d'imagination, on peut facilement se représenter ce groupe de disciples, avec leurs regards rivés vers le ciel, perplexes à l'enlève-ment inattendu de leur Seigneur.
Aussi, on peut comprendre, eux qui avaient mis en Jésus tout leur espoir, qui ont tout quitté pour le suivre, et qui, encore, attendaient de Lui qu'Il rétablisse le royaume d'Israël.
Toutefois, l'Ascension de Jésus était une nécessité. Il fallait une "finalité" à la présence physique de Jésus. Car de cette présence coulait une sorte de dépendance: en effet, le ministère des dis-ciples dépendait très souvent de la présence même de Jésus. Nous lisons dans les Evangiles, quelques vécus malencontreux dûs à l'absence de Jésus. Donc, Jésus, dans son corps, était limité comme nous par le temps, les distances, les lieux. "Il est avantageux pour vous que je m'en aille" avait dit Jésus auparavant. Je pars, je n'emprunterai plus les chemins de Galilée et Judée, je ne prendrai plus les enfants dans mes bras, vos yeux cesseront de me voir... Je reviens, je me ferai connaître à vous, vous saurez que c'est Moi sans l'ombre d'un doute.
1. Car voici, je suis toujours avec vous.
Telle est sa promesse. Même plus, je serai en vous. Le Saint-Esprit nous fait connaître la présence ininterrompue de Jésus. Je suis toujours avec vous, je suis sans limite avec vous, ni dans le temps, ni dans les distances, ni dans les lieux, Depuis ce jour de Pentecôte, personne n'est véritablement seul. Aucune circonstance, si pénible et difficile soit-elle ne peut nous séparer de Sa présence. Même pas la mort ne pourra nous séparer de Lui.
Je suis toujours avec vous, alors pourquoi vous arrêtez-vous à regarder le ciel ? Je ne suis pas dans ce ciel que vous scrutez. Allez... à Jérusalem, c'est là que je vous précède." Retournez à votre quotidien, c'est là que je vous rejoins. Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder le ciel de vos regrets du passé, je ne suis pas là ! Allez, continuez votre chemin, c'est là que je vous attends !
La vérité de cette affirmation s'est confirmée avec bientôt 2'000 ans d'Histoire, sans jamais faire défaut à celui qui a véritablement reçu Sa Présence. Je suis toujours avec vous.
Une seconde promesse succède à celle de Sa présence.
2. Vous recevrez une "puissance" le Saint Esprit survenant sur vous.
A ce groupe de disciples tout ordinaires, des gens que rien ne distingue particulièrement est communiqué une puissance de vie. Une force explosive : sortir d'eux-mêmes et capables de bâtir son Eglise. Une force explosive de conviction, capable de changer des coeurs pour être le prolongement du ministère de Jésus. Une force explosive pour résister aux persécutions, une force explosive pour mourir pour la cause de l'Evangile. Une force explosive pour aimer, pardonner, persévérer, rester pur, une force explosive pour être capable de tenir en échec les puissances mauvaises. Et Cette même puissance nous est donnée comme signe de sa présence en nous.
Puisse chacune de nos vies rendre ce témoignage à la seule gloire de Dieu.
