Écouter le culte :
Au mois de juillet, en plein été, la douceur de l’air nous invite peut-être à rêver d’un nouveau monde – comme le prophète Zacharie :
Un monde clair et doux, abondant et unifié.
Un monde apaisé, tranquille, chaleureux.
Un monde en repos, en sabbat.
Un monde sur un banc, à l’ombre du grand arbre, ou jouant dans le sable, ou souriant au passant, un verre de blanc ou une glace à la main, cheveux au vent, léger, heureux.
Rêve et repos du corps et de l’esprit.
Nous rêvons d’un bel été pour la terre, pour les gens, un juillet tout bleu, un mois d’août tout rose.
Les anciens (comme le poète latin Ovide, à peu près contemporain de Jésus) racontaient le chaos originel, que les dieux allaient organiser, harmoniser, arranger, pacifier.
On trouve peut-être cette vision des origines dans la Genèse : Dieu arrange le tohu-bohu originel (expression hébraïque signifiant « vide et vague »). Dieu arrange et remplit le vide et le vague.
L’être humain est-il fait pour espérer? En quelque sorte doué d’une 4e dimension?
Comme le poète, il rêve de la métamorphose des temps et des êtres; il rêve d’un âge d’or, semé aux origines mais lent à croître, à fleurir et à s’imposer.
Ce matin, non comme une fuite mais comme un acte de résistance aux horreurs de ce temps ou aux simples embûches de l’existence, laissons-nous emporter par le rêve! Celui-ci prend la couleur d’une promesse, la réalité d’un engagement de Dieu lui-même. Alors, du coup, ce n’est plus vraiment un rêve!
Mais, pourrait-on objecter, Dieu n’est-il pas lui-même un rêve, l’expression d’une attente, un nom sur un ardent désir humain, seulement humain?
NON! Notre foi affirme que Dieu a un visage, celui de Jésus de Nazareth en Galilée, quelque part en Syrie-Palestine romaine, c’est-à-dire en un temps et un lieu de l’Histoire humaine.
Notre espérance désormais, c’est un rêve pour l’essentiel accompli: Jésus, le Christ, est ressuscité! Il est le repos de tout notre être.
Quoi qu’il arrive, notre confiance s’abreuve à sa personne, comme le voyageur à la fontaine.
Confiance: un mot-clé de la Réforme du XVIe siècle. Auparavant régnait l’angoisse religieuse; d’où l’intensification des pratiques de dévotion, signes d’insécurité (comme le note très justement le professeur Francis Higman).
Confiance… Ecoutons une parole de Jésus:
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et accablés, et moi je vous donnerai le repos. »
Jésus se tourne vers tous ceux qui peinent sous le joug du légalisme. On leur enseigne les dures exigences de la Loi divine sans leur offrir la joie du salut.
Son enseignement moral est sérieux, voire plus exigeant que la Loi traditionnelle, mais il est inséparable de l’offre inconditionnelle du salut.
Voilà pourquoi le « joug » de Jésus est « facile à porter » et son « fardeau léger » – des antithèses (des chocs entre les mots) que seul Jésus peut résoudre : sa loi d’amour n’accable pas, car elle est éclairée par l’amour premier de Dieu.
A celles et ceux qu’épuisent les peines de l’existence en général, Jésus ne promet pas seulement un repos à venir: il se présente lui-même comme le repos en personne, car toute menace se brise sur lui: «Venez à moi… ». Le verbe grec exprime ici une invitation pressante et joyeuse.
« Vous autres, venez à l'écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu » ou «Venez avec moi dans un endroit isolé pour vous reposer un moment.»
Il est, lui, le repos, le rassasiement de tout l’être.
Il fait installer tout le monde, par groupes, « sur l’herbe verte »: cette herbe verte est ici une délicate allusion au Royaume de Dieu.
Jésus donne l’exemple d’un regard confiant vers Dieu, tout en invitant au partage – son repos n’est pas léthargie: « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant son regard vers le ciel, il prononça la bénédiction, rompit les pains et il les donnait aux disciples pour qu'ils les offrent aux gens. »
La foi en Jésus Christ, c’est le repos de toute question angoissée; c’est l’apaisement de tout débat sur le sens de l’existence. Même en plein bonheur, on peut ressentir la morsure du temps qui fuit et, dans sa course, effrite les joies.
Mais l’été, c’est Jésus! Le printemps aussi, l’hiver et l’automne: il éclaire toute saison de son regard vers le ciel. Tout est bien!
Amen