Écouter le culte :
Nous vivons dans un monde hyper-connecté. Il nous est possible de suivre des événements qui se déroulent à l’autre bout de la planète en temps réel. En quelques heures, certaines nouvelles font le tour du globe et les dirigeants du monde entier apportent leurs messages de sympathie. Grâce au téléphone portable, nous sommes atteignables à peu près partout et n’importe quand. En deux clics sur Internet nous trouvons la réponse à une question que nous avions. C’est fascinant ! Bien que, c’est vrai aussi, ça peut être déroutant, surtout s’il y a 10 pages de réponses… sans oublier les WhatsApp, les publications Facebook et les publicités ciblées qui défilent.
Nous vivons la révolution de la communication. Une communication à toute vitesse, qui, comme beaucoup d’innovations a deux facettes, est fascinante et pratique. Mais elle peut aussi nous donner l’impression de nous disperser, d’être moins en phase avec le monde qui nous entoure ou d’être bombardés d’informations qu’on ne choisit pas toujours et qui prennent finalement énormément de place dans nos esprits. Paradoxalement, ce trop-plein suscite une impression de grand vide. D’autant plus que la solitude n’a pas reculé à l’ère de l’hyper-communication.
Ce matin, l’Évangile du jour nous parle aussi de communication. Mais d’une communication vue, non pas dans le sens d’une transmission d’informations ou d’images, mais dans le sens du lien et de la relation. Et pas n’importe quelle relation : celle avec le Dieu vivant. Un lien, une relation qui nous connecte autrement et qui, loin de nous vider comme un trop-plein d’informations, nous remplit de paix, d’amour, de joie et d’espérance.
Mais comment est-ce possible ? Avec tout ce que nous entendons autour de nous – violence extrême, mépris croissant – on peut se demander : « Mais où est Dieu ? ». Le monde semble vide de Dieu en regard de tout ce que nous constatons de négatif. Surtout qu’aujourd’hui, Jésus n’est plus présent dans le monde comme il l’a été il y a 2000 ans.
Finalement est-ce que ça ne serait pas plus simple si Jésus était encore parmi nous ? Nous le verrions de nos yeux, nous pourrions le suivre, écouter sa parole, nous réjouir des vies transformées par sa présence et des sourires rayonnant sur les visages. Et là nous pourrions dire concrètement : Dieu est présent parmi nous !
Dans le texte de l’Évangile, Jésus prépare justement les disciples à son départ. Il annonce qu’il va mourir. « Je m’en vais » leur dit-il et les disciples restent silencieux parce qu’ils sont profondément tristes et choqués. Ils se referment sur eux-mêmes; ils se sentent déjà orphelins. Après tout ce qu’ils ont vu et vécu, comment continuer à vivre sans la présence du Maître à leurs côtés ?
C’est là que Jésus les console de manière tout à fait surprenante. Il leur fait une grande promesse : celle de l’envoi du Saint-Esprit. « Il est préférable pour vous que je parte. Si je pars je vous l’enverrai. »
Oui, l’envoi du Saint-Esprit, la présence du Saint-Esprit, c’est une promesse immense. Par là, Jésus leur dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins. Bien au contraire ! Le Saint-Esprit vous soutiendra, vous rappellera tout ce que je vous ai dit et vous fera porter du bon fruit. » Comme ces premiers disciples, nous sommes aujourd’hui au bénéfice de cette promesse magnifique.
Mais qui est ce mystérieux Saint-Esprit ? Il n’est souvent pas la première personne de la Trinité à laquelle nous pensons dans nos traditions réformées.
Dans l’Évangile de Jean, le Saint-Esprit est appelé « Paraklètos » en grec, le paraclet, ce qui peut être traduit par défenseur, intercesseur, avocat, consolateur. Il est celui qui soutient par excellence – y compris quand l’adversité est forte. Il est plein de douceur et de réconfort dans les temps difficiles.
Mais il a surtout une caractéristique, peut-être la plus grande : il ne parle pas de lui-même mais de tout ce que Christ a accompli. Il nous permet de nous souvenir de Jésus, de son enseignement, de sa mort et de sa résurrection. Le Saint-Esprit en trois mots ? Présent, puissant, inspirant !
Jésus s’en va mais l’Esprit Saint vient le rendre bien vivant dans nos cœurs ! C’est ainsi que 2000 ans après la mort et la résurrection de Jésus, Christ reste bien vivant pour nous et nous pouvons nous confier en lui.
« Ainsi je m’élève vers le Christ », c’est ce qu’écrit Bach dans l’une de ses fameuses cantates. Que nous vous proposons d’écouter.
Chant de la chorale Val d’Orbe : « So fah'r ich hin zu Jesu Christ » (Ainsi je m’élève vers Jésus Christ)
Parmi les paroles que Jésus dit à ses disciples ce soir-là, il y en a une qui m’interpelle spécialement : « Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. Il ne parlera pas en son Nom. Il révélera ma gloire. »
Cette vérité m’intrigue. Peut-être parce qu’elle est différente de la vérité telle que nous la concevons souvent et qui dépend du savoir. La vérité à laquelle le Saint-Esprit veut nous conduire n’est pas celle des journaux, des encyclopédies ou des tweets. Elle ne relève pas de la preuve ou de la démonstration. Elle relève simplement de notre foi en Christ, de la confiance en Dieu, et nous est révélée par le Saint-Esprit, qui nous conduit.
J’aime bien le sens de ce verbe « conduire » qu’utilise l’évangéliste. Il veut dire : prendre par la main, avec l’idée du chemin parcouru et à parcourir. Christ est la vérité que le Saint-Esprit nous révèle. Oui le Saint-Esprit nous conduit pas à pas, nous encourage et nous soutient, de manière discrète souvent. Et lorsque cette vérité qu’est l’amour de Christ grandit dans nos cœurs, lorsque nous nous attachons à ses promesses et à sa parole qui libère, notre vie est transformée.
C’est un bel encouragement pour l’Église aujourd’hui. Une invitation à faire confiance. Nous ne sommes pas orphelins ; nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes : au contraire, nous sommes soutenus par l’Esprit du Seigneur qui ravive et soutient notre foi et fait de nous des témoins de la bonne nouvelle.
Alors aujourd’hui, dans cette période entre Pâques et Pentecôte, c’est peut-être l’occasion d’accueillir de façon renouvelée ce don de l’Esprit Saint que le Seigneur a promis à ses disciples. C’est l’occasion de repenser à ce lien avec Dieu qui nous est offert. Il nous tend la main.
Dans les moments où nous ne savons plus où donner de la tête ni où nous tourner, c’est l’occasion de s’arrêter, de prendre le temps du silence, de la prière, de la lecture de la Bible. Le temps d’accueillir Dieu, l’espace d’un instant un peu à part de nos vies quotidiennes. Le temps de recevoir de lui ce dont nous avons besoin pour continuer la route. Le temps de faire le plein : tels sont les fruits de l’Esprit, écrit l’apôtre Paul : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. De beaux carburants !
C’est sûr, Dieu ne remplira pas notre vie d’informations supplémentaires, ni de savoir, ni de théories. Mais il la remplira de sens et de profondeur, et nous conduira à bon port. De quoi faire de la vie, une merveilleuse aventure !
Pour terminer, je vous propose d’écouter et de prier avec ce beau texte inspiré de Marie Bonnot :
Esprit Saint, je crois en ta présence au coeur de ma vie et au coeur du monde.
Tu m’écoutes quand je prie,
Tu me fais signe quand je m’éloigne de toi.
Esprit d’amour qui me relève quand je tombe,
Esprit de paix qui me libère quand je pardonne,
Esprit de tendresse qui me grandit quand je m’abaisse à cause de Christ,
Esprit de force qui me soutient dans l’injustice,
Esprit de sagesse qui m’apprend le silence face au mépris,
Esprit d’espérance qui me redresse dans les épreuves,
Tu conduis mes pas vers les autres pour les aimer comme tu les aimes,
Tu m’accompagnes et transfigures chaque instant de ma vie,
Amen