Culte de Pentecôte, transmis en direct de Männerdorf (ZH)

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Chers amis,
La Bible raconte : à Pâques, Jésus ressuscita des morts. Les disciples se réjouirent de sa présence visible. A l’Ascension, le Christ s’éleva dans le ciel pour rejoindre Dieu. Il était parti. C’était un coup dur pour les disciples, car ils se sentirent délaissés, comme esseulés et abandonnés. Et dans ces tristes circonstances, voici ce qui arriva : nous écoutons dans le 2e chapitre des Actes des Apôtres, les versets 1 à 8, 12 et 13.

Lecture biblique.

C’est une histoire étrange qui nous est contée là. Pas étonnant si cette histoire de Pentecôte suscite beaucoup de questions. Des questions qui concernent le Saint-Esprit, plus précisément son apparition, son action et sa signification pour nous aujourd’hui.

Un enfant me dit un jour : Jésus et Dieu, je les connais; mais le Saint-Esprit je ne le connais pas; il s’agit certainement du moins célèbre des trois. L’enfant dit une vérité de manière tout à fait spontanée. Je pense effectivement que le Saint-Esprit est celui qui est le moins réputé; il l’est parce que beaucoup le trouvent si difficile à comprendre.

Pour beaucoup – c’est ce que j’entends toujours à nouveau comme pasteur - le Saint-Esprit leur apparaît comme un inconnu, il est pour eux la partie la plus difficile à comprendre de la trinité.
J’aimerais retourner cette affirmation et dire: en fait, c’est l’inverse; à vrai dire, le Saint-Esprit est de notre temps le plus compréhensible parmi les trois. Et nous devrions lui accorder beaucoup plus d’attention.
Pourquoi je pense cela ?!
Tout à l’heure, lors de la lecture du Psaume, nous avons lu ensemble : le souffle de l’être humain. Peu importe qu’il s’agisse d’un bébé ou d’un vieillard, le souffle relie tous les humains. Avec le souffle, Dieu nous offre la vie, d’après l’Ancien Testament.
Avec chaque inspiration. Le souffle, c’est la vie. Notre respiration a à voir avec le fait d’être vivant. Quand nous sommes soumis à un stress important ou que nous avons très peur, alors nous retenons notre inspiration. La conséquence est que le corps se crispe, le cerveau se met en mode de survie, notre regard et nos pensées deviennent étroits. Et nos émotions également. Notre capacité de vie en prend un sacré coup. Survient alors la menace que trop peu de souffle de vie entre et que trop s’en échappe.
En hébreu, dans la langue de l’Ancien Testament, le souffle de vie s’appelle : ruach. Ruach signifie „souffle de vie“. Et „ruach“ signifie également Esprit de Dieu. En hébreu le substantif est féminin, c’est pourquoi on peut trouver une expression plus adaptée en français en l’appelant „la Sainte force de l’Esprit“.
L’Ancien Testament nous dit donc: regarde, dans ton souffle il y a la force de l’Esprit de Dieu: dans ton souffle, la Sainte force de l’Esprit te devient proche. Vous voyez à quel point le Saint-Esprit est à notre portée. Proche et compréhensible. Vital. Pas plus éloigné qu’une inspiration.

Chers amis,
La force de l’esprit de Dieu est la respiration de la vie, elle nous est proche et accessible, dit l’Ancien Testament. Cette affirmation a une signification particulière à notre époque “sans souffle”.
C’est la raison pour laquelle l’Esprit nous est en fait le plus proche et le plus compréhensible des trois parties de Dieu. Mais il existe encore une autre raison : dans beaucoup de conversations, je constate que le nombre de gens qui n’arrivent pas à accéder à Dieu ou à Jésus-Christ est en augmentation. Ces personnes font en général partie de la jeune ou moyenne génération. Elles pensent que Dieu ou Jésus n’aurait rien à leur dire.

Chers amis, c’est une grâce si vous vous sentez en communion dans votre foi avec Dieu et Jésus ! Mais peut-être que vous ne connaissez pas cette communion. Peut-être cherchez-vous un pont pour accéder à la foi, mais votre recherche n’a pour l’instant pas été récompensée. Et vous ne vous sentez pas concernés quand vous entendez parler de Dieu et du Christ.
C’est exactement pour ces personnes que la Sainte force de l’Esprit peut représenter ce pont qui permet d’accéder à la foi, pour leur permettre de s’ouvrir un peu à la foi.
En quoi la Sainte force de l’Esprit représente-t-elle ce genre de pont ?
Comme vous le savez, il n’est pas possible de décrire la Sainte force de l’Esprit. Il n’existe pas de description, mais uniquement des images. Dans la Bible, le Saint-Esprit est représenté de manières très différentes, en tant que flamme ou tempête, ou encore en tant que colombe.
Il s’agit de trois images du Saint-Esprit. Des images très évocatrices. Des images qui invitent à en trouver d’autres. Des images comme celle de la force, un fluide, une énergie qui englobe, qui pénètre, indescriptible, fascinante, etc. On utilise ces images comme la Bible emploie des images pour décrire le Saint-Esprit. Mais ce sont des images modernes, plus compréhensibles, qui correspondent mieux à notre façon de voir la vie et aux idées actuelles, comme dans la physique par exemple.

La Sainte force de l’Esprit se prête bien à des images plus contemporaines, susceptibles de pouvoir former un pont vers la foi.
Pour moi, la Sainte force de l’Esprit représente le côté moderne de Dieu, qui permet aux contemporains de s’intéresser à la foi et d’y accéder. Elle mérite pour cela notre entière considération.

Mais au fait… est-ce que nous arrivons à réaliser à quel point le Saint-Esprit est moderne ?
A quel point, de nos jours, il est actuel et nous touche ? Peut-être nous touche-t-il de manière si douce et délicate que, la plupart du temps, nous ne nous en rendons pas compte ?

Que se passerait-il si le Saint-Esprit se lâchait une fois complètement ? Qu’il nous bousculait et nous disait ce faisant : « Je suis là – pour toi. Tu t’en rends compte ? »

Mais le Saint-Esprit n’agit pas seulement dans ma vie, il porte aussi l’espoir et la promesse au monde entier. Que se passerait-il s’il soufflait un bon coup sur notre siècle ?
Que se passerait-il si nous le prenions vraiment au sérieux et lui donnions une place centrale. Et pourquoi le 21e siècle ne serait-il pas le siècle de la force de l’Esprit ?
Le 21e siècle comme le siècle de la Sainte force de l‘Esprit!
Et pourquoi pas ? Mais à quoi reconnaîtrions-nous que c’est vraiment le Saint-Esprit qui est à l’œuvre ? Seulement au fait que quelque chose change, que quelque chose se produit ? Non, ce n’est sûrement pas assez.
Il pourrait également s’agir d’un esprit malfaisant, d’une idéologie, qui nous touche et nous séduit et qui, au bout d’un certain temps, nous montre son visage inhumain et impie.

Chers amis, essayons pour cela de voir de plus prêt comment agit la Sainte force de l’Esprit.
Dans Actes 2, nous trouvons une description de cette action, et cela à l’aide d’images : le Saint-Esprit agit comme un feu et un vent de tempête, deux éléments impressionnants, deux éléments sauvages qui chamboulent tout sur leur passage. Rien de ce que le feu et la tempête saisissent ne reste à sa place et en son état d’origine. C’est exactement ce que vivent les disciples : l’Esprit arrive et tout est transformé. Tout est chamboulé. Tout d’un coup, leur langue change. Ce qui est donc si fondamental pour la vie en commun des êtres humains est complètement perturbé. Mais en cela ne réside pas le miracle, car le véritable miracle de Pentecôte ne se produit que maintenant : comme ils parlent différentes langues, la conséquence des malentendus, des disputes, de l’incompréhension et du chaos est annulée. Bien au contraire, ils se comprennent et sont compris par les autres. Ils se comprennent quand bien même ils parlent des langues différentes. Le miracle de la compréhension ! Ces deux magnifiques petits mots : “Je comprends”; quand les personnes se disent cela ! “Je comprends” – même si je parle en tant que personne distante de l’Eglise et toi en tant que chrétienne solidement ancrée en Christ, même si tu appartiens à l’establishment de la société et que je suis au chômage, même si tu es physicienne et moi théologien, mère et fille, mari et femme.
L’enjeu n’est pas l’unité de la pensée, mais l’unité de la compréhension, le fait de s’accorder à pouvoir penser autrement. L’esprit humain pousse à ce que le plus grand nombre adhère à une pensée commune (c’est ce que montre l’histoire de la tour de Babel), l’Esprit de Dieu procure la compréhension qui dépasse les contradictions.

Le Saint-Esprit n’écarte pas les tensions mais les rend fécondes. Les couples qui se sont disputés à cause de la répartition des tâches ménagères, il les rend capables de prendre conscience qu’ils devraient encore une fois essayer d’en discuter et de trouver un compromis. Ainsi, il renforce leur relation.

Il ne nous laisse pas dire : “j’en ai fini avec elle”, même s’il me permet de me calmer avec le fait que “l’autre en a fini avec moi”. Mais le Saint-Esprit est l’esprit de la compréhension. De la réconciliation. De la guérison. Du silence intérieur. Du rapprochement.
Chers amis,
Dans Actes 2, les personnes autour sont profondément irritées de ce qu’elles voient. Elles prennent les disciples remplis de l’Esprit pour des personnes ivres, ce qui leur permet de faire une expérience qui vaut encore pour aujourd’hui :
Le Saint-Esprit est capable de nous déranger dans nos modèles habituels, dans nos acquis, dans nos façons de penser. Il peut irriter.

C’est pour cela que nous avons souvent du mal avec lui dans la vie privée, dans la vie professionnelle et également dans l’Eglise. Je pense cependant qu’il nous faut parfois nous laisser volontairement déranger; cela signifie par exemple dans l’Eglise le fait de ne pas occulter ou de ne pas lutter contre les questions embarrassantes ou les départs imprévus, mais de toujours à nouveau nous poser la question : « où est-ce qu’on peut constater les effets de l’action de l’Esprit ? »
En sorte, que l’on s’interroge sur ce qui se passe et qui n’est ni planifié, ni prévisible. Là où des personnes expérimentent quelque chose qui va au-delà de ce à quoi elles s’attendaient, comparé à d’habitude.
Là où il y a un surplus d’espoir. Là où il y a des départs, des ouvertures. Envers et contre tout compromis à première vue.
De la compréhension. Donc plein de mouvements, dans lesquels le Saint-Esprit pourrait être à l’action. Nous ne pouvons pas canaliser le Saint-Esprit, mais nous pouvons être ouverts à cette force effervescente qui agit où elle veut.

Actes 2 montre que les disciples n’ont pas compté avec l’Esprit, et encore moins de cette manière. C’est parce que l’Esprit souffle où et quand il veut qu’il irrite. Il peut aussi irriter et déranger dans la politique. Et il peut ce faisant débloquer des situations figées et les conduire plus loin. Pensez à Willy Brandt lorsqu’il s’est agenouillé à Varsovie – un geste spontané et imprévu. Très controversé. Mais il a mis beaucoup de choses en mouvement dans le conflit Est-Ouest.

Saint-Esprit et politique: l’action spontanée de la chrétienne Angela Merkel, convaincue de devoir laisser entrer des réfugiés de manière large dans le pays était-elle également suscitée par le Saint-Esprit? Peut-être, mais peut-être pas. Peut-être le dira-t-on plus tard lorsque cela aura eu beaucoup de bonnes et bienfaisantes conséquences. Ou peut-être que sa décision sera plus tard un exemple qui illustrera le fait que le Saint-Esprit n’est pas automatiquement en jeu lorsque des personnes disent quelque chose de surprenant qui suscite l’enthousiasme. Enthousiasme ne signifie pas toujours don de l’Esprit. Il n’est pas toujours facile de juger spontanément si le Saint-Esprit est derrière une action. Même la raison pleine d’Esprit n’aide pas toujours à discerner cela.

Chers amis, la Sainte force de l’Esprit opère beaucoup dans le vaste monde. Et dans les paroisses. Et dans le contexte personnel. Souvent, l’action de l’Esprit n’est pas spectaculaire vue de l’extérieur, mais cependant tout à fait essentielle, comme en témoigne l’illustration suivante :
Un enfant se réveille la nuit. Il fait sombre, il n’arrive pas à voir ni à distinguer quelque chose. Il appelle ses parents ou allume lui-même la lumière. Son absence d’orientation cesse donc lorsqu’il sent la proximité ou qu’il voit la lumière. Et il se rendort rassuré. C’est exactement de cette manière qu’opère le Saint-Esprit : l’être humain a besoin de la proximité et de la lumière du Saint-Esprit afin qu’il soit rassuré. Souvent de manière discrète, mais utile pour la vie. Nécessaire pour la vie.
Chers amis, la Sainte force de l’Esprit est l’esprit du don. Qu’elle puisse vous accorder ce que vous espérez pouvoir obtenir en termes de réalisation et de guérison. Qu’elle puisse donner à nos paroisses ce dont elles ont besoin en termes d’enthousiasme, d’espérance et de vivacité.
Puisse-t-elle accorder au monde de la politique ce qui conduit à de nouvelles initiatives respectueuses des droits humains et de la création.
Et puisse-t-elle nous accorder à tous l’ouverture, l’attention et la clairvoyance nécessaires. C’est ainsi: nous avons besoin de la Sainte force de l’Esprit au 21e siècle plus que jamais.

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