C’est Noël quand tu deviens Fils de Dieu.

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Cher frère, chère sœur ; cher ami, toi qui es à l’écoute,
Je ne sais pas si tu es entré dans ce temple parce que cela fait partie de tes habitudes pendant les fêtes de Noël ou bien parce que cela t’aide à chercher Dieu ou, encore, à remuer des souvenirs du temps de ton enfance.
Je ne sais pas si toi qui es à l’écoute dans la Suisse romande tu as attendu ce moment de culte avec attention, en te rappelant l’heure ou, comme il arrive souvent, tu es tombé sur ces ondes et tu as décidé d’écouter ces quelques mots et ces chants dont tu connais, peut-être, la mélodie.
Quelle que soit ta condition, quelle que soit ta référence de foi ou ta difficulté à croire, ici il y a une parole pour toi, une parole qui t’attend depuis beaucoup de temps, depuis 2000 ans. Une parole de liberté qui veut t’expliquer que tu es fils et fille de Dieu, que tu le saches ou non, que tu veuilles ou pas accepter ce don (parce que les cadeaux peuvent être refusés, même à Noël).
Tu es fils et fille de Dieu, toi qui n’y avais jamais pensé ou qui croyais être indigne de ça, toi qui t’entends bien avec Dieu ou qui peut-être es en colère avec Lui parce qu’il te semble qu’il ne répond pas à tes questions.

Il y a une autre chose que je ne peux connaître. Je ne sais pas comment tu vis ce Noël. J’aime penser que tu te portes bien, que tu es en bonne compagnie et dans la joie. Mais je peux t’imaginer aussi un peu égaré, comme je le suis, comme nous le sommes tous dans ce monde plein de misère et d’injustice, marqué cette année aussi par la guerre et par un deuil sans frontière et apparemment sans fin.
Et, puis, je voudrais penser aussi à toi qui ne supportes pas le Noël et tu attends que ces jours passent au plus vite, ces jours qui sont pour toi les plus lourds de l’année, parce que tout semble te dire qu’à Noël il faut être forcément content et c’est vraiment cette pression qui produit en toi un désespoir encore plus grand.
Oui, aussi pour toi il y a ici un cadeau de la part de Dieu, qu’on peut accepter ou laisser de coté, qui te sera offert à nouveau demain ou l’année prochaine, quand tu seras prêt à le recevoir.

Essaie d’ouvrir le cadeau avec moi, essayons ensemble de guetter ce don et d’ouvrir ce don. Tu es d’accord ? Voilà ce qu’il me semble voir, d’abord, dans le cadeau de Dieu : sa volonté de nous adopter comme ses enfants.
Tu n’es plus esclave, mais fils et fille de Dieu, à Noël. Noël n’est pas seulement la naissance du Fils de Dieu, comme on t’a toujours dit et comme on continue à le répéter. C’est Noël quand tu deviens Fils de Dieu. C’est celui-là le cadeau, le grand cadeau que Dieu veut te faire : l’amour d’un père (ou d’une mère).
Aujourd’hui, ici dans la Vallée du Pellice comme en Suisse, c’est le jour des cadeaux. Noël c’est aussi ça, souvent c’est surtout ça dans notre monde occidental. Nous, aussi, nous faisons des cadeaux aujourd’hui à nos enfants, à nos parents ou encore à nos petits-enfants, si nous en avons.
Ne te fais pas de soucis, je ne veux pas critiquer ces habitudes, comme on fait souvent dans les églises (et puis faire comme tous les autres quand nous sommes à la maison).
Je veux simplement rappeler ce que nous oublions trop facilement : c’est-à-dire que le cadeau ne peut pas prendre la place de l’amour. Ça peut être un signe de notre amour (et alors il sera petit autant que l’amour est grand), mais il ne peut se substituer à l’amour.
L’amour – et nos enfants nous le rappellent – est de les aider à grandir et à rester debout dans la vie, avec dignité, avec autonomie, avec détermination. A rester debout dans la vie quand la vie est belle et facile et à ne pas tomber quand elle est marquée par des moments de fatigue ou de douleur. Voilà l’unique vrai cadeau qu’on peut leur faire et que Dieu peut nous faire, à moi et à toi.

Tu es fils de Dieu, à Noël; tu n’es plus esclave ni des forces du destin, comme le dit l’apôtre Paul, ni de la religion qui ne te permettait pas de devenir adulte.
Maintenant tu me diras que tu t’es toujours senti libre et que tous les humains sont, de quelque façon, fils et filles de Dieu.
Ce qui n’est pas vrai. Ni l’une ni l’autre chose n'est vraie Ce n’est pas difficile de voir combien de choses nous conditionnent, en nous empêchant d’être libres. On peut commencer par les choix les plus petits de notre vie quotidienne. Sommes-nous des gens libres ? Combien parmi nous qui sommes ici dans ce temple ou à l’écoute de cette radio peuvent se dire libres d’avoir pu organiser leur vie comme ils voulaient, d’avoir pu vraiment choisir, de n’être jamais conditionnés ?
Et combien parmi nous sommes libres face à la maladie qui est là pour se déclarer d’un moment à l’autre, même quand tu es encore jeune et plein de questions ? Combien d’entre nous sentons-nous libres d’un destin capricieux qui souvent semble régler le monde ?

Au mois de juin dernier, je me trouvais sur les Twin Towers à New York et ils me paraissaient être en pleine sécurité. Qui aurait pu secouer ces réalités en acier qui étaient un défi vers le ciel ? Et les gens qui le matin du 11 septembre venaient de rentrer dans leurs bureaux se sentaient peut-être moins en sécurité que nous ici, aujourd’hui ?
Voilà ce que sont les «éléments du monde», ces forces mystérieuses dont, de temps en temps, il nous parait dépendre totalement. Nous en sommes esclaves, pauvres et riches, africains et asiatiques, américains ou européens.
Pareillement, beaucoup de gens, trop de gens sont encore aujourd’hui sous la loi, comme le dit l’apôtre Paul, sous l’esclavage des différentes religions.
En reprenant l’exemple de l’attentat de New York, ces jeunes hommes (et il y en avait qui ne savaient pas ce qui était en train d’arriver) qui ont détourné ces avions ou qui se font exploser en Israël, en pensant accéder comme ça à un paradis immédiat, sont-ils libres ?
Ou bien encore, en restant dans notre petit monde, ceux qui lisent les horoscopes ou vont consulter les magiciens pour écouter une parole qui les rassure, sont-elles des personnes libres ?
Non. Pour plusieurs raisons, personne parmi nous n’est né libre. Personne parmi nous n’est libre de vivre comme il veut ou de décider l’heure de sa propre mort.
Ainsi comme personne parmi nous n’est fils de Dieu (même si celle-là est une expression que nous employons souvent quand nous parlons de tous les êtres humains). La raison on la connaît très bien, les anciens la connaissaient déjà : les enfants des dieux pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient, sans douleur. Les humains, par contre, ont toujours fait ce qu’ils pouvaient dans la douleur.
Les enfants de Dieu dirigeaient les forces capricieuses dont on parlait tout à l’heure; les êtres humains ont toujours été gouvernés par ces forces. Pour les enfants des dieux la mort n’existe pas, pour les humains la vie est toujours une lente mort quotidienne.
Non, nous ne sommes pas fils de Dieu, nous ne le sommes pas du tout. Autrement nous ne connaîtrions pas la peur. Et avec la peur on ne connaît pas le remords, la fatigue, la souffrance, la fracture de la mort. Les dieux ne mouraient jamais.

Il n’y avait pas – et pour beaucoup il n’y a pas – de contact entre le plan de Dieu et le plan de notre vie. Nous étions – et pour beaucoup nous le sommes encore – définitivement, désespérément écartés des dieux. Eux là-haut, dans le ciel ou dans le fond de l’océan ou sur les sommets des montagnes ou dans le pouvoir indomptable du feu, de l’eau, du tremblement de terre ; nous ici, à combattre chaque jour avec les problèmes de notre vie quotidienne.

Voilà ce que le Noël  a été, si tu as eu la patience de me suivre jusque-là. L’action de Dieu, l’action unilatérale de Dieu, qui a renoncé à toutes les prérogatives des dieux pour devenir comme nous : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi… », dit l’apôtre Paul. C’est-à-dire un homme comme nous tous, qui a expérimenté la souffrance, la mort, l’abandon de Dieu que nous aussi, parfois, vivons. Et c’est à travers Jésus, notre frère qui a partagé nos conditions de vie, que tu es devenu – toi qui es à l’écoute – fils et fille de Dieu.
L’Évangile est tout là, l’Évangile de Noël  est devant nous. C’est simple, peut-être trop simple pour être accepté. Mais Dieu n’avait d’autre moyen pour te dire combien il t’aime. Dieu devait forcément descendre à ton niveau pour t’aimer.
On sait bien qu’avec l’amour c’est comme ça : pour aimer une personne, tu dois te mettre à son niveau, tu dois en partager jusqu’au bout les espoirs, les peurs, la douleur, les joies. Jusqu’au bout, pas seulement à moitié, pas en faisant semblant.
Chacun de nous s’aperçoit tout de suite si la personne qui te dit de t’aimer est vraiment à tes côtés pour aborder la vie. Tout le reste ce n’est que des bavardages, ce n’est pas de l’amour ; le reste c’est du paternalisme, de la bienfaisance, mais pas de l’amour.
Dieu, par contre, aime. C’est pour cela qu’il a envoyé son Fils, son Fils unique, pour que tu puisses à ton tour devenir fils, un fils libre.

Mais revenons à nous. Tu me diras que là ce ne sont que des mots. Peut-être des belles paroles, mais simplement des paroles. Rien n’a changé depuis le premier Noël : la peur est encore là, la douleur et la mort sont encore et toujours là.
C’est vrai, elles sont là, aujourd’hui comme hier, plus qu’hier. Mais toi tu n’en es plus esclave. Tu n’en es plus esclave, parce que tu n’es pas seul, parce que tu as un frère plus fort qui est passé à travers ton désespoir et à travers la mort sans quitter la main de son Père. Tu n’es plus seul, parce que Dieu n’est pas quelque part pas très loin. Dieu est ton père et ta mère et tu sais très bien, donc, qu’il ne te quittera plus, quoi qu’il puisse se passer.
Si tu te souviens de quand tu étais enfant, tu sais que même s’il fait nuit, si tout est noir, l’enfant n’a pas peur s’il sent la main de la personne qu’il aime. Il suffit d’un doigt et la peur s’en va. La nuit reste, mais la peur s’en va, parce que tu n’es pas seul. Tu as un père, une mère, une grand-mère, une « tata », une sœur qui t’aime. Et tout, vraiment tout, change. Tu es libre de la peur parce que tu sais être aimé.

Je pourrais citer beaucoup d’autres exemples. J’ai toujours été très frappé par les textes des « spirituals » des esclaves noirs. Ces chants parlent toujours de liberté et d’appartenance au Seigneur, de la dignité que tout être humain reçoit lorsqu'il sait être fils de Dieu.
Dans des conditions extrêmes, où tous les droits, même le droit à la vie, sont niés, ces femmes et ces hommes savaient d’être appelés à la liberté. Ils savaient ce que le Noël signifiait : toi qui n’avais rien, qui était sans famille, tu as tout ce qui appartient à Dieu. Tu es, avec Jésus, son héritier.
De quoi ? Premièrement, du sens de la vie. Ce que tu fais, ton engagement, ton espoir, tes fatigues, tes sourires, tes luttes : tout prend un sens. C’est-à-dire que ce n’est pas inutile, ça ne va pas vers le vide, vers le néant. Tout va vers le sens que Dieu a donné et donnera à toute l’histoire humaine, vers le rachat de cette histoire, vers la lumière, vers la lumière de la résurrection.
A Noël il y a déjà cette lumière, cette lumière que Jésus a connu et qui t’attend, parce que Dieu est ton Père et ce qui est à lui, est à toi aussi.

Je le répète une dernière fois : nous ne sommes pas éternels et nous ne possédons rien; nous quitterons cette terre les mains vides (même si plein de gens oublient cela). Mais Dieu nous a appelés à partager tout ce qu’il a : sa vie, que l’Évangile appelle « vie éternelle », son monde nouveau que l’Évangile appelle « royaume de Dieu », son pouvoir de transformation que l’Évangile appelle « résurrection ».
Je termine. En rentrant chez toi, aujourd’hui ou en éteignant la radio après ce culte, demande-toi si tu es arrivé à Noël. Pour faire cela, demande-toi si tu sais être fils et fille de Dieu, fils et fille aimé infiniment; rien d’autre !
Si tu peux répondre en t’adressant à Dieu en l’appelant « Abba », papa, tu as bien raison de fêter ce Noël : la naissance de Jésus et ton adoption.
Si tu n’y parviens pas encore, si tu n’y avais jamais pensé ou jamais vraiment cru, demande au Père de Jésus, à ce Père auquel Jésus s’est confié sur la croix en l’appelant Papa, de forcer ton cœur qui ne t’a pas dit que tu es fils de Dieu, frère et sœur de Jésus. Et puis accepte ce don; c’est l’unique don qui peut changer ta vie et ta mort. C’est le cadeau que Dieu veut te faire aujourd’hui qui est Noël. Joyeux Noël !

Amen !

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