Culte transmis du temple de Dombresson (4/6)

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Francine Cuche Fuchs

Lorsqu'il vous arrive de penser à votre vie, si vous êtes d'accord de la considérer quelques instants comme un chemin... d'après vous, comment est ce chemin ? C'est plat, ça monte, ou ça descend ?
Le chemin de la vie, comment est-il ?
Je ne sais pas quelle réponse vous allez donner à ma question. Par contre, je connais la réponse d'Aloys Perregaux.
A travers une série de 5 vitraux, l'artiste nous raconte comment il voit le chemin de la vie : c'est une montée vers un but qu'on ne distingue pas forcément; le chemin de la vie... comme une progression, une ascension lente.
Regardez le premier vitrail, et tout en bas, cette première marche, elle est haute !

Ca nous rappelle, le temps lointain où nous apprenions à marcher : on se retrouvait tout-à-coup désemparés devant un escalier à gravir... ça nous semblait aussi haut qu'une montagne !

Ce jour-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean,... et nous aussi peut-être ? En route pour la montagne !

Vous n'aviez pas prévu cela ?
Vous n'êtes pas équipés ?
Vous préférez rester en bas ?
Parce que c'est ici votre place, dans le quotidien, avec les autres, dans le monde.
Et de toute façon, vous n'êtes pas friands de ce genre d'aventures. Vous ne vous sentez pas du tout l'âme d'un montagnard ou d'un sportif !

Relisez donc le début du récit : « Jésus emmène avec lui... »
Il ne demande pas qui veut venir, il ne demande pas « qui aurait envie d'une randonnée sur les sommets ? » Il emmène avec lui, il prend avec lui.
La montagne, quand on la regarde d'en bas, depuis la vallée du cours des choses, on la connaît un petit peu, de loin.
C'est peut-être le terrain réservé aux alpinistes chevronnés, bien équipés : les religieux, les mystiques, les ermites, les super-croyants. Cette montagne-là, c'est celle où l'on dit que Dieu se montre, se révèle.
La montagne, c'est peut-être aussi, la montagne d'obstacles : des questions sans réponse, des peurs, le non-sens, tout ce qui a tendance à devenir des « montagnes » !
ça barre l'horizon, ça cache la lumière.
Ces montagnes-là, on les voit bien dans ce troisième vitrail, intitulé « la gorge ».

Il y a l'idée de quelque chose de resserré, de chaotique, de plus haut que nous,... avant que le passage se fasse, peut-être.

Toutes ces montagnes de notre vie, toutes ces grandes questions, tous ces obstacles qui nous tiennent dans l'ombre de la mort, il est bon, au lieu d'en avoir peur, de les affronter, de les regarder en face, il est bon d'entendre, de découvrir, qu'emportés par le Christ, on peut même les gravir !
En route, Jésus nous prend avec lui !
Je sais, la montagne est haute, il va falloir grimper, ça sera long.
La montagne est haute, que ce soit celle de Dieu ou celle de la vie.
C'est certainement pour cela que Jésus ne demande pas l'avis de ces hommes, il les emmène, il les prend avec lui.
Vous avez peut-être constaté que j'ai « sauté » un vitrail tout-à-l'heure, le second, c'est pour mieux y revenir !
Ce vitrail s'intitule : « les ponts » .
La réflexion d'Aloys Perregaux est belle, j'y vois une manière de parler du Christ, il dit : des ponts aident notre progression. Ces ponts sont clairement des personnes.

Elles sont là, au bon moment, au bon endroit dans notre cheminement.
Ces personnes-ponts sont solides, elles peuvent même nous porter, nous aider à tenir, peu à peu on pose un pas après l'autre, avec elles on passe des précipices,... on s'élève.
En route, Jésus nous prend avec lui !

***

Christian Miaz
La transfiguration d'un être se voit de l'extérieur. Celle/celui qui la vit ne voit rien. Ce sont les autres que voient ce qui se transforme en lui. L'être qui vit cette transfiguration ne peut que la sentir, la ressentir en lui.
Il existe des moments hors du temps, où le temps s'arrête pour vous, pour moi. Ce sont des moments de plénitude, d'extase où l'infiniment grand et l'infiniment petit se touchent, se superposent, fusionnent pour un temps, sans temps.
On s'élève de l'infiniment petit, de son corps, vers l'infiniment grand, le corps de l'univers, Dieu.

Le vitrail d'Aloys Perregaux, avec la forme de l'escargot, exprime ce mouvement qui part de ce centre, tout petit, que je suis, vers cet infini, divin. Cette élévation spirituelle, c'est ce moment de la transfiguration qui me détache des contingences existentielles. Moment de grâce, moment lumineux où je suis à la fois dans et hors de mon corps. Ce moment de grâce, ce moment lumineux est une bénédiction, source de joie, de paix et d'amour.

Mais comme pour Jésus, ces moments d'élévation, souvent vécus dans la prière, ces moments hors du temps, s'achèvent et le chemin de l'élévation vers l'infiniment grand se poursuit en rejoignant à nouveau l'infiniment petit.

Comme le deuxième vitrail d'Aloys Perregaux l'évoque, je rentre dans mon corps, avec ses besoins, ses angoisses, ses souffrances, la mort.
A chaque élévation et descente, ma vie, mon existence s'en trouve touchée. Car c'est dans ce corps, cet infiniment petit, que je parviens à vivre une élévation vers Dieu, une transfiguration de mon être.

Je ne peux m'élever vers l'infiniment grand qu'en partant de l'infiniment petit.
Jésus, par sa vie et sa mort, me rappelle cette dimension de l'incarnation. C'est dans et avec mon corps, quel qu'il soit : en santé, limité, handicapé, malade, que je vis: et c'est dans cette vie que je suis transfiguré par la rencontre avec Dieu.
Ce récit de la transfiguration de Jésus nous invite à oser vivre ces élévations et ces extases spirituelles. Car elles sont des moments de grâce et de lumière où les limites de l'existence sont abolies pour quelques minutes.
La musique, la lecture, la marche comme la prière et la méditation sont quelques uns des moyens qui permettent de nous élever et de vivre ces moments d'extase et de transfiguration.

***

Daniel Galataud
Un brouillard, une brume.
Le texte biblique appelle cela une nuée, mais c'est la même chose. Tout ceux qui habitent les bords d'un lac verront ainsi de quoi on parle. Ce brouillard était-il élevé ou bien bas ? Le texte ne le dit pas.

Le lieu de la rencontre, le sommet de la montagne, nous laisse à penser qu'on n'y voyait pas grand chose. Un brouillard bouche la vue des disciples, trouble leur entendement. Ils voulaient garder pour eux la grandiose image de la transfiguration. La faire durer. Voilà qu'elle disparaît dans les nuages.
Nous aussi nous aimerions bien voir durer les bons moments de l’existence, les escapades en montagnes ou ailleurs. Que dire quand il s’agit de moments rares, de moments de communion avec la nature, des proches ou encore de découvertes spirituelles. Il faut pourtant à un moment donné reprendre la vie quotidienne.
Les disciples ne comprennent pas ce qui est arrivé.
Une voix transperce alors les nuages.

Elle met des mots sur l'événement, lui donne un sens. Nous avons besoin de mots pour donner du sens à nos expériences. De mots qui transfigurent notre réalité. « Celui-ci est mon fils bien-aimé, celui qu'il m'a plu de choisir. Ecoutez-le ! » La voix qui sort du nuage affirme clairement l'identité messianique de Jésus. Déjà lors de son baptême par Jean-Baptiste une telle voix s'était faite entendre comme un révélateur de la portée de l'événement.
Dieu révèle ici le lien fort qui l’unit à Jésus.

Il demande aux disciples de l'écouter attentivement. Les disciples ont peur. La présence de Dieu fait naître la crainte et le respect. Quand le silence est revenu, ils lèvent les yeux et qui voient-ils ?
Seul Jésus est présent. Devant eux, reste l'homme, l'ami sur qui ils peuvent compter. Mais dorénavant, ils voient aussi en lui le Messie. La transfiguration a fait prendre à leur vécu une nouvelle dimension, l'éclaire d'une lumière nouvelle. Leur vie quotidienne va bientôt reprendre, mais l'expérience et les paroles qui l'accompagnent a changé la dimension de leur quotidien.
Dans le vitrail d’Aloys Perregaux, je vois le blanc semblable aux brouillards, il faut les traits de plomb pour que se dessine un sens, le trait qui s’élève est semblable au regard vers le ciel, vers la présence divine.

Et cette présence divine, c’est Jésus.
Ces mots qui comme les lignes de plomb du vitrail forment le chemin, le paysage.

Les mots de Dieu, ont rassuré les disciples, comme ils nous rassurent et nous délivrent de nos brouillards intérieurs. Ils délivrent du flou de l’ambiguité. Ils nous délivrent du non-sens, de la dépression. Ils rassurent, car dans la présence de Jésus nous trouvons un ami, un homme qui a vécu notre vie.
Comment pouvons-nous reconnaître Jésus ?
Par ces paroles Dieu nous invite à élever nos regards, à les porter sur des hommes de chair et de sang.

Ils peuvent nous aider à reconnaître Jésus dans notre prochain et en nous-mêmes. Cela apporte un relief supplémentaire à notre réalité. La vie prend ainsi une autre dimension.
L'expérience de la transfiguration a poussé les disciples à se recentrer sur l'homme Jésus. Pour voir en transparence comme dans les vitraux d'Aloys Perregaux un mouvement qui montre quelque chose de la réalité divine que nous sommes appelés à découvrir autour de nous, tout en gardant nos regards sur Jésus.
Derrière l'expérience, ces moments de joie intense, il y a autre chose en transparence.

Et dans cette transparence se devine, se dessine un mouvement. Quelque chose que nous discernons imparfaitement, mais qui déjà, grâce aux mots changent notre réalité et qui nous aident à accepter la réalité avec ses hauts et ses bas.

***
Yvena Garraud Thomas
Il est des moments privilégiés, bouleversants où nous avons la conviction que Dieu est particulièrement présent. Ces moments où nous sommes en phase avec nous-mêmes, ces moments de silence où tout est lumière. Devant ces instants de grâce, le seul mot qui nous vient à la bouche est un merci. Ces moments, nous voulons les immortaliser.

C’est ainsi que Pierre a voulu construire trois tentes et s’installer sur la montagne. Mais Jésus le renvoie construire les tentes en plein pied dans notre monde, là où nous nous sentons des fois impuissants devant la misère humaine, là où des situations d’injustice et d’inégalité nous révoltent, là où nous peinons à trouver notre place, là où parfois la vie est pesante et difficile. L’instant de grâce vécu sur la montagne ne nous épargne pas les soucis, de devoir prendre des décisions et faire des choix. Il n’est pas question de s’installer confortablement à l’écart des difficultés de la vie. De la montagne, il nous faut redescendre et y faire face !
La descente demande plus de concentration qu’à la montée. Les genoux sont davantage sollicités, nous prenons de la vitesse, les risques de chutes mortelles et d’accidents sont plus élevés, il faut toujours pouvoir freiner et faire preuve de prudence. C’est vers cette réalité là que nous sommes renvoyés : assumer la fragilité et les risques de la vie, porter sa croix en quelque sorte.

Dans la descente, nous ne sommes pas tout à fait rassurés. Tête baissée, souvent, nous regardons surtout où nous mettons les pieds, heureusement d’ailleurs. Mais aussi, dans la descente, nous avons le privilège de pouvoir admirer la vue. Il est bon de pouvoir s’arrêter pour respirer, prendre du temps pour soi, pour les autres. Admirer le paysage à la descente, c’est savoir apprécier les choses magnifiques qui nous sont données à vivre et en être reconnaissant.

Après la descente, dans la plaine nous retrouvons notre train-train du quotidien. Il est bon d’essayer de rester positif : il n’y a pas que les risques de la vie, les risques de notre vie, le doute, l’angoisse et la peur. Il n’y a pas que les ténèbres de la maladie et de la mort. Il y a aussi le pardon et la guérison, il y a aussi la joie et la paix, il y a aussi l’amour et la confiance, il y a aussi la bonté et la beauté. L’espérance à travers la parole d’un proche qui nous touche et nous porte, un encouragement, une attention, un cadeau, un regard qui nous met en valeur.

Il est vrai, nous ne connaissons pas des instants d’extase tous les jours. Quand ils nous sont donnés, nous recherchons à les revivre, à remonter sur la montagne. Ce mouvement de haut et de bas, de montée et de descente, de bonheur et de peine, n’est-ce pas le chemin de la vie de tout être humain ? Mais notre corps et notre esprit gardent les traces de ces instants de plénitude. Il reste quelque chose de la force reçue sur la montagne. Ces traces représentent un rayon de soleil dans la grisaille de notre quotidien. Nous nous sentons portés par une force de vie. Nous les croyants, cette force, nous l’appelons Dieu, d’autres l’appellent l’énergie cosmique. Peu importe le nom que vous lui donnez.

Dans les deux fenêtres situées au chœur, l’artiste a voulu exprimer l’idée de Dieu. Il l’appelle « l’élan vital qui nous porte, cette force de vie qui nous travaille et nous habite », de sorte que nous restons toujours en mouvement, parce que reliés à la source d’eau vive et accompagnés sur notre chemin de transfiguration : chemin de lutte, chemin de la foi, chemin d’espérance, notre chemin de vie.

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