Préparer nos cœurs à l’attente de Noël

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Écouter le culte :

Alors que je méditais sur ces trois textes proposés dans cette nouvelle année liturgique pour le premier dimanche de l’Avent, je me suis souvenu de ce soupir entendu quelque part : « Ah si Dieu pouvait mettre un peu d’ordre dans ce monde !» Quel vœu, quel cri d’une portée insoupçonnée. Avons-nous déjà entendu de quelqu’un ou peut-être même en nous, un soupir qui ressemble à celui-là ?
Ces textes nous parlent justement de ce Jour où Dieu viendra « mettre un peu d’ordre dans ce monde ». Les promesses de Dieu sont magnifiques et ses exigences, ses avertissements sont sévères. Qu’il est difficile de tenir ces deux facettes de Dieu ensemble : sa sévérité, son jugement, ses paroles tranchantes sur nos vies et, en même temps, sa largesse, sa compréhension, son salut offert à toutes et à tous !

Tout au long de l’histoire de l’Eglise, on a vu des mouvements contradictoires se dessiner :
- une accentuation des promesses et une atténuation des exigences qui ont mené les chrétiens dans un angélisme suave ouvert à tout. Une vision d’un Dieu bonhomme, qui sourit de tout et qui ne se lasse pas des frasques de ses enfants. Le salut en est banalisé.
- Une mise en avant des avertissements et des exigences avec, comme corollaire, une perte de la consistance des promesses reléguées – par la crainte de la dépravation – au dernier rang des paroles de Dieu. C’est le légalisme fermé à tout ce qui n’est pas un effort de salut.

En fait, la réalité de la révélation biblique nous appelle à prendre au sérieux et les exigences, les avertissements de Dieu et ses promesses. Pour Esaïe, les armes se transformeront en outils agricoles; quelles promesses quand on regarde notre monde et ses investissements guerriers ! Oui mais cela sera le fruit d’une exigence phénoménale: le rassemblement des peuples autour de la Loi de Dieu et l’acceptation de Sa souveraineté et de Son jugement.
Quand Jésus nous parle, au travers de Matthieu, de la fin des temps, il nous informe que le jour et l’heure de ce moment colossal sont fixés et qu’ils appartiennent à la décision de Dieu le Père seul. Il y a de quoi se réjouir de cette promesse qui surpasse toutes les autres : un jour Dieu régnera! Oui, mais cela n’ira pas sans conséquences ni souffrances, puisque de deux hommes ou de deux femmes, occupés à la même tâche, l’un sera pris et l’autre pas, comme au temps de Noé.
Quant à Paul, il proclame aussi, avec force, que ce moment vient et que le Salut est plus proche de nous que jamais, mais il insiste fortement en nous exhortant à quitter les ténèbres et à marcher dans l’honnêteté. Comment tenir ensemble ces deux discours sans être sans cesse ballotté de l’un à l’autre dans l’insécurité et la peur ? Ou alors comment ne pas rejeter, dans un geste de défense, de colère ou d’incompréhension, une partie ou l’ensemble du discours de Dieu ?

C’est à ce stade qu’intervient l’une des réalité spirituelles de Dieu les plus difficiles à recevoir, un véritable scandale comme le dit Paul ailleurs en parlant de la croix : la Grâce de Dieu. Comment se manifeste-t-elle concrètement?
- Cette Loi autour de laquelle Dieu demande aux nations de se réunir et de se référer, il nous l’a fait connaître. C’est une grâce.
- L’un sera pris et l’autre laissé ? Oui, mais nous ne sommes pas à la merci d’un arbitraire qui tire au sort les sauvés et les perdus ; Il nous donne la possibilité d’entrer en responsabilité, c’est-à-dire de répondre à cet avertissement, en nous offrant de veiller. C’est une grâce.
- S’il nous demande de quitter les ténèbres, Il nous offre la lumière qui éclaire le chemin et dont nous pouvons nous revêtir. C’est une grâce.

Comment entrer dans cette grâce offerte ? Paul nous donne la clef fondamentale de ce processus : revêtir le Christ.
- Quitter notre suffisance spirituelle pour reconnaître que sans Lui nous ne pouvons pas tenir ensemble les promesses et exigences de Dieu et l’accueillir humblement dans chacune de nos vies comme Jésus, le Seigneur et le Sauveur dont nous avons besoin.
- Cesser de refaire le passé et de se lamenter de ce que nous avons perdu, cesser de tenter de prévoir l’avenir pour nous consacrer à notre mission présente, cohérente avec l’accueil du Christ dans nos vies.
- Pour ce qui nous est trop difficile, laisser Christ agir en nous !

Dieu viendra-t-il mettre un peu d’ordre dans ce monde ? Oui, sans aucun doute. Et même plus : il viendra y régner dans toute sa gloire. Dieu viendra-t-il mettre un peu d’ordre dans ma vie en vue de ce jour ? Oui si je lui réponds « oui » à l’ensemble de son offre : grâce et exigence, ensemble !
L’attente de Noël que nous commençons aujourd’hui sert à préparer nos cœurs à cette réalité incontournable : Dieu nous donne en Christ le moyen de vivre paisiblement à la fois ses promesse et ses exigences.

Amen !

Détails

Avec la participation de
Orgue
Denis Fedorov
Musique
Madrigal du Jorat, dirigés par André Denis; Denis Fedorov, accordéon