Accepter la présence de Dieu dans nos vies

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Frères et soeurs,

Nous sommes toujours trop fiers... et c'est cela qui nous perd. Nous sommes trop fiers de ce que nous appelons être "nos expériences", trop fiers de ce que nous croyons être "nos possibilités", "nos capacités"..." et c'est cela qui nous perd.

C'est vrai qu'il y a une tendance en l'homme, naturelle peut-être, à se croire le centre du monde: important, essentiel, unique.

L'être humain qui se dit "adulte", croit que le fait d'avoir passé avec succès son permis de conduire lui permet de conduire sa vie. Il a donc pris le volant de sa vie entre ses mains et réfute à chacun le droit de lui faire des remarques... sur sa conduite autant que sur les directions qu'il prend.

Ses accélérations, c'est lui qui les veut, ses choix de direction, c'est lui qui en décide, et quand il freine. Ce n'est pas par nécessité, mais simplement par pure... disons... par pure décision personnelle... et seulement accessoirement par nécessité . C'est dire si l'homme "adulte" est un être qui se veut autonome, conscient et responsable de tout, pour tout et en tout... Il ne supporte ni remarque, ni contrainte, ni obligation, ni devoirs. Il est libre. Il se veut libre, il se croit libre. Question d'éducation, question de temps, d'époque... je n'en sais rien.

La Pentecôte ne peut pas plus mal tomber... aujourd'hui du moins. Le Saint-Esprit intercesseur... le Saint-Esprit consolateur... qui en veut bien ? Qui ? Personne ou presque...

Et j'entends les voix de ceux qui réagissent... et j'entends: "Je suis assez grand... Je suis vacciné... J'entends aussi: "Il y a longtemps que je n'ai plus besoin de personne... "Je sais où je vais"... J'entends aussi: "Je n'ai rien demandé... à personne". D'accord, je veux bien, je suis toujours prêt à faire confiance... Mais il y a tout de même des moments où il faut ouvrir les yeux. Regardez le monde et tous ceux qui gouvernent... regardez la situation économique actuelle... regardez la situation sociale, aujourd'hui.... regardez l'être, son vécu... et dites-moi ! Les tenants du pouvoir politique, les tenants du pouvoir économique, les tenants des valeurs morales, l'Eglise elle-même.... qu'ont-ils semé et que récoltent-ils ? Difficile, n'est-ce pas...

On se trouve aujourd'hui dans un flou artistique où tout le monde s'exprime sur n'importe qui et n'importe quoi. On parle politique, on parle nécessité, on parle économie, on parle éthique, on parle même philosophie.. Tout le monde dit tout sur n'importe qui et sur n'importe quoi... De plus, on est en pleine langue de bois, parce que personne ne dit vraiment ce qu'il croit et ce qu'il pense... Personne n'a le courage des mots... des mots vrais, des mots sensés, des mots qui parlent, des mots qui répondent... C'est qu'il faut faire attention, ne pas trop s'engager, mesurer ses mots pour ne pas se mettre les autres à dos. On n'a plus le sens de la mesure, plus le sens du vrai, de la nécessité du vrai.

Imaginez un enseignant qui dirait: quatre et quatre dont huit... Imaginez un autre disant: quatre et quatre font six... Imaginez maintenant qu'un consensus soit trouvé... on dirait alors: quatre et quatre font sept.

Seriez-vous d'accord... pas vraiment, je pense, même pas pour faire plaisir... Même si cette solution pourrait paraître une solution de compromis, d'entente et d'amour. Il faut voir les choses en face... comme on dit chez nous. Une rose est une rose... jaune, orange ou rouge... mais on ne pourra jamais faire passer une primevère voire une amaryllis pour une rose... Ce que j'ai envie de vous dire, c'est que... on croit tout tenir en main alors que notre langage ne colle même pas avec la réalité qu'on vit. Ce n'est jamais facile, je le sais, d'être cohérent. Et rien n'est facile aujourd'hui...

L'Esprit saint... je n'en veux pas... Je ne veux pas d'une méthode "Assimil" qui me ferait comprendre le langage des hommes. Je ne veux pas d'un Esprit saint, traducteur de poche... et je ne voudrais pas non plus qu'on me compare à un homme ivre, plein de vin doux... Je veux être moi-même et reconnu comme tel. J'ai ma dignité... Je ne veux pas être dérangé et je n'aime pas qu'on me prenne le volant des mains.

Ce que j'ai encore envie de vous dire aujourd'hui, ce sont des choses simples... le Saint-Esprit ne s'impose pas... il ne fait que déranger... le Saint-Esprit ne se dompte pas... il ne fait que passer et reste libre... le Saint-Esprit ne se met pas en boîte... mais il est là, toujours présent à qui veut l'accueillir et le recevoir... le Saint-Esprit ne se met pas en équation, pas plus qu'il n'est mesurable humainement ou scientifiquement.

Il est présence de Dieu, tout simplement. Présence de Dieu au quotidien.

C'est peut-être cela qui nous dépasse... nous qui voulons voir et toucher. C'est peut-être cela qui nous dérange... nous qui voulons comprendre et prouver... analyser et cerner avec des mots qu'on maîtrise. Il n'y a rien à prouver, rien à toucher, rien... que le vide... mais un vide qui est tout parce qu'il est créateur. Il y a quelque chose qui me parle à moi...

A l'origine, depuis l'Ascension, l'humanité a vécu un désert. Le Christ a rejoint son Père... l'humanité est seule, comme abandonnée, orpheline. Elle traverse un désert. Et depuis, nous ne cessons de traverser nos déserts à nous. Nos déserts ont des noms: souffrance, solitude, maladie, angoisse, échecs, questionnements... Déserts de vie, déserts d'avenir, déserts tout court....Des déserts terribles... des déserts qui sont arides, asséchés, sans vie. Des déserts où l'on voudrait bien trouver un semblant de vie et d'espérance. Un semblant de vie, une oasis... Nous avons pourtant, au fond de nous, trop souvent l'impression d'être seuls... seuls avec nous-mêmes... seuls et sans secours... Seuls, abandonnés... seuls face à l'indifférence des autres. C'est que nous avons oublié les paroles du Christ... "Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux"... et nous pensons que depuis que le Christ a quitté cette terre, nous sommes seuls, seuls avec nous-mêmes... qu'il n'y a rien à faire et que nous ne pouvons rien faire... Erreur, une de plus... En quittant ce monde, le Christ nous a assusés de sa présence... d'une présence qui porte, qui guide, qui conduit.

"Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux". On voit trop de gens souffrir seuls, peiner seuls. On entend trop de gens exprimer leur désarroi devant le monde d'aujourd'hui. Mais malgré les cris qui montent de la terre des hommes, l'homme reste seul. Il faudrait se dire, il faudrait se parler, partager... Il faudrait que l'homme "adulte" reconnaisse qu'il a besoin des autres et que, par-dessus tout, il a besoin de Dieu. Besoin que le Christ partage sa vie et le conduise. La Bonne Nouvelle de ce jour de Pentecôte c'est que nous ne sommes plus seuls. Nous pouvons ne plus l'être. Il suffit d'accepter le don qui nous est fait et laisser à l'Esprit le soin de nous conduire.

Vous connaissez cette petite parabole... Un homme arrivant devant Dieu lui demande de revoir sa vie.... Dieu accepte. L'homme voit alors des pas sur le sable, le long d'une plage. Il y a ses pas à lui et tout à côté deux autres pas. A qui sont ces pas, demande l'homme... Ce sont les miens, j'étais auprès de toi. Puis l'homme remarque que soudainement il ne subsiste et sur une longue distance qu'une paire de pas. Ah, dit l'homme... je le savais bien... Là je souffrais et tu m'as laissé seul... tu m'as abandonné... Non dit Dieu, ces pas-là, ce sont les miens... et je te portais.

Aujourd'hui, pour recevoir l'Esprit de Dieu, l'Esprit qui nous rend le Christ présent, il faut accepter de reconnaître notre faiblesse... Accepter de reconnaître nos limites... accepter de reconnaître que nous avons besoin des autres. Accepter de reconnaître que nous avons besoin de Dieu... dans nos vies.

Pour l'orienter, pour la guider et pour la partager.

Accepter la présence de Dieu dans nos vies, ce n'est pas perdre sa dignité, c'est la trouver. Il n'y a pas de gestes d'amour, d'affection, d'accueil qui ne soient des gestes de Dieu. Il n'y a pas de paroles vraies, des paroles de justice et de paix qui ne soient des paroles de Dieu. Mais nos gestes ou nos paroles de mépris, de haine et d'injustice sont gestes et paroles dans l'absence de Dieu.

Aujourd'hui, l'Esprit de Dieu est là... c'est lui qui nous rend le Christ vivant et présent au-delà des distances qui nous séparent les uns des autres... c'est lui qui nous unit, qui nous relie, qui nous réunit.

C'est lui qui nous donne de vivre dans l'amour et la paix. C'est lui qui nous donne de vivre l'amour et la paix.

Ton Esprit, Seigneur, nous voulons le recevoir !

Amen.