(ER) Go down, Moses. Nous avons entendu ce chant au début du culte. Et voici les paroles en français :
« Descends, Moïse, et va vers le rivage, Parle au vieux roi du peuple égyptien, dis-lui que Dieu t’a sorti de l’esclavage. Dis-lui que Dieu va délivrer les siens !
Vous ne peinerez plus sur la terre étrangère. L’vieux Pharaon ne vous tourmentera plus. Descends, Moïse, et va vers la rivière. Le Seigneur Dieu va sauver l’peuple élu !
L’vieux Pharaon va s’mettre à votre poursuite. Il se noiera dans les eaux de la Mer Rouge. Le Seigneur Dieu va protéger votre fuite. Vous ne mourrez pas dans les flots qui bougent.
Les opprimés ne seront plus dans la peine. Descends Moïse, parle au nom de Jéhova. C’est le Seigneur Dieu qui va briser les chaînes. Dis au vieux roi que notre peuple s’en va…
L’or de vos maîtres, vous le prendrez pour salaire. Vous bénirez le Seigneur qui vous sauva. Descends, Moïse ; au bord de la rivière. Dis au vieux roi que notre peuple s’en va… »
Le peuple s’en va dans un pays où le dimanche n’aura pas de fin…. C’est le rêve de l’esclave noir des plantations qui avait adopté la religion de ses maîtres avec une ferveur dont le Negro Spiritual porte la trace. Un rêve de migration vue à travers l’imagination et l’émotion des poèmes spirituels nés de la Bible. C’est grâce au christianisme que le noir terrorisé s’est élevé peu à peu à l’idée d’un monde où pourrait régner la justice.
…dans un pays où le dimanche n’aura pas de fin….
(CB) Dans la tradition biblique, comme dans toutes cultures, il y a 2 manières de relire l’histoire de ses propres origines :
- ou bien par une attitude d’exclusivisme où l’on affirme que la terre nous appartient à nous seuls, à notre famille, à notre tribu, à notre clan.
- ou alors par une attitude d’ouverture où l’on se souvient qu’on a trouvé refuge et qu’on a pu s’installer dans un pays d’abondance. La mémoire du passé atteste donc d’un don et ouvre à une communion généreuse.
Aujourd’hui, si nous, chrétiens, devons faire un choix, c’est la deuxième attitude, celle de l’ouverture que nous choisirons sans hésitation. Cette manière de vivre notre foi et quelque part, la confesser, a 2 conséquences :
- d’abord, elle provoque un élan de générosité : donner le meilleur de nous-mêmes, en faisant confiance au Christ qui veut que chaque être humain soit libre.
- puis, elle nous stimule à faire la fête, pas dans notre coin, mais avec l’étranger, en communion avec l’émigré, celui qui, peut-être comme nous dans le passé, n’a pas de terre et cherche un refuge.
(ER) L’Exode et le personnage de Moïse sont d’une première importance pour le poète esclave. Il se retrouve dans le grondement des flots et le bruit des foules en marche. Ces travailleurs harassés dans les plaines de la Géorgie ou les marécages de la Louisiane ont rêvé passionnément des ruisseaux de lait et de miel du pays de Canaan. Les malheurs du peuple dispersé, les revendications des prophètes, sont pour le chanteur noir, ses propres malheurs et revendications. Le passage de la Mer Rouge est vu comme une traversée, non seulement vers une liberté plus totale et dernière ; la sortie d’Egypte est la fin de l’exil terrestre. L’océan représente la mer des ténèbres. Il symbolise déjà dans la pensée antique le monde de l’incréé et de la mort.
Un pays où le dimanche n’aura pas de fin….
(CB) En tant que libanais, né à Beyrouth, je peux vous assurer qu’il est beaucoup plus difficile de quitter un pays qui est déchiré, qui ne va pas bien, que de partir de son pays par son propre gré et selon son propre plaisir !
Il nous serait possible d’accueillir des étrangers ou des réfugiés qui ont besoin d’un toit seulement quand nous arrivons à nous libérer de nos craintes et de nos préjugés. J’ai entendu à la radio une chanson dont les paroles disaient quelque chose comme ceci: « les gens qui ne sont pas comme nous, nous dérangent! » Ceci est malheureusement vrai !
Nous avons tous été troublés par les images de centaines de milliers de personnes quittant leurs maisons pour s’installer nulle part, comme l’année passée au Liban, ou dans bien d’autres pays, ces gens qui, avec un peu d’aide et de chance, se trouvent sous des tentes ! Ces images nous font mal encore ! Nous aurions envie de faire tout notre possible pour recevoir ces personnes, les abriter, les aider !
En même temps, nous avons d’autres émotions et d’autres raisonnements ! Accueillir des réfugiés chez nous est difficile ! Nous avons peur des gens que nous ne connaissons pas et qui ont vécu des atrocités. Vont-ils respecter les membres de nos familles, respecter notre manière de faire, les objets, l’heure ? Ne sont-ils pas dangereux ou violents ? Pour combien de temps vont-ils rester chez nous ? Après, vont-ils prendre nos places de travail ? La problématique est complexe. Nous sommes tiraillés entre le bien que nous leur voulons, et notre propre sécurité et notre intérêt !
(ER) Le Négro Spiritual touche des thèmes universels, il se place parmi les grands témoignages humains. La tradition d’Israël – elle aussi – a toujours repris et amplifié le récit du passage de la mer, au point que l’événement a été chanté comme miracle par excellence. L’œuvre du salut (donc le passage de la mer) est vue comme une nouvelle création, celle d’un peuple à qui Dieu fait traverser la mort. Il appelle à la liberté responsable de l’homme, en disant à Moïse de ne pas crier vers lui, mais de parler aux fils d'Israël : « qu'on se mette en route » !
Qu'on se mette en route vers le pays où le dimanche n’aura pas de fin…!
(CB) Une bonne manière pour nous situer par rapport aux réfugiés et pour nous stimuler à avoir une attitude ouverte vis-à-vis d’eux, est de nous mettre à leur place : si cela nous arrivait à nous, à moi ? Si j’étais réfugié, poussé hors de chez moi ? Où irais-je ? Que ferai-je ?
Vous connaissez certainement l’histoire de la Suisse mieux que moi, mais rappelons-nous qu’à la fin du XIXe siècle, des milliers de Suisses ont quitté leur pays pour aller principalement aux Etats-Unis, et aussi dans d’autres pays. Les causes de ces émigrations en masse n’étaient pas la guerre, mais les disettes, les famines et la pauvreté. Un livre d’histoire révèle même que les consuls suisses en Amérique déploraient souvent l’extrême pauvreté des nouveaux arrivants !
Si nous cherchons plus loin, nous trouverons probablement que dans chaque nation il y a eu des situations semblables ! Nous sommes donc tous vulnérables et pourrons vivre un jour les mêmes conditions que d’autres vivent actuellement. Ceci ne peut que nous aider à considérer ceux qui souffrent et à continuer nos efforts pour les assister et les protéger.
Chers amis, nous sommes tous les mêmes ! Des êtres humains fragiles qui ont besoin les uns des autres ! Nous avons les mêmes besoins, les mêmes aspirations, les mêmes droits. Que Dieu nous aide à oser accueillir et soutenir pratiquement et réellement les étrangers qui vivent parmi nous, qui travaillent comme nous, soutenir les nécessiteux, selon nos capacités et dans notre possibilité, pour qu’il « n'y ait plus ni Juif, ni Grec; ni esclave ni homme libre; qu’il n'y ait plus l'homme et la femme »; car tous, nous ne sommes qu'un en Jésus Christ, dans un pays où le dimanche n’aura pas de fin.
Amen !
Vers le pays où le dimanche n’aura pas de fin…!
Aucun résultat.