Couleurs de la liberté

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Narration par François Schlaeppi, Marianne Schlaeppi et Christophe Allemann lors du
culte du 13 juin 2004 transmis du temple d'Yverdon-les-Bains

1er acte
Nous allons, maintenant, partir vers un pays lointain. Non, nous ne prendrons pas l'avion, notre imagination suffit. Si cela vous aide, fermez les yeux, mais peut-être qu'il serait mieux de les ouvrir, tout grand comme ça, et avec vos yeux ouverts " tout grand comme ça " vous allez regarder devant vous.

Regardez plus loin que votre voisin, plus loin que les murs de ce temple, plus loin que les maisons d'Yverdon, plus loin que les paysages que vous voyez depuis chez vous ! Avec vos yeux ouverts " tout grand comme ça ", regardez au-delà des montagnes, au-delà des mers et vous allez découvrir un pays … Un pays où le soleil brille presque toujours, un pays où il y a du sable, beaucoup de sable, tellement de sable qu'on pourrait y faire des châteaux fantastiques ; un pays où il y a de grands arbres qu'on appelle des palmiers, et c'est sur ces palmiers que poussent les dattes, vous savez, ces fruits tellement sucrés qu'ils en ressemblent presque à des bonbons. Dans ce pays on n'a pas construit des châteaux fantastiques comme chez nous, mais des monuments plus grands encore : des temples, des pyramides …

Oh oui, un bien beau pays, un pays qui fait rêver, un pays qui fait envie ! Un vrai pays de vacances !

Ma valise est prête, j'ai mis mes lunettes de soleil et mon chapeau, j'ai mon billet dans la poche ! Moi, je prends l'avion. Ce pays, je veux le découvrir ! J'aime le soleil, j'aime visiter les grands monuments du passé. Et peut-être même que je pourrai faire un tour à dos de chameau. Le chameau, une ou deux bosses ?
Ah oui ! chameau : deux bosses. Alors ce sera peut-être un tour à dos de dromadaire, ça ira aussi. Bye bye, je vous raconterai au retour !

2ème acte

Un vrai pays de vacances … !

Un pays de vacances ! Eh bien, vous m'en direz tant ! C'est bien beau les prospectus, mais quand je suis arrivée dans ce pays, je n'en croyais pas mes yeux. C'est vrai, il y avait du soleil ; c'est vrai, il y avait du sable fin ; c'est vrai, il y avait de grands et beaux monuments. Mais le soleil, il tapait dur, et les beaux monuments il fallait les construire. Et du sable, il y en avait partout, ça vous grattait, ça vous piquait les yeux, ça vous crissait sous les dents ! … Ecoutez cette histoire qu'on m'a racontée !

Ils étaient douze frères. Ils s'appelaient Ruben, Siméon, Lévi et Juda, Issakar, Zabulon et Benjamin, Dan et Nephtali, Gad et Asher et Joseph. Il y a très longtemps, avec leur père Jacob, ils étaient venus s'établir dans ce pays. Non pas pour profiter du soleil, non pas pour se prélasser sur le sable, non pas pour visiter les monuments ; non, ils étaient venus s'établir au pays d'Egypte, parce que chez eux il y avait la famine. Alors, ces douze frères, avec leur père, ont été heureux de pouvoir s'installer dans un petit coin d'Egypte, parce que là, ils avaient de quoi manger à leur faim.

Et c'est vrai, ils étaient heureux parce qu'ils se sentaient bien dans ce pays. Ils pouvaient y travailler honnêtement, ils avaient quelques terres pour y laisser paître leurs troupeaux, ils y ont construit leurs maisons. Vraiment, ils se sont bien installés ; c'est là que leurs enfants sont nés, puis les enfants de leurs enfants. Ils n'étaient que douze au départ, avec leur père, mais d'année en année, de génération en génération, leur nombre a augmenté, ils sont devenus toujours plus nombreux, toujours plus importants, toujours plus forts.

Les douze frères et leur père Jacob étaient morts depuis longtemps, les enfants de leurs enfants étaient devenus nombreux, alors il y a eu un nouveau roi dans ce pays d'Egypte. Un nouveau roi qui ne savait plus pourquoi tout ce peuple étranger vivait dans son pays. Le nouveau roi s'est mis à prendre peur ; il s'est dit : " Les descendants de Jacob et de ses douze fils sont devenus trop nombreux et trop forts, ils mettent en danger la sécurité de mon propre peuple ! "


Alors, ce nouveau roi a eu une idée. Il a fait travailler durement les descendants de Jacob ; il les a traités avec brutalité ; il les a obligés à construire ses villes et ses grands monuments

Les descendants de Jacob ont dû se mettre à fabriquer des briques, toujours plus de briques ; ils ont dû brasser le mortier pour construire les villes, toujours plus de mortier. Et le soleil tapait dur, et le sable irritait la peau, piquait les yeux, crissait sous les dents. Pour organiser le travail, surtout pour s'assurer que les descendants de Jacob travaillaient assez vite, le Pharaon - c'est ainsi qu'on appelait le roi de ce pays - le Pharaon a désigné des chefs de corvées, des gardes-chiourmes.

Ces gardes-chiourmes n'hésitaient pas à faire usage de leur fouet pour que le travail aille plus vite ; ils fouettaient les descendants de Jacob, comme on fouette un âne pour le faire avancer plus vite !

Ah ! elle était bien loin l'époque où Jacob et ses douze fils étaient heureux de s'établir dans le pays d'Egypte parce qu'il y avait la famine chez eux. Maintenant, l'Egypte n'était qu'une terre de misère, une terre où le fouet des gardes-chiourmes tapait aussi douloureusement que le soleil, une terre où le sable se mélangeait à la pauvre nourriture, tous les jours la même …

Oui, l'Egypte n'était qu'une terre de misère. Les descendants de Jacob n'avaient plus le cœur à être heureux, leurs visages se fermaient, ils avaient perdu leur liberté, ils n'avaient plus d'espérance, toutes les barrières s'étaient abaissées, leurs journées n'étaient faites que de larmes et de travail.

Non, non, à cette époque-là, l'Egypte n'était vraiment pas un pays de vacances ! Pays de larmes, pays de corvée, pays de souffrance. Les descendants de Jacob et de ses douze fils ne pouvaient que crier à Dieu leur misère : " Ô notre Dieu, vois notre souffrance, entends nos cris. Ô notre Dieu, viens libérer ton peuple ! ". Répétez avec moi !

" Ô notre Dieu, viens libérer ton peuple !
Ô notre Dieu, viens libérer ton peuple ! "

3ème acte

C'est une histoire ancienne, une histoire de la Bible, on la connaît… C'est plus comme cela dans notre monde d'aujourd'hui…
Non, ce n'est plus tout-à-fait comme cela dans notre monde d'aujourd'hui. Ce ne sont plus forcément des gardes-chiourmes égyptiens qui nous asservissent, on ne sue plus forcément à cause des pyramides à construire.
Mais aujourd'hui encore, des hommes, des femmes, des enfants ne voient pas la sortie du tunnel, aujourd'hui encore des barrières divisent des peuples et des familles,
aujourd'hui encore des gens tournent en rond dans leurs soucis, aujourd'hui encore des poings se ferment, aujourd'hui encore notre monde est ébranlé, aujourd'hui encore l'espoir est abattu, aujourd'hui encore des visages sont marqués par les soucis et par la souffrance.
Non, aujourd'hui, ce ne sont plus les gardes-chiourmes qui nous asservissent
Mais attendez, notre histoire n'est pas terminée.
Les descendants de Jacob et de ses douze fils souffraient sous le fouet des chefs de corvées et ils criaient leur misère à Dieu : " Ô notre Dieu, viens libérer ton peuple ! "
Dieu a entendu la prière de son peuple. Dieu a appelé un homme, Moïse. Dieu lui a dit : " J'ai vu la misère de mon peuple et je l'ai entendu crier sous les coups des chefs de corvées. Oui, je connais ses souffrances. Je vais le délivrer de cet esclavage et je vais lui ouvrir un chemin en direction d'un pays de liberté, un pays où coule le lait et le miel. "
Moïse est allé devant le roi, devant le Pharaon, et il lui a dit : " Laisse partir mon peuple ! " Mais Pharaon avait le cœur endurci. Il a fallu que bien des malheurs s'abattent sur son pays pour qu'enfin les descendants de Jacob et de ses douze fils puissent quitter le pays de l'esclavage, le pays de la souffrance, le pays de la misère.

4ème acte

Dieu a ouvert un chemin à son peuple, un chemin de liberté. Le peuple s'en est allé à travers le désert en direction de ce pays qui lui était promis, en direction de ce pays où coule le lait et le miel. Dieu a donné à son peuple des règles de vie qui permettent de changer l'esclavage en liberté, des règles de vie qui viennent mettre de la couleur dans notre vie.
C'est au sommet de la montagne du Sinaï que Dieu a donné ces règles de vie à son peuple, des règles de vie qui font naître l'espérance, des règles de vie qui permettent de " voir plus loin ". Et voyez comme subitement la réalité est transformée, voyez comme notre monde retrouve de la couleur !
Lorsque les barrières sont supprimées, ce sont des ponts qui se construisent et qui permettent aux gens de se rencontrer; nous ne sommes plus condamnés à tourner en rond dans nos soucis comme un poisson dans son bocal, mais nous sommes appelés à prendre notre envol comme un oiseau; les mains ne sont plus des armes pour frapper,
mais elles se tendent vers d'autres mains en signe d'amitié et de fraternité; à la place des bruits de destruction, c'est la musique de la joie et de la paix qui se fait entendre à nos oreilles; la désolation et la destruction font place à l'espérance qui peut à nouveau fleurir et donner du fruit; et les visages ne sont plus marqués par les soucis et par la peine, mais ils peuvent se tourner vers Dieu pour chanter ses louanges.

Je voulais partir en vacances dans un pays de soleil. Mais voyez, c'est un vrai chemin de liberté que Dieu nous ouvre. Voyez, nous ne sommes plus enfermés dans ce qui nous oppressait.
Maintenant ce sont comme des fenêtres qui se sont ouvertes sur un monde de couleur.
Les chefs de corvées ont disparu et c'est l'amour qui nous sert de guide.
Et regardez, même vous vous avez changé de couleur : rouge, vert, bleu, jaune, orange … L'espérance, l'humour, la gaieté, la joie, l'amour, la paix, la foi … voilà les vrais couleurs du monde, voilà les vraies couleurs de liberté !

Vive la liberté ! Vivent les vraies couleurs du monde : bleu comme le ciel, violet comme le pardon, jaune comme la foi ! Chantons les vraies couleurs de la liberté !

Détails

Avec la participation de
François Schlaeppi et Christophe Allemann
Orgue
Musique