Culte transmis en direct de Füllinsdorf (BL)

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Chère communauté,

Si vous aviez été avec eux à l’époque, auriez-vous cru les femmes qui parlaient du tombeau vide ? (Lc 24,10). Les disciples en tout cas n’en croyaient pas un mot.

Certainement que j’aurais réagi exactement pareil. Certainement, j’aurais commencé par m’enfuir comme les disciples d’Emmaüs (Lc 24,13). Fuir la douleur et se réfugier quelque part. Quand plus rien ne va…juste s’en aller. Certes, lentement, en traînant les pieds, mais pas après pas. Et parler. À voix basse, en reparler en balbutiant. Partager le deuil et la douleur. Et marcher.

Ce fut, sur leur chemin vers Emmaüs, la stratégie des deux disciples d’Emmaüs pour surmonter leur peine. Mais, soudain, un étranger se joignit à eux. Ils lui parlèrent de leur ami Jésus, de sa terrible mort et du récit des femmes, qu’ils n’arrivaient pas à croire. Ils lui parlèrent de leurs espoirs déçus. Ils se plaignirent du fond de leur coeur. L’étranger se tut et les écouta. Ensuite, il leur expliqua pourquoi tout devait arriver ainsi, que l’amour de ce Jésus était tellement grand, que cet amour a dû traverser la mort pour que les hommes vivent.

Comme il commençait à faire nuit, ils invitèrent l’étranger à rester avec eux. Et lorsqu’il mangea avec eux, il rompit le pain. Et ils le reconnurent. Le temps d’une fraction de seconde, l’amour leur a rendu la vue, et ils ont compris que Jésus vivait. Ils ont compris qu’il était toujours possible d’être avec lui.

Ce que Thomas a fait pendant ce temps ne nous est rapporté par aucun évangéliste. Apparemment, il n’avait pas besoin d’être entouré comme les autres disciples qui s’étaient tous réunis dans une chambre. Apparemment, il n’a pas non plus eu besoin d’aller à un endroit précis, comme les disciples d’Emmaüs. Souvent, on le nomme « Thomas l’incrédule », alors qu’il était en réalité un des plus courageux. C’est lui qui avait proposé à tous d’accompagner Jésus. Il avait dit : « Oui, allons avec Jésus en Judée et là-bas mourir avec lui » (Jn 11, 16). Quand il n’arrivait pas à comprendre quelque chose, il était radical, tant dans sa pensée que dans sa manière de sentir.
Il le disait ouvertement et demandait des explications (Jn 14, 5). Il voulait bien comprendre. Comment pouvait-il croire quelque chose qu’il n’avait pas vu de ses propres yeux, qu’il ne pouvait saisir ?
Thomas est en parenté avec moi. Il pourrait être mon frère spirituel.

Certes, il ne croit pas les autres sur parole, ce qui n’est pas rien. Mais il n’arrive à croire que de par sa propre expérience. Thomas cherche à travers le Christ ressuscité son Jésus. Il veut le récupérer. Il veut se persuader que le Jésus crucifié est à nouveau aussi présent qu’il l’a toujours été. Finalement, il veut que tout reste comme ça a toujours été.
Mais cela n’est pas possible. Ça ne reste pas comme ça a été. Ce n’est qu’en rencontrant le Christ ressuscité personnellement que Thomas comprend : l’homme qui se tient là, devant lui, n’est plus celui avec lequel il était en chemin, plus celui qu’on peut retenir; il est celui qui appartient maintenant entièrement à Dieu. Et Thomas lui dit : “Mon Seigneur et mon Dieu !” Avec ça, tout est dit. Et même Thomas comprend qu’il peut toujours rester encore avec son ami. Il s’agit d’une nouvelle forme de communion. Une communion d’amour, qui a traversé la mort.

S’il en est un qui avait besoin urgemment d’une rencontre avec le Christ ressuscité, c’est Simon Pierre. Lui qui l’aima tant qu’il voulut mourir pour lui, l’avait renié à trois reprises, avant que le coq ne chante (Lc 22). Non seulement il faisait le deuil de Jésus, mais il désespérait de lui-même.

Échouer au niveau de ses propres exigences et désespérer de soi-même est certainement une des expériences les plus amères qu’un homme puisse faire. Je me sens très proche de ce Simon Pierre, le pêcheur de Galilée, ce roc brisé. Après avoir entendu le rapport des femmes, il a couru vers la tombe. Avec les disciples, il a attendu et espéré. Mais quoi ? Comme Thomas, il avait lui aussi besoin d’une rencontre personnelle avec le Christ ressuscité.

À la fin de l’Évangile de Jean, nous lisons comment certains des disciples – ils étaient pêcheurs – étaient réunis au bord du lac de Génésareth. Il nous est raconté comment Simon Pierre dit : « Je vais maintenant aller pêcher. » Sa stratégie pour faire face au deuil et au désespoir est à portée de main. Il fait ce qu’il peut et continue son activité pour ne pas sombrer. Celui qui ne peut de toute façon pas dormir peut aussi partir à la pêche.

La nuit, jadis, sembla sans fin. Les disciples ne pêchèrent rien. Ce n’est qu’à l’aube qu’un étranger apparut et leur conseilla de jeter encore une fois le filet sur le côté droit.
Un petit changement engendra de grands résultats, et déjà 153 poissons gigotèrent dans le filet. Et l’un de ceux qui était assis dans la même barque que Simon Pierre reconnut l’étranger et dit : “C’est le Seigneur”. C’est ce que Simon Pierre avait attendu. Il se précipita dans l’eau et nagea jusqu’à la rive. Là, sur la rive du lac, en partageant le pain et le poisson grillé, le Christ ressuscité demanda : Simon Pierre, est-ce que tu m’aimes ? Simon Pierre répondit : « Oui, Seigneur. Tu sais que je t’aime. » Là, au bord du lac, comme les disciples d’Emmaüs et Thomas, Simon Pierre fait l’expérience bouleversante d’un amour qui a traversé la mort.
Cet amour guérit ce qui est brisé en lui et pardonne.

Dans toutes ces figures, que ce soient les disciples d’Emmaüs, Thomas ou Simon Pierre, je reconnais des expériences de vies que j’ai faites. Dans leurs histoires se reflètent ma tristesse, mes doutes, mes échecs et ma culpabilité.
Comme les disciples d’Emmaüs, je connais l’expérience du deuil profond d’un être cher et du besoin de pouvoir me retrouver proche de cette personne. Comme Thomas, je connais le doute, de tout et de rien. Et comme Simon Pierre, je désespère toujours à nouveau de moi-même, quand les exigences envers moi-même sont trop importantes.

À l’époque, les disciples ne sont pas restés seuls avec leurs sentiments. Le Christ ressuscité est venu à la rencontre de chacun d’eux, de la manière dont ils en avaient exactement besoin.
Il accompagna avec douceur ceux qui étaient dans le deuil. Il prit au sérieux celui qui doutait. Il vint à la rencontre de celui qui était désespéré avec infiniment d’amour.
Cela a jadis transformé ces personnes.

Moi aussi, je ne reste pas seul avec mes sentiments. L’amour du Christ ressuscité m’est également destiné. La communion avec lui est aujourd’hui toujours possible, ici et maintenant. Parfois, il faut l’admettre, il est extrêmement difficile de la sentir. Ça me rassure de savoir qu’il en était de même pour les disciples autrefois.

Ils n’ont pas tout compris. La résurrection de Jésus-Christ reste certes un mystère de la foi. Mais son amour vaut aussi pour moi : que je sois triste ou heureux, que je doute ou désespère. Cet amour me console et me garde, il me porte à travers la vie et jusque dans l’éternité. Cet amour est là, parfois on le sent plus fort, parfois moins fort, et parfois de manière surprenante. Bienheureux est celui qui y croit !

Amen.

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