Culte de la Réformation transmis de l'église Mischeli de Reinach (BL)

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Chers paroissiens Mischeli, chers paroissiens téléspectateurs et téléspectatrices,

La première question du catéchisme de Heidelberg a déjà été mise au premier plan par le chant: « Quel est ton unique réconfort/consolation dans la vie et dans la mort?» A l’issue de ma prédication, nous allons également encore une fois entendre la réponse chantée : « que je n’appartiens pas à moi-même, mais à mon fidèle sauveur Jésus-Christ. »

Ces déclarations sonnent évidemment assez surannées. Elles ont tout de même 450 ans et proviennent d’un manuel de foi. Un tel manuel est comme un livret du code de la route, que l’on doit apprendre par cœur avant de passer l’examen pratique de conduite. J’aimerais essayer de rendre ces déclarations compréhensibles en langage courant. Car les règles sont encore valables aujourd’hui, et parce qu’elles comptent pour moi et que les confirmands m’ont demandé tout à l’heure ce qui fait sens dans ma vie et qui me porte.

Ainsi, je traduis les paroles un peu désuètes en mon langage :
1) Dans différentes situations de ma vie, j’ai toujours à nouveau besoin d’être profondément consolé et cela me rend humain.
2) Ma vie et ma mort ont un sens. Je n’ai pas à avoir peur ni de l’une, ni de l’autre.
3) Je n’ai pas besoin de moi-même en donner le sens, je suis une partie de quelque chose de plus grand.
4) Jésus-Christ est le nom d’une réalité qui transforme tout.
L’aspect apparemment le plus compréhensible pour nous tous est ce beau mot : réconfort. Les jeunes filles et garçons confirmands ont spontanément pu nommer beaucoup de situations où ils avaient besoin de réconfort : des situations de stress, quand ils sont blessés, déçus ou tristes, quand quelqu’un meurt, lorsqu’il faut quitter quelqu’un ou « juste comme ça, parce que ça fait du bien. » Je remarque aussi chez moi que ma vie est parfois très en désordre, je ne suis pas celui que j’aimerais être. Je suis bousculé et brassé par mes soucis personnels et par les grands évènements de ce monde et de mon entourage.

Quand tout à coup le bruit des sollicitations et des souhaits qui m’entoure – et qui parfois me protège aussi de moi-même – baisse et s’arrête, alors je remarque comme je suis petit et dépouillé et que je ne suis pas le centre de l’Univers.
A ce moment-là, j’ai besoin du réconfort d’une vérité sereine, profonde et éternelle, qui donne sens à ma vie et lui procure un horizon… et qui ôte la peur de la mort.
Vivre et mourir. Les grands thèmes. Parfois, je pense que nous vivons notre vie sur le mode du pilote automatique : tout est réglé et prévisible. Elle est conduite par quelques décisions fondamentales que nous avons prises à un certain moment, comme par exemple la profession ou l’état civil.

Ce serait aussi difficile de se demander chaque jour à nouveau: pourquoi suis-je ici, comment dois-je vivre et que dois-je croire? Ce n’est que quand des évènements inattendus, comme la mort ou l’amour, surviennent dans notre vie, que son cours s’interrompt.

Seuls l’amour et la mort possèdent une telle force, que quand nous les rencontrons, nous devenons sensiblement plus nous-mêmes et nous disons ou connaissons ces choses qui sont essentielles et éternelles. Il nous arrive alors parfois de nous rendre compte que nous n’avons en fait pas besoin de vivre tant d’expériences ou d’avoir tant de personnes autour de nous pour être heureux : quelques bons amis, la réalisation de rêves importants. Dans le cadre de ces relations importantes, qui nous permettent de mûrir et de guérir, d’avoir pu aimer, d’avoir pu rester fidèle à soi-même et d’avoir finalement eu le courage de lâcher prise et de mourir.

Car mourir est une partie de la vie. On peut même apprendre à mourir pendant la vie, mais ce uniquement pendant ces périodes durant lesquelles nous n’arrivons pas à tout contrôler.
Ce sont les temps de ruptures de la vie, les périodes durant lesquelles les habitudes ne nous portent plus, où nous apprenons à mourir et à nous laisser conduire, ainsi qu’à lâcher prise.

Seul celui qui lâche, qui donne de sa main, réalisera que - contrairement à ce qu’il aurait pu penser – il ou elle ne devient pas plus pauvre, mais plus libre. Seul celui qui sait tomber, sait aussi qu’il sera rattrapé. Et plus quelqu’un est heureux dans sa vie, plus il lui est facile de lâcher. Les chrétiens croient en la vie : en une vie avant la mort et en une vie qui passe par la mort et en une vie après la mort.

« Je ne m’appartiens pas à moi-même. » Ceux d’entre vous qui ont pu bien me suivre jusqu’à maintenant, hésitent peut-être maintenant une première fois.
Les confirmands ont eux aussi beaucoup discuté sur ce point : ils disaient - à juste titre - : à la fin de la journée, quand plus rien ne va, il est nécessaire que nous nous appartenions à nous-même, n’est-ce pas ?
C’est juste ! Pourtant, je suis intimement convaincu que ma vraie personnalité, mon « moi » n’est pas diminué si je fais confiance à quelqu’un au-dessus de moi. Le noyau dur de mon être devient plus clairement visible quand je ne suis pas tout le temps en train de chercher à me réaliser et à compenser mes manques.

Il y a un sens que je n’ai pas besoin de me fabriquer pour moi-même. Je suis une partie d’un tout, celui formé par presque 7 milliards d’autres êtres humains sur la planète bleue de la terre. J’appartiens à eux, nous dépendons les uns des autres et - moi avec eux - nous sommes responsables de ce monde. Avec tous les humains qui de tout temps ont vécu et vivront, je partage la vue sur les mêmes étoiles. La phrase: « Je ne m’appartiens pas à moi-même » me rend humble d’une bonne manière. Ainsi, je suis relié à la terre et partage le destin et la vie, ainsi que la responsabilité avec d’autres personnes.

Et encore quelque chose : lors de situations oppressantes, oui, qui semblent parfois sans issue ou dans des périodes de crise, j’ai moi-même vécu à quel point il était salutaire de se placer dans une perspective plus large, de chercher le lien avec un sens plus vaste.
Cela m’a aidé à détourner mon regard de mes blessures et mes mésaventures et de le diriger vers la grande perspective, sur le champ large. Cela m’a souvent bien aidé.
« J’appartiens à Jésus-Christ » : pour résumer la réponse que le catéchisme de Heidelberg donne brièvement. Jésus-Christ : deux mots que j’ai – pendant que je préparais cette prédication – répété trois fois par jour en différentes variations et langues.

Je les ai entendues à Taizé, en Bourgogne, où j’étais avec les confirmands pour un camp. A Taizé, il y a une communauté de frères qui s’est fixé comme objectif de permettre à des jeunes du monde entier de se rassembler autour des thèmes de la Bible. J’entendais les paroles des frères, souvent de jeunes gens, je les entendais parlées ou murmurées trois fois par jour, répétées en rythme ou chantées.

Je me suis imaginé qu’il y a deux mille ans, notre Eglise avaient commencé en tant que mouvement avec ces deux mots. Cela résonnait certainement de la même manière dans les catacombes de Rome et dans les quartiers pauvres de Jérusalem qu’aujourd’hui à Taizé : ces deux mots furent chantés et murmurés. De même que les adeptes de l’homme de Nazareth se murmuraient les mots „Jésus-Christ“ les uns aux autres. Car ils étaient secrets et dangereux. La réalité qui se trouve derrière ces mots, ils se les racontaient au travers d’histoires. Celle par exemple de cet homme qui guérissait et faisait des miracles, qui n’avait ni possession, ni famille ou appartenance sociale; celui-ci parlait d’un monde nouveau, proclamait d’une manière toute nouvelle le Dieu éternel, juste jusqu’à l’infraction et miséricordieux, jusqu’au renoncement à soi-même.

Cet homme a vraisemblablement échoué aux yeux de tous, car il est mort sur une croix. Et pourtant, il n’était pas mort. Il vivait pour eux.
Les paroles de Jésus-Christ et les récits à son sujet furent partagés par les premiers chrétiens pendant les célébrations de la Sainte-Cène, lors desquelles ils partageaient tous – toutes origines confondues – la même table.
Ce faisant, les paroles de Jésus furent en même temps souvenir, promesse et encouragement mutuel : nous allons vivre comme il vit. Et avec le temps, l’instrument de torture qu’est la croix sur laquelle Jésus-Christ mourut, devint leur signe de reconnaissance, un signe de réconfort et de certitude : aucune mort n’est insensée, aucune souffrance ne dure éternellement, car Dieu lui-même a souffert, mourut et fut ramené à nouveau à la vie, comme le dit la Bible.
Je suppose que celui qui dit les mots Jésus-Christ voit devant ses yeux et en lui-même des images : très certainement l’enfant dans la mangeoire, que nous fêtons à Noël.

Peut-être aussi Jésus quand il fait des miracles, quand il guérit ou quand il renverse les étales des marchands dans le temple. Certainement que chez la majorité d’entre vous cela évoque cette image de la montagne du crâne Golgotha dans le soleil couchant, avec trois croix, où il agonisa pendant plusieurs heures. Beaucoup voient le tombeau vide et l’ange qui dit : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts »
Par mon expérience dans la cure d’âme, je sais que beaucoup de personnes ont dit et disent les mots « Jésus-Christ » dans leur angoisse et leur détresse. Qu’en priant, elles entrent en communion avec sa réalité. Souvent, elles nourrissent leur prière en récitant un psaume, « Le Seigneur est mon berger » par exemple. Dans la grande majorité, elles disent la grande prière, qui est de Jésus lui-même, et que nous connaissons tous, le Notre Père. Les mots « Jésus-Christ » avaient et ont le pouvoir de réconforter. Quand je les prononce, je peux me regarder avec un nouveau regard, sans souffrances, sans luttes, sans crispations.

Je peux me dire : oui ma vie est ainsi faite, parfois je fais tout de travers, parfois je fais de bonnes choses, et même si j’échoue, je peux toujours à nouveau recommencer. Les mots « Jésus-Christ », les récits à son sujet me transforment. Il vit en moi, il vient à ma rencontre dans mon prochain, il me pousse à voir les injustices et à les combattre. Avec lui je me dépasse. C’est ça le sens de la phrase : « J’appartiens à Jésus-Christ » : demeurer en lui et le laisser demeurer en moi.
Jésus-Christ est le nom d’un saint, parce qu’il est une réalité qui guérit, qui me transforme moi et le monde.
Chers amis, je vous invite à expérimenter cette réalité. Dites-la, chantez-la ou méditez-la, dans la nature ou devant une icône.

Cherchez Jésus-Christ dans un tableau de Rembrandt, dans la poésie de Rilke ou dans la musique de Bach ou des Beatles. Lisez ou interprétez votre parcours de vie avec en arrière-plan un récit de guérison ou de miracle. Cherchez le miracle dans votre vie et exercez-vous à la reconnaissance.

Intégrez les paroles à votre quotidien. Offrez-les, par exemple à vos enfants ou à des gens de passage, comme une bénédiction silencieuse sur leur chemin. Peut-être que vous les direz un jour comme un poème d’amour ou comme une parole de consolation, dans les bons moments comme dans les moments difficiles. Peut-être que ces deux mots „Jésus-Christ“ deviendront un jour aussi évidents que votre respiration.

Nous appelons cela la prière, et le temps viendra où la réalité du Christ vous portera quand vous serez trop faibles.
1) Laissez-vous réconforter, soyez réconfortés dans les situations difficiles et angoissantes.
2) Votre vie a un sens, n’ayez pas peur de la mort.
3) Vous êtes déjà maintenant une partie d’une grande réalité
4) Celle-ci porte le nom de Jésus-Christ.

Amen.

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