Le meilleur est à venir !

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Un homme d'une trentaine d'années qui sait que ses jours sont comptés...
Jésus! Franz Schubert! Et peut-être aussi toi qui m'écoutes depuis ton lit d'hôpital.

Parlons d'abord de Schubert. Franz a 26 ans quand il se découvre gravement malade; il mourra à l'âge de 31 ans. Ce qui me frappe dans ces cinq années, c'est qu'elles sont marquées avant tout par l'amitié et la créativité. Bien entendu, Schubert est amical et créatif depuis longtemps déjà, mais la souffrance vient encore approfondir, densifier, féconder ces valeurs. Il en est d'ailleurs conscient puisqu'il écrit dans son journal, à 27 ans: "Mes créations sont le fruit des mes connaissances musicales et de ma douleur." (27 mars 1824) Il a su faire quelque chose de ce qui lui arrivait...

J'entends aussi Schubert comme un encouragement pour tous ceux qui pensent qu'ils n'ont plus rien à vivre, plus rien à donner. Quinze jours seulement avant sa mort, il allait prendre sa première leçon de fugue et de contrepoint chez un nouveau professeur parce qu'il voulait améliorer encore ses connaissances de composition. Après 10 symphonies, 17 opéras, 7 messes, 600 Lieder et j'en passe...

Faire quelque chose de notre vie...
Mettre nos dons au service des autres...
Porter notre croix plutôt que la subir...
Traduire en actes nos convictions.
Voilà autant de points de contact entre Schubert et le message biblique.

Il en est un plus mystérieux -et plus controversé- que j'aimerais développer maintenant: à 26 as, Schubert se découvre atteint d'une maladie vénérienne. "Quelle horreur!" diront les uns. "Quelle souffrance", dirons-nous; surtout pour cet homme sensible, qui prône les valeurs romantiques. Quelle incohérence... et surtout quelle douleur, pour reprendre le mot de Schubert.

Franz, quand tu souffres de tes incohérences, tu es prêt pour le pardon, murmure l'Évangile.

Nous avons tous nos maladies honteuses et nos incohérences. Plus ou moins graves, plus ou moins conscientes; les gens les plus vertueux et les plus religieux étant parfois les plus durs et les plus crucifiants, comme nous le rappelait tout à l'heure l'Évangile:
"Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les scribes, qu'il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite." (Marc 8, 31)
Jésus rejeté par les meilleurs... mais il ne se lamente pas.
"Il le faut", dit Jésus. Non seulement parce que ce système religieux, comme tous les autres, rejette impitoyablement ce qui le remet en question.
"Il le faut", parce que le chemin du salut passe par là. Oui, Dieu a choisi de passer par notre mort pour y faire triompher sa résurrection. Dieu a choisi de passer par notre jugement pour y faire triompher sa grâce.
Il le fallait... pour que Schubert, toi et moi puissions trouver le pardon et la paix.
Il le fallait... pour que Schubert, toi et moi puissions traverser la mort et en sortir ressuscités.
Il le fallait même tellement que Jésus est incroyablement dur avec l'apôtre Pierre lorsque ce dernier veut l'en dissuader: "Vade retro, Satanas!" "Derrière moi, Satan!"
Ce faisant, Jésus démasque ce que j'appellerais le satanisme ordinaire, tellement ordinaire que saint Pierre lui-même peut en devenir l'agent. Ce satanisme ordinaire peut prendre mille formes, plus ou moins sophistiquées, intellectuelles ou religieuses, mais il se reconnaît toujours à une caractéristique: le refus de la croix.
Encore une fois, ce refus peut prendre différentes formes. En voici les plus courantes:
* Jésus n'est pas vraiment mort sur la croix, disent les uns
* sa mort n'a rien à voir avec moi, pensent les autres
* je n'ai pas besoin du pardon de Dieu, ajoute un troisième.

A quoi Jésus répond comme à Pierre: "Viens derrière moi; reprends ta place parmi les disciples au lieu de me barrer le passage. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les hommes."
"Tu penses comme les hommes"; ils raisonnent juste, mais avec des données fausses parce qu'ils voient tout de leur point de vue limité.
Remarquez: c'est comme les fausses notes!
Les fausses notes sont rarement des fausses notes!
La plupart du temps, ce sont des notes justes et bien intentionnées... qui ne respectent pas la partition ou le chef d'orchestre.
"Tu ne penses pas comme Dieu": tu crois que la mort est indigne du Fils de Dieu, c'est juste... mais tout faux: c'est ainsi que Dieu a choisi de sauver le monde.

Pour toi aussi Pierre, la croix viendra!
Pour toi aussi, Françoise, la mort viendra... à 30, 60 ou 90 ans, mais elle ne te gardera pas en son pouvoir parce que Jésus l'a détrônée, en ressuscitant, lui, le premier de tous ses frères.

Un pasteur entre dans une chambre d'hôpital pour y rendre visite à un collègue en fin de vie. Il est mal à l'aise. Il parle de la qualité des soins de l'ambiance; il risque quelques phrases consolatrices... "Arrête, Paul! lui dit le mourant, tu sois bien que le meilleur est à venir."

Détails

Avec la participation de
Orgue
Marc Dubugnon
Musique
Ensemble choral de Vevey, direction George-Henri Pantillon