«A child is born», une veillée de Noël jazz

©Alexandra Urfer Jungen

Écouter le culte :

Quand on me demande : « C’est quoi Noël pour toi ? » Il me vient une image de mon enfance, des odeurs, des musiques – celles que je vous ai évoquées tout à l’heure. Une sorte d’image d’Épinal de Noël, qu’on trimballe d’année en année, tout en s’en éloignant. D’où peut-être une certaine mélancolie qui vient avec Noël, parce qu’on sait qu’on ne va pas retourner dans le Noël de notre enfance. Mais le désir reste là, et on essaie de le retrouver quand même en mettant un sapin, en achetant des cadeaux, en organisant un repas en famille… Il y aura toujours une certaine tension entre mon Noël rêvé et notre Noël réel – celui qui est là, maintenant, en 2020. Chaque année, nous devons comme réinventer Noël.

En ce qui me concerne, ce Noël-ci de 2020 a reçu un éclairage particulier grâce à la question d’une dame, la semaine passée, qui m’a demandé, un brin désabusée : « Mais où est Noël ? Dites-moi, où est Noël ? » Et elle m’a parlé des repas copieux qui ne s’accordent pas avec la simplicité de la crèche ni avec toutes les souffrances dans le monde. On a bien sûr parlé aussi de corona et des contraintes tellement difficiles à supporter qui vont avec. Oui, si à Noël nous fêtons la venue de Dieu dans notre monde, son incarnation dans notre humanité, eh bien, où est Dieu en ce jour de Noël ? Où est-il pour nous sauver ?

En y réfléchissant et en comparant notre époque avec celle qui a vu la naissance de Jésus il y a 2000 ans, une chose me saute aux yeux. Au premier Noël, ça n’était pas plus Noël qu’aujourd’hui : une femme enceinte, près d’accoucher, est jetée sur la route à cause d’un décret de César. Elle et Joseph sont refoulés en cherchant à se loger dans une auberge. À peine installés dans une étable, Joseph et Marie doivent s’enfuir avec le bébé Jésus et deviennent des réfugiés pour échapper aux massacres du roi Hérode.

Non, le premier Noël n’était pas un Noël comme on le voudrait, c’était plutôt une improvisation de chaque instant. Oui, Marie et Joseph improvisent pour permettre à leur bébé de naître au milieu de ces menaces et ces contraintes. Jetés sur la route, refoulés, menacés. Naissance dans une étable.

Cette histoire de Noël, pourrait-elle nous servir de signe ? Un signe, une aide pour comprendre l’incarnation de Dieu dans notre histoire, sa présence au milieu de nous ?

Cette histoire de Noël nous permettrait-elle de comprendre que Dieu vient aujourd’hui en 2020 comme au premier Noël, au milieu de nos journées, avec leurs lots de contraintes, de peurs et de menaces ?

Dieu viendrait donc là où on lui laisse un moment dans nos journées pour y « crécher » ?

Dans l’improvisation ?

Et l’histoire de Noël me fait encore penser autre chose : Jésus, à peine né, est déjà emmené par ses parents, le temps presse, et la crèche est déjà vide. À l’image de Jésus qui ne s’est pas installé dans sa crèche, je pense que Dieu non plus ne s’installe pas dans nos vies. Mais il est là, ce Dieu avec nous, Emmanuel, comme à Bethlehem, le temps d’une rencontre qui illumine une nuit, en toute modestie, nous invitant à improviser.

Un célèbre thème de jazz, «A child is born», sera l’occasion ce soir d’évoquer une caractéristique de la fête de Noël cette année, mais aussi il y a 2000 ans : l'improvisation! Repris dans différents styles tout au long de la célébration, le morceau fera écho à cette naissance inattendue, qui a surpris à toutes les époques.

Détails

Avec la participation de
Philippe Poget pour les lectures
Orgue
Daniel Chappuis
Musique
Christian Gavillet au chant et à la clarinette, Denis Maffli à la guitare et Marcel Maffli à la contrebasse