Culte de Pâques, Bellinzone

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Chères téléspectatrices et chers téléspectateurs, l'annonce du jour de Pâques qui nous est rapportée par tous les Évangiles sonne de façon univoque et claire: Christ est ressuscité, ou, pour être plus précis, citant la version fournie par Luc au chapitre 24 de son Évangile: Le Seigneur est vraiment ressuscité. L'adverbe vraiment est en lui-même significatif, car il indique que la résurrection de Christ est réellement advenue du point de vue historique et non sous faux-semblants ou symboliquement ou subjectivement dans l'esprit de ses disciples.

En lisant ce texte, m'est revenu à l'esprit un documentaire passé par la BBC il y a environ 15 ans, dans lequel on formulait l'hypothèse extravagante dont s'est approprié par la suite le roman da Vinci, Code, selon laquelle on aurait trouvé à Jérusalem le tombeau avec les restes de Jésus de Nazareth, de Marie Madeleine et de Judas, l'enfant qui, toujours selon cette reconstruction fantastique, serait né de leur liaison. Il y a 5 ans, un documentaire intitulé Le tombeau perdu de Christ a été transmis sur deux télévisions américaines. Ce dernier a été coproduit par James Cameron, le metteur en scène vainqueur de l'Oscar avec Titanic, qui redonna vigueur à cette thèse.

Mais si aujourd'hui, à distance de nombreuses années de cette découverte, la crédibilité de cette thèse a été presque unanimement remise en discussion et contestée par les archéologues, le problème de fond cependant demeure. Si on admet qu'un jour on puisse retrouver scientifiquement et sans ombre de doute les restes de Jésus, quelles seraient les conséquences qui pourraient jaillir de cette nouvelle pour les églises chrétiennes qui, depuis plus de 20 siècles, annoncent que les disciples trouvèrent le tombeau vide parce que le Christ était ressuscité?

Et une autre demande s'ensuit: quel est l'élément central sur lequel se fonde la foi chrétienne?

Ça a été sans doute pour répondre à ces questions que l'apôtre Paul a écrit le chapitre 15 de sa première épître aux Corinthiens (1 Co 5,12a.17-19):

Nous prêchons donc que le Christ est revenu d'entre les morts. Si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est une illusion et vous êtes encore en plein dans vos péchés. Il en résulte aussi que ceux qui sont morts en croyant au Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espérance dans le Christ uniquement pour cette vie , alors nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

Un élément est incontestable dans ce texte: pour l'apôtre, la prédication chrétienne se fonde sur l'annonce que le Christ est vraiment ressuscité. Pour démontrer cette thèse, Paul met ses interlocuteurs face aux conséquences qui pourraient jaillir du fait que le corps du Christ soit resté dans le tombeau au lieu de ressusciter.

Cherchons à entrer dans la logique de l'apôtre, quand il introduit cette hypothèse pour lui absolument absurde et inconcevable.

Si le Christ n'était pas ressuscité, la prédication chrétienne serait sans fondement ou, pour utiliser un terme grec, vidée de tout contenu. Je crois que Paul a raison. Qu'est-ce qu'on pourrait continuer à prêcher? L'amour pour le prochain? Il est essentiel, mais il ne naît pas de la foi chrétienne, car ce précepte caractérise aussi d'autres fois et d'autres philosophies; il suffit de penser à l'enseignement du philosophe stoïcien Sénéque, contemporain de l'apôtre Paul. Il n'y a pas besoin du Christ pour prêcher un message de fraternité universelle, comme il n'y a pas besoin du Christ pour apprendre qu'il faut respecter le prochain.

Si le Christ n'était pas ressuscité, la foi chrétienne serait privée de l'espérance dans cet au-delà, où toutes les contradictions du temps présent seront dépassées, avec la conséquence que la vie présente perdrait tout sens et tout but. Essayons aussi dans ce cas de rendre plus clair le sens des paroles de l'apôtre.

Si le Christ n'était pas ressuscité, Judas et Pilate et tous les criminels du passé et du présent seraient vainqueurs et les délits et les massacres les plus atroces seraient destinés à rester éternellement impunis.
Si le Christ n'était pas ressuscité, toute notre vie serait emprisonnée dans le présent, réduite à savourer l'instant qui passe rapide et inexorable, sans aucune perspective vers ce futur de libération et de rédemption que l'humanité, de son commencement, a toujours perçu de façon indistincte.

Si le Christ n'était pas ressuscité, la foi chrétienne ne serait rien d'autre qu'une illusion, parce que l'être humain continuerait à rester prisonnier de ses limitations et de ses contradictions irrésolues. Semblables à quelqu'un qui essaie de fuir son ombre, nous serions incapables de sortir des contradictions qui nous tenaillent. Les grands problèmes qui nous tourmentent seraient destinés à rester sans réponses, parce qu'il n'y aurait pas de réponse. Tout ce qui est survenu, serait survenu par hasard. Nous serions nés par hasard, nous aurions vécu par hasard, nous mourrions par hasard.

Si le Christ n'était pas ressuscité, nous devrions admettre être parmi les êtres vivants les plus malheureux et il ne nous resterait pas d'autre chemin que de vivre à la journée et de nous préoccuper seulement de satisfaire nos instincts matériels.

Si le Christ n'était pas ressuscité! Cette hypothèse que Paul prend en considération seulement pour faire comprendre à ses interlocuteurs que leurs objections sont insoutenables, Paul l'écarte brusquement quand il écrit:
Mais, maintenant, le Christ est revenu d'entre les morts, en donnant ainsi la garantie que ceux qui sont morts ressusciteront également. (1 Cor 15,20)

Ce mot si bref "maintenant" jette une lumière sur tous ceux qui vivent un présent de douleur et de détresse. Chères téléspectatrices, chers téléspectateurs, nous vivons comme si le Christ n'était pas ressuscité.

Notre manque flagrant de sagesse et le Leitmotiv de la tristesse qui envahit notre temps s'enracinent dans le fait que nous ne savons pas croire que le Christ est vivant, que nous n'avons pas compris la Pâque et continuons à vivre comme si le Christ était encore sous la pierre lourde du tombeau, comme s'il n'était pas ressuscité.

Nous croyons en la vie, mais voyons la mort, nous croyons en la justice, mais voyons l'injustice, nous voudrions voir que la mort et la souffrance ont été vaincues, et pourtant chaque jour nous tombons sur les décombres d'une histoire parfois tragique et contradictoire.

C'est parce que le Christ est vraiment ressuscité – l'apôtre Paul continue à nous le dire encore aujourd'hui –, que nous pouvons, et oserais-je dire que nous devons avoir confiance, de l’optimisme, nous devons être capables de pardonner, d'aimer, de vivre pour les autres, de donner à notre existence la perspective que le Christ nous a indiquée. La lumière de la résurrection qui a brillé le matin du jour de Pâques continue à inonder nos vies et les fait devenir différentes.

La foi dans la résurrection représente non seulement le fondement sur lequel l'église chrétienne reste ou tombe, mais aussi et surtout le centre de notre espérance, le refuge où se retirer dans les moments de difficulté et de doute, exactement comme il y a des siècles les châteaux de la ville, d'où viennent ces images, ont représenté le lieu dans lequel les populations trouvaient refuge dans les moments de guerre. Seigneur, de génération en génération, c'est toi qui as été notre sécurité, avait écrit le psalmiste, et ce texte nous pouvons encore le répéter aujourd'hui en écoutant cette annonce: le Christ est vraiment ressuscité.

Restons fidèles à ce mot résurrection et au mystère qu'il renferme. Gardons ferme cette affirmation: le Christ est vraiment ressuscité. Gardons jalousement le mot résurrection, parce que croire en Dieu et croire en la résurrection sont la même chose.

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