Que cela fleurisse en nous !

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Chaque année, depuis l'Ascension, nous revivons une page importante de l'histoire de Dieu à la rencontre de l'homme...
... parce que nous avons besoin de nous souvenir pour mieux comprendre...
... parce que nous avons besoin de nous souvenir pour apprécier et réaliser la fidélité de Dieu.

Depuis l'Ascension, nous revivons l'absence du Christ ; un terrible temps d'absence, comme si Dieu s'était détourné du monde, détourné de nous. Noire nuit dans l'attente de l'aurore, journée fade privée de la moindre espérance.
Une image, une image à l'image du temps : celle du bateau, le monde, dont le capitaine en aurait tellement eu assez de diriger ses hommes - des hommes qui n'écoutent pas, des hommes qui n'obéissent pas, des hommes qui se lancent dans des manoeuvres contradictoires - qu'il aurait décidé, peut-être pour leur apprendre à vivre, de quitter, de déserter le navire.

Le monde, depuis l'Ascension, c'est un bateau abandonné aux hommes d'équipage, les hommes de la terre, tellement sûrs de mener le bateau à bon port !
Des hommes prétentieux, arrogants qui n'en veulent faire qu'à leur tête. On s'imagine sans peine le désastre, la pagaille à bord, chacun voulant ou prétendant savoir trouver sa route, la route, de jour comme de nuit, par temps calme comme dans la tempête... dans la clarté comme la brume du matin.

Parmi ces hommes pourtant, quelques-uns, une poignée pour reconnaître assez rapidement l'importance du capitaine, au mépris de ceux qui restent persuadés de leurs capacités, une poignée d'hommes pour reconnaître l'autorité du capitaine et qui se souviennent de ce qu'il leur avait dit avant de les quitter : "Il est bon que je m'en aille mais, et avait-il encore ajouté, je ne vous laisserai pas seuls..." (Ev. de Jean).
Cette poignée d'hommes-là attend, malgré un léger doute, ils espèrent...
Leur espérance n'aura pas été vaine, ni n'aura été trop longue : quelques jours, 10 au plus. La Pentecôte, pour eux, c'est la voix de Dieu qui se fait à nouveau entendre : ils retrouvent leur route !

La Pentecôte, c'est le souffle de Dieu qui, comme l'oxygène, vient régénérer l'homme, lui donner comme un second souffle, une vie nouvelle. Ce souffle, l'Esprit de Dieu est essentiel. Il est le principe même de la vie. Plus encore, il oriente la vie à une condition : accepter de le recevoir sans condition et se laisser guider !
En quelques mots, cela paraît simple, mais à y réfléchir ça l'est beaucoup moins.
L'esprit de Dieu est une puissance qui nous pousse en avant sur le chemin de la vie tout en étant comme un phare puissant, comme un radar qui, de jour comme de nuit, décèle pour nous les écueils, les récifs, les difficultés de toutes sortes, pour que nous puissions les éviter et, tout en gardant le cap, les éviter et poursuivre notre route.
Mais, et il faut le préciser, l'Esprit de Dieu ne fait qu'éclairer les écueils ; à nous de décider de les éviter, à nous de demander à Dieu le courage, la force de les éviter. En quelques mots, de laisser à Dieu le soin de piloter notre vie.

Une précision s'impose encore pour être vrai : l'Esprit de Dieu est pour l'homme une menace. C'est qu'il est dérangeant… dérangeant parce qu'il modifie celui qu'il touche, dérangeant parce qu'il modifie, transforme celui qu'il anime. Touché par l'Esprit de Dieu, touché par son souffle, l'homme ne peut rester le même, il ne peut plus l'être...

L'enjeu en vaut-il la peine ?... A vous de faire le choix ! Mais l'Esprit de Dieu ne fait aucune concession. Il faut accepter d'être mis en terre, accepter d'être arrosé, accepter d'être taillé, accepter d'être ébranché... accepter ! Accepter pour donner. Accepter pour vivre pleinement la vie qui m'a été donnée.

Il y a un peu plus d'une semaine, un vigneron me disait ceci : "Avec cette chaleur, ce soleil, la vigne est partie trop vite. Il faudrait maintenant que la pluie nous tombe du ciel..." Oui, du ciel...
Et il ne savait pas si bien dire ; du ciel on peut attendre autre chose, que ce soit le soleil ou la pluie, autre chose qui ne dépende pas de nous... quelque chose qui donne un sens à notre vie, un sens et une puissance...
Ce sens et cette puissance s'expriment dans le récit de Pentecôte. Ces hommes et ces femmes, de provenances diverses, de langues diverses, soudainement se comprennent. Vous souvenez-vous du récit de la Tour de Babel ? Le récit de ces hommes qui voulaient se rapprocher de Dieu et qu'il a dispersés, les contraignant à s'exprimer en langues différentes, rendant ainsi leurs rapports impossibles.

Aujourd'hui, le récit de la Pentecôte marque définitivement la réconciliation de Dieu avec les hommes. Ils retrouvent tous une langue commune : c'est la langue du cœur, une langue qui ne s'exprime pas forcément par des mots, une langue, un langage compris pourtant par tous !

Je peux vivre ma petite vie tout seul, sans rien demander à qui que ce soit, sans rien attendre de qui que ce soit, sans rien donner à qui que ce soit... mais cette vie-là n'est pas la vie !

Le Christ, depuis son ascension, nous a ouverts à une autre perspective. Il nous a ouverts à une présence plus universelle: sa démarche d'amour. Cela peut nous mener loin, par des paroles, mais, mieux encore, dans des actes, des prises de position, des engagements en faveur de nos frères, en faveur de la création et... pour nous aussi...

Faire preuve d'amour, c'est se laisser pénétrer, transcender par le Christ, c'est demander et accepter que l'Esprit de Dieu vienne en nous. L'Esprit de Dieu ne génère en nous ni pitié, ni condescendance. Il bannit tout jugement, toute satisfaction de soi. Il s'inscrit dans la gratuité, dans la gratuité de Dieu.

Pentecôte c'est cela, et c'est plus, bien plus encore, mais il ne servirait à rien de célébrer aujourd'hui la Pentecôte si nous décidons de rester spectateur, spectateur de l'événement, spectateur de l'histoire. Les spectateurs, ce sont les autres, ceux qui veulent rester maîtres de leur destinée. Aujourd'hui, comme hier, c'est d'acteurs dont Dieu a besoin, d'acteurs, d'hommes et de femmes qui acceptent d'être touchés par l'Esprit de Dieu, touchés et dérangés pour se mettre au service de Dieu.

Seigneur, donne-nous d'éprouver le besoin de recevoir ton Esprit... donne-nous de te le demander au matin de chaque jour, pour que l'amour, le pardon, la justice et la paix fleurissent en nous !

Amen.

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Avec la participation de
Orgue
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