Chers frères et soeurs en Christ!
Le sermon d’aujourd’hui s’inspire de l’évangile de Jean, au chapitre 3 verset 8: “Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit.” Amen.
Lors de jours de fête, il arrive que les radios et télévisions diffusent des interviews de passants auxquels on demande s’ils savent ce qu’on fête ce jour-là (interrogés sur le sens de ces fêtes).
Pentecôte est une des fêtes dont la signification est la moins connue du grand public. Bien souvent, la réponse est que le lundi qui suit est un jour de congé! Le lundi de Pentecôte souligne l‘importance de cette fête, car comme Noël et Pâques, la Pentecôte est aussi suivie d‘un jour de congé.
Beaucoup savent ce que signifie Noël et Pâques mais quid de Pentecôte? Hum... quelque chose à voir avec l‘Esprit? Selon le Catéchisme de Heidelberg, “Le Saint-Esprit m’est donné... pour qu’il me console et qu’il demeurera auprès de moi pour l’éternité.” Cette réponse évoque spontanément en moi l’image standard de l’ange gardien de notre éducation chrétienne.
Nous disons souvent aux enfants qu’un ange les protège et les regarde. De même pour nous les adultes. Sur la base de l’Ecriture, les Réformateurs en étaient convaincus. Par exemple, Bullinger a prêché que les anges veillent sur notre salut et s’occupent de nous.
On pourrait donc dire que le Saint-Esprit s’apparente à une sorte d’ange gardien, une force qui nous protège, une main qui nous soutient, une lumière qui nous réconforte et nous montre le chemin…
Nous avons entendu dans la lecture que lors de la première Pentecôte, tous les croyants reçurent le Saint-Esprit. De même aujourd’hui, tous ceux qui sont baptisés reçoivent l’Esprit saint, cette puissance, cette protection qui anime tous les chrétiens. Lors de notre baptême, l’Esprit saint a donc été donné à chacun d’entre nous. C’est le signe d’une grande miséricorde!
Chaque enfant chrétien reçoit le Saint-Esprit, reçoit un vrai ange gardien, et doit savoir que quelqu’un le garde et le protège, en tout lieu à travers le monde et en tout temps et en toutes circonstances, favorables ou difficiles...
Pourtant, il nous est impossible de capturer l’Esprit saint. Nous ne pourrions l’enfermer, même si nous le voulions. Bien des fois, l’Eglise chrétienne a tenté de démontrer qu’elle est la seule dépositaire de l’Esprit saint et qu’elle seule le détenait.
De cette façon, l’Eglise a provoqué bien des souffrances et des tourments. L’histoire de l’Eglise est une longue série de tragédies provoquées par les rivalités entre les différentes confessions, même lors de la Réforme.
Pourtant, notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ nous a avertis des dangers de la tentation d’intolérance qui ferait de nous les dépositaires exclusifs de l’Esprit saint en disant “L’Esprit souffle où il veut, tu entends son souffle mais tu sais ni d’où il vient, ni où il va.”
Chères sœurs et chers frères,
Que ces paroles sont apaisantes, libératrices et consolantes! L’Esprit saint déversé sur les croyants n’est conditionné ni par nos dogmes, traditions ou désirs. L’Esprit saint, tout comme Dieu, n’est pas manipulable. Libre à lui d’agir là où il veut. Nul ne sait d’où il vient et où il va.
Pourtant, nous devons comprendre qu’il oeuvre en ceux qui écoutent la parole de Dieu, à savoir une parole inspirée par l’Esprit saint, une parole agissant puissamment en toute diversité et ouverture.
En tant qu’église et en tant que croyant nous devons garder à l’esprit que l’Esprit saint souffle comme il veut et touche qui il veut.
Zwingli a toujours souligné que l’Esprit saint n’est pas à notre disposition, ni à notre service, et que nous n’avons aucune garantie que l’Esprit saint opère dans notre église de la manière que nous le voulons. Non, il souffle où il veut. C’est Dieu qui décide qui il touche. La foi est un don du Saint-Esprit.
Pour moi, c’est un soulagement de savoir que je ne porte pas le monde entier sur mes épaules. L’Esprit saint œuvre ici et ailleurs, là où je ne m’y attends sûrement pas. Je pense aux églises et aux individus qui ont été persécutés au temps de la Réforme, par exemple les humanistes en Italie et les baptistes à Zurich.
C’est l’Esprit saint lui-même qui fait en sorte qu’il existe une diversité de compréhension de la foi et une diversité d’expression de la foi. Parce que l’Esprit de Dieu ne peut être contrôlé, il souffle où il veut.
La reconnaissance de ce principe fondamental nous rend plus modestes dans nos jugements, plus ouverts envers d’autres traditions, et surtout, plus chrétiens dans la gestion des affaires de nos églises.
Calvin a écrit que le Saint-Esprit fait de nous de nouvelles créatures. En habitant en nous, il nous fait sentir la vertu de notre Seigneur Jésus. L’Esprit saint emplit ses nouvelles créatures de la puissance divine et en fait des instruments de paix, d’amour, de pardon qui cherchent le bien-être de leur prochain.
Oui, 2000 ans depuis la première Pentecôte, 500 ans depuis la Réforme, le jour du Saint-Esprit nourrit une nouvelle vision de ce monde. La Pentecôte ouvre de nouveaux chemins pour notre vivre-ensemble. En toute humilité, nous affirmons que la Pentecôte ouvre la porte de la sanctification dans ce monde, et qui sait, au Paradis.
Amen.
Culte de Pentecôte transmis en direct de l’Eglise évangélique réformée de Ilanz (Grisons)
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