Culte de Noël en Eurovision, transmis de l'église réformée d'Ascona (TI)

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Chères amies et chers amis, dans cette journée si marquante pour la chrétienté, je vous invite à ne pas vous arrêter sur la scène des réjouissances festives, mais à essayer de dépasser l’apparence pour chercher à cueillir le sens le plus profond d’une fête qui a la force de nous révéler l’amour extraordinaire de Dieu.

Noël est indubitablement promesse de paix, de confiance, d’accueil et d’espérance. Cette vision de Noël semble être en contraste avec la réalité que nous affrontons tous les jours, où nous affrontons la haine, la violence et le malaise social. Comme l’a dit un philosophe, “nous vivons dans l’époque des passions tristes”. La crise économique a fait augmenter le sens d’inquiétude. Elle a fait émerger avec plus de force l’individualisme, ouvrant des fossés entre la société et tout un chacun. Je me demande donc si aujourd’hui il fait encore sens de parler de paix et de confiance, alors que le quotidien est précaire pour tant d’hommes, de femmes, de jeunes et d’enfants, et que le futur est perçu comme une menace et non comme espérance.

Et pourtant, ami et amies, le Noël de Dieu nous rappelle qu’il ne faut pas perdre l’espoir de vivre en un monde plus juste et plus pacifique. Mais afin que l’espoir ne reste pas une abstraction, il a besoin de s’incarner dans un tissu humain et social, d’illuminer nos relations, d’alimenter nos passions les plus nobles. Nous avons besoins de l’espoir pour sortir de la coquille de nos peurs, pour écouter les raisons de l’autre, pour faire renaître des liens communautaires chaleureux basés sur la confiance et l’amitié.

L’évangile de ce matin nous dit que la lumière de l’espérance est possible seulement quand notre vie est habitée par la culture de la solidarité et du partage. Jésus nous invite à la table de la solidarité, une table où la présence du divers est une valeur, non un problème.

Seul le lien de la solidarité est capable de mobiliser des ressources et le sens de responsabilité pour la communauté. Sans la chaleur de la solidarité, il ne reste que le froid de l’indifférence. Et l’indifférence, malheureusement, est une blessure qui isole et creuse des gouffres relationnels.

Elie Wiesel, un écrivain juif qui a survécu à l’holocauste, prix Nobel pour la paix, affirme:
“Oui, les atrocités dans le monde sont nombreuses et les dangers très nombreux, mais d’une chose je suis certain: le pire des maux est l’indifférence. Le contraire de l'amour n'est pas la haine, mais l'indifférence. Le contraire de la vie n'est pas la mort, mais l'indifférence. Le contraire de l’intelligence n'est pas la stupidité, mais l'indifférence. C’est contre elle qu’il faut combattre de toutes ses forces. Et pour le faire, une arme existe: l’éducation. Il faut la pratiquer, la répandre, la partager, l’exercer toujours et partout. Ne jamais se rendre.”

Chères amies et chers amis, on combat l’indifference seulement en éduquant au dialogue constructif et au respect réciproque, en cousant avec patience et ténacité le tissu de solidarité qui – comme le dit Jésus – commence par les besoins des plus faibles et des marginaux. Comme une lumière qui brille dans l’obscurité, Jésus nous dit que ce n’est pas dans l’indifférence, mais dans la solidarité qu’on rencontre et réalise la vraie vie.

Qu’est-ce que c’est Noël, sinon l’emblème de la solidarité? Noël nous révèle l’amour solidaire de Dieu, un amour qui nous enlace tous. Dieu, Père et Mère de tes jours, il n’est pas indifférent à ton sort, qui que tu sois, où que tu te trouves. Dieu s’approche de toi, comprend ton malaise et t’invite à ne pas perdre l’espérance quand d’autres se résignent.

Sans tomber dans un optimisme bon marché, permettez-moi de dire que l’esprit de solidarité est en réalité plus répandu que ce qu’on croit. Même si le climat d’hostilité semble l’emporter et recevoir plus de place dans les médias, les signaux qui nous viennent du monde sont encourageants. Il n’y a pas seulement l’indifférence, mais il y a aussi des égoïsmes et des préjugés qui divisent. Il y a des hommes et des femmes qui ont saisi le sens le plus profond de Noël, et qui, confiants, jour après jour, font leur possible pour créer des espaces de partage et de réciprocité, pour construire des liens de paix, de liberté et de justice. Des hommes et des femmes qui, sans accéder à la scène de la visibilité, s’engagent pour une société inclusive et ouverte, une société qui favorise la dignité et l’égalité des opportunités. Des hommes et des femmes qui ont compris que se soucier d’eux-mêmes coïncide avec agir responsablement dans le tissu social qui les entoure, illuminés par une éthique éco solidaire, respectueuse des droits humains et de l’environnement. Des histoires d’hommes et de femmes convaincus que seule la solidarité permet de reconstruire là où d’autres détruisent.

Amis et amies, laissons-nous contaminer par le flux bénéfique de la solidarité. Laissons le Noël de Dieu illuminer notre vie: encourageons la culture du dialogue, essayons de recoudre les blessures, essayons de donner un coup de main à ceux qui sont moins chanceux que nous. Disons à nous-mêmes, à nos enfants, à notre génération: ne soyons jamais indifférents envers ceux qui sont sans voix, sans pain et sans eau, et qui frappent à nos frontières. Jamais indifférents envers ceux qui se sentent incompris ou mis à l’écart. Jamais indifférents envers ceux qui sont sans emploi. Seule la solidarité peut nourrir notre espérance et celle d’autrui, et créer les conditions pour un monde plus juste et un futur plus serein. C’est cela le Noël de Dieu.
Amen.

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