Dimanche des réfugiés

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Bien chers frères et sœurs,
C’est avec une joie profonde et joyeuse que nous nous adressons à vous, qui en ce moment vous retrouvez avec nous sur les ondes de la Radio Suisse Romande. C’est de la fière cité de Vallorbe que nous partageons avec vous cette heure de célébration. Vallorbe, installée aux confins de notre merveilleux pays, au beau milieu d’une verdoyante création, où la majesté des forêts et la douceur des collines se rejoignent pour chanter la gloire de Dieu.
Vallorbe, au cœur de ce canton de Vaud, celui qui se distingue des autres, dit-on, par son exception, son entêtement à dire haut et fort qu’il n’est pas d’accord, quand il sent la vie de ses frères menacés. « Que votre oui soit oui, et votre non soit non », proclame Jésus.
Vallorbe, ville unique au cœur de l’Europe, qui assure avec tout son cœur les bonnes relations entre le lord de Londres et le gondolier de l’Adriatique. Extraordinaire cette ville qui, par son tunnel bâti par les hommes du Sud, assure les rendez-vous de ceux-ci avec leurs frères du Nord. « Vous êtes tous les membres d’un seul corps. Gardez les liens de l’Unité, assurez les passages de l’Amour », recommande sans cesse Saint Paul.
Vallorbe, avec ce mystérieux appel de devenir le lieu de rendez-vous, le point de rencontre des hommes et des femmes venus des quatre coins de l’horizon, dans la quête incertaine d’un oasis de paix et d’accueil ; Vallorbe et son CERA (Centre d’Enregistrement pour Requérants d’Asile), connu maintenant de tous les Suisses, Vallorbe et son ARAVOH, qu’on appelle au fin fond de la Guinée « Mama Africa », un espace de repos et de partage, à qui en franchit la porte.
Serait-ce possible que la parole du Seigneur, proclamée par Isaïe, soit valable pour elle aussi: « Regarde : les nations marcheront vers toi… Lève les yeux, regarde autour de toi : tous ils se rassemblent, ils arrivent. » Parfum d’Épiphanie !

C’est du cœur même de cette cité que nous vous rejoignons ce matin, chers frères et sœurs, vous que la maladie, un accident retient à cette heure dans votre chambre d’hôpital, vous qui avez choisi, ou qu’on a un peu aidé ou forcé à choisir, qui partagez en EMS les peines, les joies de la retraite, vous qui vous retrouvez bien seuls, vous que la vie a parfois blessés, brisés. C’est avec vous et en communion avec tous nos frères et sœurs ici rassemblés des diverses communautés de Vallorbe que nous retrouvons, tous membres de la grande famille de Dieu, celle de l’Amour. Avec pour menu ce matin, une unique question : quelle place es-tu prêt à donner à l’immigré, qui vient frapper à ta porte ? Précisément la question qui dérange, qui fait naître des oppositions, qui pourrait bien même nous diviser.
Le fait est qu’aujourd’hui, à l’heure présente on en parle « des Requérants d’asile », de ce qu’ils sont ou ne sont pas, des peurs qu’ils font surgir en nous, des délits qu’ils sont susceptibles de commettre, rarement bien rarement des détresses qu’ils sont en train de traverser, loin des leurs.
Mais qu’a-t-il donc de si unique, si extraordinaire, cet immigré, ce requérant d’asile ? En chiffre, il représente, savez-vous combien? À peine 0,7 % de toute notre population. Mais dans les faits, dans la vérité, qui est-il donc ? Quand il s’exprime, le requérant, vous l’entendrez parler de maison qui n’existe plus, de quartiers saccagés, de proches exécutés sous leurs yeux, de nuits passées à se cacher dans une forêt, d’un immense point d’interrogation devant l’avenir.
Chose étonnante, très étonnante : ce qui se dit, ce qui circule et se raconte sur le venu d’ailleurs, c’est mot pour mot ce qui traversait la tête des gens à l’époque de Jésus. Soyez bien attentifs à la manière de réagir de cette Samaritaine : à l’étranger de passage, qui lui demande un peu à boire, elle rétorque, comme elle savait qu’elle devait le faire : « Comment, toi qui es Juif, tu me demandes de te servir à boire », sous-entendu : donner à boire, ça je le puis. De le faire pour quelqu’un venu d’au-delà d’une certaine ligne, ça je ne le peux pas. Toi, l’étranger, tu devrais bien être le premier à savoir qu’il y a des limites à ne pas franchir.
« Mais je suis fatigué, reprend le voyageur, j’ai dû faire un long, un très long chemin, je suis au bout de mes forces, je viens de très loin et souffre beaucoup. » La Samaritaine, qu’est ce qu’elle pense ? Probablement qu’elle aimerait bien faire quelque chose pour cet homme. Mais voilà, la Loi c’est la Loi. C’est à ce moment que l’étranger intervient : « Si tu savais le Don de Dieu… ! » et lui propose à boire une Eau qui comblera toutes ses soifs, toutes ses aspirations au bonheur, à la plénitude de Vie.
La Vérité, elle est là : cet étranger que tu hésites à accueillir, auquel tu es prêt peut-être à fermer ta porte : sais-tu bien dans le fond Qui il est ? « Si tu savais, qui est celui qui te dit : donne-moi à boire ! » Peut-être un homme comme tout le monde : et là il a déjà bien droit à ton accueil. Peut-être un envoyé de Dieu : quelqu’un qui va bouleverser et transformer ta vie. Peut–être, allez savoir, Dieu lui même qui a choisi ta maison, pour y faire sa demeure.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Père Jean-Pierre Barbey; Présidence : Dominique Troilo, pasteur et Abbé Christophe Godel, curé
Orgue
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Musique
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