"Je suis la résurrection et la vie"

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Comme ils sont choux, nos enfants ! Comme la foi paraît simple quand on les écoute. Nous autres, les adultes, avons plus de peine à croire à la résurrection. Comment être sûr qu’un tel événement a réellement eu lieu ?
Les témoins peuvent être achetés, les écrits peuvent être trafiqués, même les livres d’histoire peuvent être orientés, même les émissions de télé peuvent être partiales. Alors comment être sûr qu’un événement comme la résurrection a réellement eu lieu ? En constatant les conséquences !
Nous n’avons aucun accès direct aux événements du passé, quels qu’ils soient. Mais nous pouvons en voir les traces dans la réalité. Nous sommes sûrs que Lothar a bel et bien eu lieu non pas parce que nous avons vu les photos dans le journal mais parce que nous avons pu constater les arbres brisés dans nos forêts.
Quelles traces ou quelles conséquences de la résurrection pouvons-nous constater ? Les trois femmes qui se sont levées très tôt pour aller embaumer le corps de Jésus ont pu constater que le tombeau était vide. Mais nous ? Nous pouvons constater, en lisant attentivement les évangiles, que c’est la résurrection de Jésus qui a suscité la foi des disciples, et non la foi des disciples qui a inventé la résurrection de Jésus. Pour elles, pour eux, c’était impensable que Jésus ressuscite avant le dernier jour.
Nous pouvons constater aussi, en écoutant ce que nous disaient ces enfants tout à l’heure, que la foi en Jésus Ressuscité se transmet de génération en génération à l’écoute de l’Evangile. Comme un rocher qui tombe dans un lac produit des vagues qui vont se propager très loin, la résurrection de Jésus a mis en mouvement des vagues de croyants qui ont traversé les siècles. De telle sorte qu’aujourd’hui, la preuve de la résurrection de Jésus, c’est vous !
Vous qui croyez. Vous qui vous levez et vous relevez d’entre les morts malgré tous les coups durs, toutes les maladies et toutes les déceptions. Vous êtes la preuve vivante que Jésus est ressuscité.

Et non seulement ressuscité… mais résurrection ! Comme il le disait à Marthe dans le passage de l’évangile de Jean que Martine Gagnebin vient de nous lire : « Je suis la résurrection et la vie… » C’est complètement fou, dit ma raison. Encore plus mégalo que d’affirmer : « Je suis la lumière du monde », comme mon collègue Jacques Dupertuis nous l’a rappelé dimanche passé.
Je cherche à comprendre : cela voudrait dire que la résurrection n’est pas seulement une belle promesse pour l’avenir comme le croyait Marthe : « Je sais que mon frère ressuscitera… au dernier jour ! » Cela voudrait dire que la résurrection n’est pas seulement une belle victoire du matin de Pâques, il y a 2000 ans. Une histoire du passé.
Cela voudrait dire que la résurrection agit aussi dans le présent, par Jésus, en Jésus, au travers de Jésus, à tel point qu’il peut dire : « Je suis la résurrection et la vie ! » C’est pas raisonnable ! C’est pas très porteur non plus ! J’aurais préféré que Jésus dise : « Je suis la guérison et la vie. » Après tout, il a guéri des centaines de malades et ressuscité seulement deux ou trois personnes. Ce serait plus utile que Jésus soit la guérison et la vie.

Et ce serait plus populaire que Jésus dise : « Je suis la libération et la vie ! » Après tout, il a libéré des dizaines de possédés qui étaient aliénés par les forces du mal. Oui, j’aurais préféré un Evangile de la libération et de la guérison, pas vous ? Et voilà que Jésus nous dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt.» (Jean 11, 25). Même s’il doit passer par la mort. Car qui dit résurrection dit d’abord passage par la mort. Et Jésus ajoute : « Celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais.» (Jean 11, 26). Ne mourra jamais… ? C’est donc qu’il s’agit d’autre chose que de vie biologique, qui, elle, doit finir tôt ou tard.
Jésus promet ici à celui qui croit en lui une vie spirituelle, qui commence dès le premier souffle de foi, qui va traverser tous les hauts et les bas d’un chemin de foi, chemin de croix parfois, et qui ne s’éteindra pas avec la mort. Une vie spirituelle qui s’enracine en lui, Jésus, et qui se nourrit de confiance en lui : « Celui ou celle qui croit en moi vivra… » C’est pourquoi je vous disais tout à l’heure qu’aujourd’hui, la preuve de la résurrection, c’est vous qui croyez, vous qui faites l’expérience, dans une vie quotidienne pas toujours rose, d’une relation avec le Christ qui vous dépasse et vous réjouit, d’une force qui vous porte et vous relève, mystérieusement mais réellement, au-delà même de ce que vous auriez pu imaginer.

Si la preuve de Lothar, c’est des arbres abattus ou déchiquetés, la preuve de la résurrection, c’est des hommes et des femmes qui restent debout dans la tourmente. Oui, Jésus ressuscité travaille aujourd’hui encore dans celle ou celui qui croit. Je vous en offre trois exemples pour terminer : Je pense d’abord à ce journaliste sud-américain cité par Charles Antoine : « On dit que je suis menacé de mort… Il y a dans cet avertissement une erreur profonde. Ni moi ni personne ne sommes menacés de mort. Nous sommes menacés de résurrection.» Le Ressuscité donne la force de risquer une parole, de s’engager pour la justice, de s’exposer pour la vérité.
Je pense ensuite à Sandra, qui voit sa vie rétrécir peu à peu sous les poussées de la sclérose en plaques. Elle a pourtant pu écrire ceci : « Il arrive parfois, et comme par instant, que de l’épreuve jaillisse la preuve d’un élan qui nous maintient debout. » Oui, le Ressuscité donne la force de traverser la maladie ou le deuil comme notre troisième témoin.
Jean-Marc a accompagné son épouse qui luttait contre le cancer avec une attention, une tendresse et une force impressionnantes. Cela pendant ces douze dernières années. Ruth est décédée il y a moins d’un mois, et c’est Jean-Marc qui méditera pour nous dimanche prochain, ici à St-Martin et sur les ondes de la RSR, cette parole de Jésus : « Je suis avec vous tous les jours ! » Parole du Ressuscité !

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Daniel Chappuis
Musique
Roland Volet, trompette