Dieu parle… quels moyens nous donnons-nous pour l’écouter ?

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Le moment de louange et la lecture du Psaume 138 ont mis en évidence notre foi en un Dieu accessible, présent, attentif à toutes nos circonstances, même les plus douloureuses. Dieu pourrait se contenter de nous observer, mais il a beaucoup plus à nous offrir. Lisons les trois premiers versets de l’épître aux Hébreux : « Autrefois Dieu a parlé à nos ancêtres à plusieurs reprises et de plusieurs manières par les prophètes, mais dans ces jours qui sont les derniers il nous a parlé par son Fils. C’est par lui que Dieu a créé l’univers, et c’est lui que Dieu a désigné pour entrer en possession de tout. Il reflète la splendeur de la gloire divine ; il est la représentation exacte de ce que Dieu est, et il soutient l’univers par sa parole puissante. » (Héb 1, 1 - 3)
Un autre texte dans l’évangile selon Jean 1, 1 - 5, 14 : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes… La Parole est devenue un homme, et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire. Cette gloire, il la reçoit du Père. C’est la gloire du Fils unique, plein d’amour et de vérité ! »
Dieu a parlé. Dieu a parlé à nos ancêtres. Dieu nous a parlé ! Prenons le temps de nous arrêter quelques minutes sur cette information capitale : Dieu nous a parlé ! Dieu parle ! Quel cadeau pour nous ! Car ça ne va pas de soi ! Beaucoup de religions n’ont pas ce privilège de connaître un Dieu qui parle. Il aurait pu se contenter d’être cette grande puissance inaccessible, ce grand Horloger dont parlait Voltaire, Créateur sans souci, sans intérêt pour ses créatures. Il aurait pu juste provoquer le « Big Bang » du départ et laisser tout le reste s’organiser au gré du « hasard et de la nécessité », selon la formule chère à Monsieur Monod.
On peut encore imaginer un Dieu qui aurait coupé le son, un Dieu muet, apparaissant de temps à autre pour nous en mettre plein la vue, puis disparaissant, se contentant, entre deux théophanies, de nous dresser, comme le savant Pavlov a dressé son chien, à coup de susucres et de décharges électriques. On avancerait dans la vie en fonction de stimuli agréables ou désagréables, mais toujours sans paroles, sans références, sinon ceux de nos conditionnements ! Dieu aurait pu nous dresser, ou nous programmer, il a voulu nous parler !

En quoi la parole est-elle un privilège ?
D’abord, en ce qu’elle crée une relation. Qui dit « parole » dit « interlocuteur ». « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu. » La parole est constitutive de l’être et du mouvement qu’il y a en Dieu, du dialogue entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La parole souligne l’aspect personnel d’un Dieu qui aurait pu être puissance impersonnelle. Et Dieu créa l’homme et la femme à son image, c’est-à-dire entre autres, avec le don de la parole, la possibilité de répondre, de dialoguer. Au sein de Sa création et de toutes ses créatures, Dieu offre aux hommes et femmes que nous sommes, les bases d’une relation privilégiée, manifestant ainsi son désir de nous associer à l’intimité divine du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
En deuxième lieu, la parole permet l’expression d’une pensée, d’une volonté, d’un projet, d’un sentiment. Cela implique que Dieu a décidé de se révéler, de faire connaître son plan de salut et de nous dire son amour. « Je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma bonté » (Jér 31, 3) dit-il à son peuple par Jérémie le prophète. Combien de fois des croyants n’ont-ils pas été puissamment encouragés par cette parole, reçue comme pour eux-mêmes, directement de la part de Dieu, même des siècles plus tard. « Je te connais par ton nom… » (Ex 33, 17) dit-il à Moïse. Avec notre Dieu, il y a un « je » et un « tu », il y a un projet d’amour. On est loin du « ça » de la psychologie.
Ajoutons une troisième raison justifiant cette option de la parole ! La parole suscite une réponse (qu’on donne ou qu’on ne donne pas). Elle ménage un espace de liberté, invite à l’adhésion, propose l’obéissance. La parole ne possède pas son objet, contrairement à Satan et ses divinités associées qui lient, possèdent, envoûtent leurs victimes.
Relation, projet d’amour, liberté sont donc déjà contenus dans ce premier jaillissement de l’épître aux Hébreux : « Dieu nous a parlé ». Il y aurait là de quoi faire halte et répondre à notre Créateur en l’adorant. J’espère en tout cas que ce sujet alimente souvent votre louange.

Poursuivons maintenant notre réflexion ! Si Dieu a privilégié la parole dans sa relation avec nous, à nous de l’honorer en privilégiant notre écoute de sa parole ! Jésus a dit : Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu » (Jn 8. 47). Le prophète Esaïe, quelques siècles auparavant, en était déjà convaincu et il en témoigne en déclarant : « Le Seigneur, l’Éternel, m’a donné une langue exercée, pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu ; il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j’écoute comme écoutent des disciples. Le Seigneur, l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et je n’ai pas résisté… » (Es 50, 4 - 5).
Vous avez beau être né en pays chrétien, dans une famille chrétienne, vos oreilles restent bouchées si Dieu n’intervient pas un jour pour vous permettre de l’écouter vraiment comme un disciple. Sa grâce précédera toujours toutes nos ouvertures à son appel. Mais tous sont une fois ou l’autre appelés. Ce culte peut être l’occasion d’une découverte dans votre relation avec Dieu si vous vous êtes associés personnellement à la prière de notre premier chant qui disait : « Ouvre les yeux de mon cœur… ».

Pendant toute ma jeunesse, j’ai entendu des histoires bibliques, j’ai entendu des versets bibliques, j’ai appris par cœur des versets bibliques, j’ai raconté à d’autres enfants ces histoires bibliques, sincèrement convaincu, avec une foi réelle. Mais un jour, en 1962, il y a eu quelque chose de plus, par son Esprit… un peu comme pour Esaïe. « Dieu m’a ouvert l’oreille et je n’ai pas résisté. » J’étais parti de paroles divines consignées dans un livre, et je rencontrais tout à coup une personne, Jésus-Christ, Dieu fait homme, Parole vivante ! Depuis cette rencontre, cette prise de conscience provoquée par Dieu et difficile à expliquer, mon écoute de la Parole de Dieu a complètement changé. Cette relation à une personne, Parole de Dieu vivante, a transformé ma découverte de ce que Dieu dit dans la Bible, par Jésus-Christ et par l’Esprit Saint aujourd’hui. Et c’était bien avant mes études de théologie. C’est donc à la portée de tout un chacun, comme le roi David l’enseignait à son fils en disant : « L’Éternel sonde tous les cœurs et pénètre tous les desseins et toutes les pensées. Si tu le cherches, il se laissera trouver par toi ! » (1 Chr. 28, 9).

Retour à l’épître aux Hébreux : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières parlé à nos ancêtres par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils. » Quand le Christ est venu « habiter » parmi nous sur la terre, Dieu n’a parlé que trois fois directement aux hommes de l’époque pour dire simplement de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ! » As-tu rencontré Jésus-Christ ou en es-tu toujours encore à te bagarrer avec un livre, une religion qui te parlent de lui ? Est-ce que tu as déjà entendu sa voix ? Beaucoup abusent certainement de l’expression : « Le Seigneur m’a dit… » D’autres, au contraire, affirment, après des années de vie chrétienne : « Je n’entends pas des voix moi, j’ai la Bible, ça me suffit pour savoir ce que j’ai à faire ! » Ne jugeons ni l’une ni l’autre de ces attitudes ! Mais permettez un petit exemple !
Quand j’étais en voyage, éloigné pendant 2 ou 3 semaines de mon épouse, nous nous écrivions tous les jours et j’aimais recevoir ses lettres, lire sa prose et ses mots d’amour. J’ose croire qu’elle appréciait aussi ceux que je lui écrivais. Mais quand je suis à la maison et que nous buvons ensemble un petit café dans la véranda, je n’apprécierais guère qu’elle me glisse un billet dans la sous-tasse au lieu de me dire quelques mots, surtout quand elle y ajoute un baiser. Si le soir, en me couchant, j’éteignais ma lampe, lui tournais le dos, après avoir simplement déposé une lettre sur son oreiller, ce serait la crise conjugale assurée. C’est un peu la même chose avec le Seigneur, sauf qu’avec lui, les deux moyens de communication sont à savourer ensemble, ses lettres et ses paroles, car il est en même temps absent et présent.

Jésus prenait très au sérieux les Écritures, les grands textes des Psaumes et des Prophètes. Il s’y est plongé et étonnait les docteurs de la loi par ses questions alors qu’il n’avait que 12 ans. S’il a entendu les paroles de son Père « directement », c’est qu’il s’est d’abord nourri des Écritures Saintes soigneusement conservées par ses pères en Israël. Et quand je le rencontre lui, Parole vivante, je ne rencontre pas seulement un chef « charismatique », mais un Maître versé dans les Écritures, qui me convainc qu’il est aussi mon Sauveur. Il les prenait au sérieux les Écritures Saintes, et c’est la raison pour laquelle je veux m’en nourrir moi aussi. Je veux écouter comme écoutent des disciples, pour le suivre et marcher comme il a marché, obéir comme il a obéi, entendre mon Père céleste comme il a entendu son Père, et alors me donner à ceux vers lesquels il m’envoie, comme il s’est donné lui-même aux hommes, lui, pour nous sauver, moi, pour faire connaître son salut !
Pour cela, il faut du temps et le sens des priorités. Esaïe le disait déjà : « Matin après matin, il éveille mon oreille… .» Gare aux bouchons de cire mes amis ! Je me souviens d’une expérience très marquante de mon ministère il y a peut-être une vingtaine d’années. J’étais invité à apporter deux prédications dans le cadre d’un week-end de retraite spirituelle d’une église. Quelques jours avant, j’ai essayé de me mettre à l’écoute d’une parole de Dieu pour cette communauté. J’avais déjà lu deux ou trois choses, rempli quelques pages de notes, de références bibliques, mais après plusieurs heures j’étais triste, vide, insatisfait. J’avais étudié des textes bibliques, j’avais des lettres du Seigneur, mais je n’entendais pas sa voix ! J’ai crié à Dieu et… ouf ! il m’a répondu.
Or, ce que j’ai entendu n’était pas tellement destiné à l’église qui m’invitait, non, le message était pour moi. Voici ce que le Seigneur m’a soudain fait comprendre, en résumé : « Tu vas parler d’écoute, tu aimes ce texte d’Esaïe 50, tu l’as souvent médité ; tu te démènes pour l’église ; vu tes fonctions, tu lis régulièrement la Bible, il t’arrive même de dire de bonnes choses à tes ouailles, mais tu es en train de fonctionner… Tu me parles, ok, tu me lis, ok, tu étudies mes épîtres, d’accord, mais tu ne prends plus le temps de m’écouter vraiment ! Alors ce n’est pas parce que tout à coup tu décides de mettre même un jour à part pour m’écouter que je vais te répondre « sur commande ». Je veux une relation vivante avec toi, pas une liaison téléphonique où tu branches pendant des heures le répondeur automatique parce que tu es trop occupé ! » Voilà ce que Dieu m’a fait comprendre très gentiment. Et il a ajouté : « Tu sais, tu peux le redire à tes auditeurs, ça pourrait bien les concerner aussi ! »

Dieu a parlé ! Dieu parle ! Le croyez-vous ? Si oui, et nous sommes nombreux à le croire, quels moyens nous donnons-nous pour l’écouter ? Il arrive que deux jeunes gens de langue différente tombent amoureux l’un de l’autre. J’ai connu un jeune couple, elle était vaudoise, lui était danois. Ils s’expliquaient avec leur anglais scolaire au début, et dans le feu de leur amour tout neuf, leurs regards suffisaient pour exprimer tout le reste. Mais pour bien comprendre l’autre, il est bon de comprendre son langage et même sa culture, sa mentalité. C’est pourquoi notre vaudoise est allée vivre au Danemark, en a étudié la langue et s’est imprégnée de la culture locale par amour. Ils sont venus plus tard vivre aussi en terre vaudoise.
Si l’on aime, on prend du temps pour comprendre l’autre, on ne calcule plus. Or, on ne peut aimer longtemps une religion ou des textes, mais une personne vivante, Oui ! Jésus-Christ est vivant ! Sa résurrection est à la base de notre foi et il a dit à ses disciples ce qu’il nous dit encore à nous aujourd’hui : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jn 14, 23). C’est pourquoi, par amour, j’ai envie de connaître sa culture, sa mentalité, sa manière de réagir face aux circonstances, pour vibrer avec lui, pour sentir les choses le plus possible comme lui.
Dans ce sens-là, l’étude de la Bible devient passionnante, elle me plonge, si j’ose dire, dans la mentalité de Jésus-Christ. Le Saint-Esprit se fait alors pour moi professeur attentionné, il me conduit, au sein de l’église, vers ceux qu’il a qualifiés : docteurs, pasteurs, prophètes, qui enrichissent par leur ministère, leurs messages, ma connaissance biblique. Le Saint-Esprit actualise pour moi et pour ceux qui m’entourent les paroles du Christ, de manière à ce qu’elles s’incarnent aujourd’hui dans des paroles et des actes qui glorifient le Seigneur. Quand il te parle, c’est rarement pour te révéler des choses compliquées ou mystérieuses. Il te fait découvrir sa voix par des mots, des prénoms de personnes qu’il rappelle soudain à ton souvenir, par une idée qui t’amène à des actes d’amour concrets envers ces personnes vers lesquelles il te dirige ou auxquelles il te demandera d’écrire ou de téléphoner. Rappelez-vous le texte d’Esaïe 50 : « Le Seigneur m’a donné une langue exercée (littéralement « de disciples ») pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu. »

Nous sommes environnés de personnes « abattues », découragées, dépressives. Des enquêtes auprès de personnes seules ont prouvé qu’il y a moins de dépression et moins d’infarctus chez celles qui ont un chat à caresser. Or, chacun de nous est davantage qu’un petit félin qu’on caresse dans le sens du poil ! « Soutenir par la parole… » C’est là que se manifestera ce qu’a été notre écoute de disciple. Pas seulement par de l’aide matérielle, pas seulement par du temps disponible, pas seulement par des bons sentiments, pas seulement par la psychologie et l’intelligence (tous moyens déjà merveilleux !), mais par une parole qui me sera donnée pour l’autre, parole qui n’est pas ma parole, mais celle que Dieu me donnera, m’inspirera. Et ce ne sera pas forcément des versets bibliques tirés de mes fonds de mémoire. Une parole reçue, dans l’écoute du Maître, par le Saint-Esprit, matin après matin, puis toute la journée, pour que j’utilise, après mon oreille, ma langue de disciple, langue disciplinée, ni commère ni vaniteuse, langue, parole inspirée par l’amour que Dieu met en nous.
Tous disciples, tous témoins, tous porte-paroles du Seigneur là où il nous a placés. C’est ça l’Église ! Et l’on se focalisera moins sur le seul rôle du pasteur ! Dieu désire ardemment un dialogue permanent avec chacun de nous. Dieu a parlé à nos ancêtres, Dieu te parle ! Que tu sois seul avec ta Bible ou dans ton église avec ceux que tu connais trop bien, ouvre ton oreille, demande à Dieu la grâce de l’émerveillement pour cette bonne nouvelle : Dieu parle aujourd’hui, Dieu te parle aujourd’hui. Tu entendras sa voix. Sois béni(e) ! Sois bénédiction !

Amen !

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Détails

Avec la participation de
Orgue
Laurence Rapin (piano)
Musique
Groupe musical 4 p. (piano, guitare, cuivres),
chorale env. 15 p.